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Sceptique
21 octobre 2008

Les décisions des États sont des "actions de guerre"

Pour enrayer le désastre annoncé, pour éviter la panique, ou la misère aux plus faibles, dont le nombre peut exploser, tous les États concernés par la crise financière et économique qui frappe le système occidental, ont pris des mesures qui ne figuraient, ni dans leur philosophie, ni dans leur programme de gouvernement. Comme nous sommes en démocratie, comme la liberté d'expression est garantie, il ne manque pas de volontaires pour se faire sots ou sottes, et renforcer les effectifs qui font carrière dans ce rôle. Ils pointent ce que les États faisaient, ce que leurs chefs disaient, AVANT la crise, et mettent en relief leurs contradictions. D'autres, et cela rassure, rappellent que, si l'homme fait des bêtises, l'intelligence et la charité bien ordonnée se coalisent pour réparer au plus vite et au mieux les dites bêtises. Et, pour ce faire, elles n'hésitent pas à rompre avec leurs principes. Dans le "Monde" du Lundi 20 Octobre, Pierre-Antoine Delhommais, qui a pris la succession d'Éric Le Boucher à la rédaction de la chronique économique, n'excuse nullement les banquiers et leur incapacité à bien gérer les risques, mais rappelle que les principaux clients des banques ne sont pas les particuliers et les entreprises, mais les États eux-mêmes, c'est à dire nous tous, citoyens d'un État responsable de notre présent et de notre avenir. Les actions des États ne sont pas des revanches, mais des actes de sauvetage de leur propre coffre-fort, qui doit rester plein, et à sa place. Elles ne signifient pas un virage idéologique, mais une mise entre parenthèses des grands principes pour sauver les bailleurs de fonds. Le chroniqueur du Monde les qualifie "d'actions de guerre", circonstancielles et visant à la victoire. Je partage volontiers ce vocabulaire. La plupart des commentateurs ont parlé de nationalisations. "Elles", si on s'autorise à les nommer ainsi, n'ont rien d'idéologique et sont d'avance réversibles, avec bénéfice. Le sauvetage ne sera pas mégoté, mais il ne sera pas gratuit. Les États ont été responsables en agissant de cette manière. Je préfère dire que c'est le primat de la politique qui s'est affirmé, en arbitrant, en transfusant les banques exsangues, en faisant limoger les patrons imprudents. Dès que le malade sera sorti du service de réanimation, dès qu'il aura achevé sa convalescence, il retrouvera son indépendance, sa liberté de gestion. Les sauveteurs recevront leurs honoraires. "Faites-nous de bonnes finances, nous vous ferons une bonne politique" peuvent dire aux responsables de l'économie, les états démocratiques, inversant une demande exprimée par le baron Louis, un Ministre des Finances de la Restauration. Les deux formes sont bonnes. Politique et économie sont étroitement liées dans les sociétés modernes. Mais elle ont un lien hiérarchisé. La Politique dispose du dernier mot, de l'ultime responsabilité*. Sceptique * La politique dispose du pouvoir de mettre à mal l'économie. Elle répond de ses erreurs (en démocratie).
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Commentaires
Y
Vous avez raison de pointer l'analogie avec la prise en charge d'une blessure grave et urgente. <br /> Le soin médical est coiffé par le principe "primum non nocere", ce qui n'est pas le cas des autres "actions de guerre". <br /> Mais, en l'occurrence, il s'agit de limiter les pertes, de maintenir les effectifs en état de combattre, et le "Service de Santé" a sa place!
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P
L'analogie avec la santé et la maladie peut en effet être éclairante: un homme en bonne santé peut tomber malade et devoir prendre pour un temps des médicaments. Reste à savoir si elle est fondée.
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Sceptique
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