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Sceptique
1 novembre 2008

La faillite de la CAMIF, les syndicats, l'État

La CAMIF était un groupement d'achats(au prix de production) et de revente à un prix devant être intéressant à une clientèle particulière, les instituteurs*. Son fonctionnement consistait, soit à mettre en rapport un sociétaire et le fournisseur de l'objet demandé, à des conditions de vente consenties à l'acheteur, soit comme entreprise de VPC, puisant dans ses magasins les marchandises commandées pour les expédier. La clientèle était exclusive (seuls les sociétaires recevaient le catalogue) mais pas captive (les mêmes pouvaient faire des comparaisons et faire leurs achats ailleurs). Pour que le système puisse vivre, probablement sans grand souci de productivité, concept éminemment capitaliste, il fallait que l'organisation prélève une part suffisante sur la revente des marchandises, ce qui s'appelle ailleurs un bénéfice. Le prix de vente n'était donc jamais loin du prix moyen pratiqué sur le marché. Souvent plus élevé que celui des promotions que pouvaient organiser ponctuellement les grands commerces. À ce jeu là, dans ce contexte de concurrence "sauvage", la CAMIF a commencé à perdre de l'argent, à faire des dettes, il n'est pas difficile d'imaginer de quelles sortes. Elle en est arrivée à la cessation de paiement (de ses dettes). Même le dépôt de bilan ne suffisait plus. La liquidation judiciaire a été la sanction. La Loi est très dure pour les commerçants. "Mais pourquoi?" ai-je entendu dire par des employés jetés à la rue, "la situation n'était pas si grave que ça!" Et les syndicats de surenchérir: "que l'État paye!" Et Madame Royal de faire chorus: "vingt millions d'euros, ça suffira!" Il est vrai qu'au milieu des protestations, il y a eu une bonne idée: la reprise de l'entreprise par son personnel. Il y a quelques exemples de bons résultats. Mais ce n'est pas encore dans la culture de nos syndicats qui considèrent comme NORMAL qu'une entreprise perde de l'argent. Que la perte ne fait que venger(qui?) du bénéfice, forcément injuste, d'auparavant. Bénéfice injuste, perte juste, c'est le credo de la religion syndicale. Que les créanciers (et les actionnaires**) aillent se faire voir chez les grecs résume leur anathème. La reprise d'une entreprise défaillante par son personnel nécessite la volonté d'un noyau de cadres compétents, et l'assentiment et le sacrifice (de leurs indemnités de chômage) de presque tous les autres. Il en reste un certain nombre qui ne peut pas remonter dans le train. Il est difficile d'imaginer 900 salariés pratiquer cette discipline aux résultats incertains. La plupart ont beaucoup d'idées fausses sur le fonctionnement d'une entreprise et une intolérance de principe envers le sacrifice. La seule bonne idée de la candidate Ségolène Royal était l'affiliation obligatoire des salariés à un syndicat. Mesure qui impliquerait une redéfinition du statut des syndicats, devenant responsables*** de l'usage de ces ressources, qui n'auraient d'autre garantie que ce bon usage, justement. Il ne s'agirait plus d'envoyer les affiliés à l'assaut de l'entreprise et de se laver les mains du désastre qui suit. Et parmi le bon usage des ressources des syndicats, il y aurait l'assistance financière et technique à la reprise d'une entreprise en faillite par son personnel volontaire. En acceptant les dogmes d'une autre religion: une entreprise n'a pas vocation à perdre de l'argent, mais à en gagner. À payer ses fournisseurs, ses impôts, ses cotisations sociales, et non à les mettre sous le coude. Sceptique *Le nombre des instituteurs étant insuffisant, les autres fonctionnaires étaient les bienvenus ** À ma connaissance, il n'y a pas d'actionnaires à la CAMIF. *** Cette question cruciale de la responsabilité est le principal obstacle: les dirigeants syndicaux (dits abusivement "responsables") n'en veulent pas parce qu'ils savent bien quel saut idéologique ils devraient accomplir et faire accomplir par leurs mandants. Ils rejoignent ainsi le patronat, qui préfère le "statu quo" . Dans le privé, les syndicats ne peuvent être que faibles, puisque casser la baraque est leur ultime proposition. Dans le public ils sont forts parce que la baraque est la nation entière est qu'elle ne peut pas casser complètement. Le pouvoir politique intervient et paye la note quand la population demande grâce.
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