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Sceptique
4 octobre 2008

Crise financière et théologie de la punition

C'est une tendance lourde de toutes les religions monothéistes, et elle n'est pas dépourvue de logique et de cohérence avec leur socle commun. Le malheur individuel est la sanction d'une faute individuelle, mais comme elle est souvent impossible à prouver, son correctif est la mise à l'épreuve de la foi de la personne frappée. Le malheur collectif est la sanction d'une faute collective. Là encore, dans l'ignorance du reproche précis fait par la divinité, l'enquête diligentée par ses représentants cherche à cibler les vrais coupables. Ceux auxquels profitaient la faute, pour commencer. Les badauds amusés qui assistaient au hold-up sans rien dire, ensuite. À bien y regarder, je ne vois pas de réelle différence des réactions d'un côté de l'Atlantique à l'autre. La culture américaine, dominée par le mode de penser protestant, plus tolérant envers la réussite sociale, n'en est pas moins sévère si la dite réussite se révèle tout d'un coup reposer sur une esbrouffe. Ce modèle de sensibilité explique la difficulté à accepter le plan global de sauvetage du monde de la finance par l'administration fédérale, trop pragmatique pour faire la distinction entre bons et méchants, entre coupables et innocents. On ne doit pas revenir sur le "vae victis" divin, protestent les purs. Qui aurait pu penser que G.W.Bush, qui se voyait, il y a quelques années, à la tête du Nouveau Peuple Élu, se renierait plus que trois fois, par réalisme? Et de ce côté-ci de l'Atlantique, dans notre France, fille aînée, tentée par l'ingratitude, de l'Église, comment voit-on les choses? Les pigeons-managers qui ont investi l'argent de leurs clients dans les titres pourris offerts par une finance américaine qui en jetait, sont bien sûr amicalement priés de s'éclipser. Mais à ceux qui ont beaucoup péché, il sera beaucoup pardonné. C'est un principe. Venir au secours des établissements vacillants, pour éviter leur écroulement, pose beaucoup moins de problèmes de conscience. Cela fait longtemps que notre État a pris la relève d'une providence chroniquement aux abonnés absents. Dans cette circonstance exceptionnelle, la décision de circonscrire l'incendie est sage. Qu'il ait ou non les moyens de le faire est une question "tabou". C'est pourquoi, dans notre pays, la morale pure et dure fait partie de la tâche de l'opposition. Les "anges dans nos campagnes", c'est elle, maintenant. Chacun son tour! Le délit de non-dénonciation de malfaiteurs est le chef d'inculpation principal attribué à la majorité au pouvoir. Il s'y cache, "a priori", des complices. Elle exige qu'on les découvre. Au delà de ce stade de moralisation, de justice terrestre pour les fautifs, elle exige le retour à la gestion étatique de l'économie en général, de la finance en particulier. Plus (privatif) de liberté pour les profiteurs de la liberté. Sceptique
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