Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Sceptique
18 octobre 2008

Pascal Bruckner: une défense de la démocratie

"Les démocraties, parce qu'elles tirent leur énergie de l'autocritique permanente, disposent de ressources insoupçonnables et invisibles." Telle est la phrase clef (selon moi) de l'article intitulé "L'inévitable métamorphose", de Pascal Bruckner, publié en pages "débats" par le Monde du 16 Octobre. Bien sûr, pour qu'il y ait autocritique, il faut qu'il y ait eu une dérive critiquable. Et ces dérives, celles d'aujourd'hui, politique( oeuvre de G.W.Bush) et financière, "anonyme", mais bénie par l'exécutif américain, entrent dans la catégorie universelle, car humaine, des abus de pouvoir. Pour l'auteur, les crises politique et financière (en attendant la probable crise économique) sont la conséquence de l'effondrement du communisme, qui, contestant et menaçant explicitement les valeurs démocratiques, tant dans leur application économique que politique, obligeait les démocraties à respecter leurs propres valeurs pour maintenir leur crédibilité. Sur ce point, je pense que Pascal Bruckner est très indulgent. L'invariant humain était à l'oeuvre en Occident pendant toute la durée de la guerre froide. Mais au niveau des coups fourrés principalement. Nous n'avions pas de Goulag. Les hommes qui défendent la démocratie sont des hommes comme les autres. Ils ont usé de la violence en état de légitime défense, et face à l'adversaire devenu religieux, ils continuent. C'est pourquoi je préfère ne pas simplifier la crise de l'Occident en la considérant comme un effet "gravitationnel" ou "physique" (la nature a horreur du vide"). L'immoralité, la suffisance, la prétention, l'auto-proclamation d'une mission divine, des conservateurs américains, c'est du déjà vu dans l'histoire du monde depuis quelques millénaires (plus de deux, sûrement), mais c'est quand même signé. Il n'y a pas de désir collectif, d'action concertée ET anonyme. Cependant, cela reste humain, et ce n'est pas la peine de nous couvrir la tête de cendres, de nous flageller. Nous(les occidentaux*) avons abusé de notre force, de notre avance technologique. Nous sommes passés d'un siècle à un autre du statut d'envahis à celui d'envahisseurs. Il n'y a qu'à notre époque que certains rêvent d'une histoire fixiste et d'une pureté angélique. La réactivation par Bush et ses partisans de ce rêve de croisade, d'une conversion forcée du monde au modèle démocratique, a sûrement bénéficié au début d'un rapport de forces favorable, et de la caution d'un Occident horrifié par les attentats du 11 Septembre 2001. Mais le coup d'arrêt à la fois militaire (résistance des pays musulmans) et économique (désastre financier précédant un ralentissement majeur de l'économie) n'est pas un désaveu de nos valeurs fondamentales, élaborées pour combattre nos tendances primitives. Quant à l'économie de marché, corollaire de la liberté politique, rien de ce qui vient de se passer ne la disqualifie. Il ne peut être question d'une punition, méritée, dont l'application serait confiée au monde qui nous entoure et qui nous hait, par une "instance" idéologique ou surnaturelle. La défense de nos libertés n'a rien perdu de son actualité et de sa légitimité. Sceptique * Comme bien d'autres, bien avant nous.
Publicité
Publicité
Commentaires
Sceptique
Publicité
Archives
Derniers commentaires
Publicité