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Sceptique
9 septembre 2008

Le paradoxe de la médecine

Un sondage vient d'être publié. Il concerne les médecins et la politique de santé menée par leur Ministre, Madame Roselyne Bachelot, et le Gouvernement de François Fillon (nommé par le Président Nicolas Sarkozy). Les résultats de ce sondage présentent un grand intérêt en raison... de leurs contradictions! Les médecins sont majoritairement optimistes quant à leur présent et à leur avenir. Ils le sont même suffisamment pour encourager leurs enfants à entrer à leur tour dans la profession. Cet optimisme tranche avec la morosité très compréhensible affichée par les français, qui savent que la crise mondiale frappera durement la France parce qu'elle n'a pas eu le temps de s'y préparer. Mais l'optimisme des médecins ne repose pas sur le sentiment qu'ils sont mieux traités par leur Ministre et l'État qu'elle représente, que les autres professions. Au contraire, ils aimeraient bien brûler ceux qu'ils ont adorés (pas longtemps!). Car au nom des comptes de l'assurance maladie, de ceux des hôpitaux gravement déficitaires, de l'emballement inexorable des dépenses de santé, Madame la Ministre serre les cordons de la bourse, relève ses exigences, et, faute de consensus, envisage d'obtenir par la contrainte ce que les professions de santé lui refusent. Bref, nous retrouvons la situation qui fut celle de la Santé quelques années à peine après la création de la Sécurité Sociale: la Santé est une affaire trop sérieuse pour être confiée aux médecins! Et encore moins aux malades et à leurs représentants désignés par les législateurs de 1945. En soixante d'histoire des conflits entre les professions de santé et les caisses d'assurance maladie, rapidement pris en charge par le pouvoir politique, il me semble que cet optimisme affiché par les médecins (seulement par les médecins, d'ailleurs), est à examiner de près. Quel est le paramètre qui a changé, et bouleversé le résultat de l'équation à quatre variables? La démographie médicale! Les médecins étant les "ordonnateurs" des dépenses, la solvabilité des malades permise par la création de la Sécurité Sociale a exercé une pression sur les vocations médicales et para-médicales de toutes sortes, permettant que l'offre suive une demande de soins, qui à son tour, découvre les possibilités d'une science en perpétuel progrès, de ses connaissances et de ses techniques. Affolés, les politiques appelés à arbitrer entre la pression inflationiste des dépenses et la constante insuffisance des recettes, ont fini par céder à la tentation malthusianiste: d'abord moins de belles et chères machines. Ensuite, moins de vilains et chers médecins. Sans pénurie de l'offre de soins, point de salut. Il fallait beaucoup de patience. Entre la source et l'embouchure du fleuve, le parcours du fluide dure près de dix ans, en moyenne. Mais voilà, on y est arrivé, à réduire le nombre de praticiens, de spécialistes, et cerise sur la gâteau, à les écoeurer de faire ce métier. Mais outre qu'ils sont devenus globalement hargneux, les plus audacieux se sont affranchis des contraintes et ont appliqué les règles du marché: ce qui est rare est cher. Quelques Don Quichotte assoiffés de justice ne les ont pas troublés. Depuis 2002 la politique essaie de lutter sur les deux fronts, celui de la médecine à deux vitesses, celui de la dérive continue des dépenses de santé. Rétablir l'attractivité de la médecine conventionnée, former plus de médecins pour combler le déficit démographique, rationaliser les dépenses de la médecine de ville et de la médecine hospitalière, sans carottes, et sans bâton, tel est le programme imposé. La situation d'aujourd'hui se complique par la crise économique et financière qui freine la croissance, sur laquelle le gouvernement comptait tant, et qui ne sera pas au rendez-vous. Mais pour le moment, les médecins ne s'en alarment pas, leurs carnets de rendez-vous se remplissent aisément, et ils savent que le gouvernement ne retombera pas dans les errements des précédents (qui n'ont pas changé d'idées, mais qui sont encore loin du pouvoir). Cependant, je ne suis pas sûr que, d'une manière ou d'une autre, cette crise ne les rattrapera pas. Sceptique
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