Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Sceptique
26 septembre 2008

Il y a nationalisations et nationalisations...

Les opérations de sauvetage des sociétés menacées de faillite par la crise des subprimes et le krach de Wall Street, par l'administration américaine, consistent en injections massives d'argent public, inscrites comme prises de participation et faisant "de facto" de l'État Fédéral un actionnaire de l'entreprise renflouée. Actionnaire au poids conséquent, auquel le management devra rendre compte de sa gestion. Mais actionnaire pressé de récupérer sa mise, dès que possible. Sans doute parce que nous n'avons pas d'autres mots, nos commentateurs francophones nomment ces sauvetages "nationalisations", terme qui a une signification bien particulière dans notre vocabulaire. Nationalisation est un terme marxiste qui signifie "appropriation par la nation des moyens de production", qui inclut ceux du financement. Dans notre histoire, les nationalisations n'ont rien eu à voir avec un sauvetage, mais ont résulté d'une décision politique inspirée par la pensée économique marxiste. La première vague* s'est faite en 1945, à l'issue d'une guerre qui avait permis au Parti Communiste Français de se donner un beau rôle, le meilleur, même, de son point de vue. Non seulement le principe des nationalisations lui fut accordé, mais l'établissement des nouveaux statuts des entreprises nationalisées lui fut confié en exclusivité. En 1981, le Parti Socialiste et son candidat à la Présidence de la République, François Mitterand, ne pouvaient se passer de l'apport des voix communistes, et s'étaient donc engagés à nationaliser les entreprises qui étaient nées et avaient prospéré pendant les trente-cinq ans de liberté d'entreprendre, dans la partie de l'Europe maintenue sous la protection des États-Unis. Les nationalisations de 1981 ne résultaient d'aucune nécessité autre que politique et dogmatique. Elles furent transformées en fromages pour copains et tirelires pour amis. Quelques bons scandales les éclaboussèrent avant même la fin des années Mitterand. Cette dérive fit que la privatisation de ce cru 1981 de nationalisations fut bien acceptée par l'opinion et peu contestée par ses personnels. Elle se fit dans un contexte économique favorable qui assura des plus values à l'État. Si la nationalisation "à la française" comporte ce point faible qui est celui de nos vertus, résidu de notre lointain passé féodal, le soutien politique à l'activité économique, qu'elle soit en difficulté, ou qu'elle ait besoin d'une aide au développement, porte, à droite, la marque de l'usage royal. L'argent public est DONNÉ, soit sous forme de subventions, soit sous forme de réductions de charges, compensées par l'État auprès des organismes créanciers. Par une sorte de pudeur, ou de dégoût de se commettre dans le négoce, par phobie, peut-être aussi, de se voir brocarder par les médias de l'opposition de gauche, le pouvoir de droite ne réclame jamais le remboursement de l'argent public qui a servi à sauver ou à pousser une entreprise privée ou une activité naissante. Lorsqu'il dut amender son programme économique, François Mitterand employa l'expression "ni, ni". Ni nationalisations (nouvelles), ni privatisations (retour à l'avant 1981). Le "ni, ni" est il si mitterandien qu'on le dit? Au regard du pragmatisme américain, il semble bien que nous respectons tous ce principe, en inversant seulement les termes de la formule. Un changement de doctrine, le principe d'un remboursement, valorisé par le succès de l'entreprise, des aides consenties par l'État, pourrait faire partie d'une nouvelle culture économique française. Sus à l'assistanat, non? Sceptique * La nationalisation de la SNCF date de la fin du Font Populaire (1938). L'État était déjà actionnaire majoritaire de la société d'économie mixte qui avait unifié les différents réseaux. La nationalisation fut donc "dogmatique".
Publicité
Publicité
Commentaires
Sceptique
Publicité
Archives
Derniers commentaires
Publicité