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Sceptique
28 septembre 2008

Le quatrième pouvoir

J'assistais hier à une réunion politique en présence du député de ma circonscription. On en était au stade des questions. La démocratie participative n'est pas l'exclusivité d'un parti! Un citoyen électeur (et vice versa) prit la parole pour dénoncer des parlementaires qui ne jouaient pas le jeu de la discipline de parti et se répandaient dans les médias pour critiquer le programme de leur formation. Sa colère était tellement vive qu'il pensait ne pas renouveler son propre engagement. À quoi bon adhérer à un parti dénigré par des élus qui lui doivent leur siège? Le député lui répondit en substance ceci: "les journalistes cherchent les contestataires. Les bien-pensants (par rapport à une formation donnée) ne les intéressent pas." Coincidence, je découvre le soir même sur un site "think tank" que j'apprécie beaucoup et que je recommande (moderne.canalblog.com), l'ouverture d'un débat sur le thème "Journalisme (et justice)" Le débat s'ouvre sur une citation:" le devoir d'un journaliste n'est pas de défendre la justice, mais la vérité." La qualité des ingrédients avant le produit fini. Oui, mais qu'est-ce que la vérité? Existe-elle? Est-elle accessible? Peut-elle échapper au choix, qui extrait une vérité faisant du reste l'erreur? Peut-elle se distinguer de la mauvaise* foi? Nous avons l'avantage de vivre en démocratie, et elle ne nous rend pas heureux, comme cet homme qui se désole d'entendre contester "sa" vérité par quelqu'un présumé de "son" bord. L'observation de la vie politique d'une démocratie (la nôtre est à notre disposition quotidienne) montre la diversité des interprétations d'un même événement, d'un même discours. On ne mesure pas l'absurdité, "incontournable", du gouvernement de la majorité, l'opposition détenant une vérité de toute évidence, pour elle, plus vraie que celle que défend et accomplit la majorité. Il est plus que fréquent d'entendre des personnalités se trouvant dans l'opposition contester le principe même de la légitimité de la majorité. Les journalistes se retrouvent-ils dans ce maquis inextricable, et, s'ils le veulent, peuvent-ils en extraire la Vérité? Existe-elle indépendamment d'eux mêmes ou de l'organe de presse, la chaîne de télévision qui les emploie? La Vérité, non. Elle n'existe pas**. Si LA vérité était l'accomplissement du travail du journaliste, le pluralisme de l'information ne serait pas indispensable aux démocraties. Et aucune ne pourrait convenir aux dictatures. Or, en fait, elles n'ont aucun mal à recruter des flatteurs patentés***. Il faut être optimiste. La montagne de mauvaise foi finit toujours par accoucher d'une petite vérité, grain de sable dans une imposante machinerie de mensonges ou de silences. Comme souvent il s'agit d'un crime non réparable, la Justice n'y trouve pas son compte. Sceptique * "Il n'y a qu'une foi, la mauvaise." Jean-Paul Sartre (l'Être et le Néant) ** "Il faut suivre ceux qui cherchent la Vérité, et fuir ceux qui disent l'avoir trouvée" (auteur inconnu...de moi) *** En Mai 1968, la grève subite des journalistes de l'unique ORTF, et leur licenciement immédiat par leur Ministre, révéla la souffrance de ces hommes réduits à la flagornerie appointée. Un sous-fifre, de bonne conscience professionnelle, sinon de talent, les remplaça, puis disparut après la fin de la crise. Trop, c'était trop!
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