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Sceptique
7 novembre 2008

Religions "chaudes", relations chaleureuses: est-ce possible?

Dans les pages "Débats" du Monde daté du 5 Novembre 2008, Monsieur Abdennour Bidar, Professeur de Philosophie, émet un voeu à propos du Forum islamo-chrétien convoqué le 4 Novembre au Vatican par le Pape Benoît XVI. Ce dernier cherche à réparer les "gaffes" commises par lui-même en tant que "Préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi", chargée de la définition et de la défense de l'orthodoxie catholique, avant son élection au pontificat. Pour résumer, il avait souligné la supériorité du christianisme en matière de bons sentiments, de charité, de valeurs positives, laissant aux "autres" monothéismes les domaines de l'intolérance, de l'agressivité, défensive, conquérante, ou revendicative, fondées sur leur sentiment de Vérité absolue. Bien sûr, c'était dans l'intimité de la famille que ces propos étaient tenus, mais les religions ont leur C.I.A, et leurs "révisionistes" patentés. Vérité ou vérités, il y a des choses qui ne se disent pas, en particulier en Europe, où l'histoire a installé une cohabitation irréversible des trois monothéismes, de leurs schismes et de leurs variantes. Le voeu de Monsieur Abdennour Bidar était que les autorités religieuses rassemblées ne parlent pas doctrines, définitivement incompatibles, mais, tenant compte du tiédissement du sentiment religieux, "stricto sensu", en Europe, cherchent à définir en quoi elles pourraient améliorer le devenir de ce peuple composite, en matière de sens de la vie et d'éthique, sans plus imposer leur direction à leur conscience. Ce voeu est évidemment fondé sur le parcours personnel de son auteur et son aboutissement. J'en suis au même point, ce qui est pour moi, après plus de deux siècles de réfutation des religions, et un siècle de laïcité, tout à fait banal. Mais j'admire le courage de Monsieur Abdennour Bidar et de tous ceux qui ont suivi le même chemin, dont la religion d'origine n'a pas baissé les bras sur le terrain de la liberté de conscience. Son voeu est malheureusement vain. Si les "fidèles" sont intimement plus tièdes qu'ils ne le laissent paraître, les religions ne peuvent instituer le droit à la tiédeur. Elles forment une logique fermée, absolue, éternelle, non adaptable à la liberté*, telle que le monde laïque la conçoit. Toutes les religions luttent avec âpreté contre le tiédissement de la foi qui les justifie. Rien de ce qui fait Leur Vérité n'est négociable**. La paix entre elles est imposée par le milieu dans lequel elles sont plongées. Elles le voudraient qu'elles ne pourraient mobiliser les combattants nécessaires pour assurer le triomphe d'une Vérité championne sur un champ de bataille. Il faut se rappeler que loin de l'Europe, c'est encore possible. Sceptique *Le christianisme ne parle que de libre-arbitre, droit (et responsabilité) de ne pas suivre à la lettre les prescriptions de sa religion. La liberté n'est qu'une frontière, garantissant le libre exercice de la religion...qui s'accommoderait bien de l'interdiction des autres. **Je trouve toujours ridicules les appels au Pape à se montrer enfin tolérant aux évolutions de la vie humaine que sont la contraception, l'IVG, les pratiques de procréation assistée, et bien sûr, l'homosexualité. Il ne peut pas, sans ruiner la Vérité dont il s'est vu confier la destinée.
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Commentaires
E
Comme disait l'autre, "et pourtant elle tourne"...<br /> <br /> Cependant il n'est pas accessible par la pensée.<br /> Il est donc non seulement de peu intérêt de chercher à, mais impossible de, le découvrir par une pensée quelconque.<br /> Certains, comme tu l'évoques, sont effrayés par le vide, le n'avoir rien à faire.<br /> D'autre ne se rendent tout bonnement pas compte de ces non-espaces-non-temps fugitifs, de ces furtifs rien de tangible .<br /> <br /> Et, effectivement, il n'y a rien à attendre d'une non pensée.<br /> <br /> Dans la méditation, il n'y a rien à attendre. Comme je l'écrivais à quelqu'un qui me demandait "qu'est-ce que la médiation ?": <br /> = La méditation, c'est laisser advenir en toute liberté.<br /> <br /> Nous sommes tous des acteurs dans la tragi-comédie humaine. Et apprendre que, nous rendre compte en toute lucidité de ce que nous sommes en fait sujet, acteur de ces rôles qui ne sont que des rôles placés à leur juste place de rôles, nous laisse une liberté qui nous détache (sans être décollé ou "désincarnés" comme tu l'as formulé dans une précédente intervention) de croire que ces rôles sont notre seule réalité.
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S
Pour ma part, je n'ai jamais eu le sentiment que mon activité psychique cherchait à combler un vide angoissant, sauf précisément, dans les séances de psychanalyse où le sentiment d'obligation peut être complètement inhibiteur. Mais il s'agit alors d'une inhibition, d'un "trac". On est comme un acteur, chargé d'un rôle.<br /> Je n'attends donc rien d'une expérience de vide de ma pensée. Cela doit bien m'arriver, mais je ne m'en aperçois pas.
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E
Oui, tout à fait d'accord tout "le bataclan" réapparaît au réveil en sortant du sommeil. Et l’identification avec; nous-nous prenons pour ceci ou cela à quoi nous sommes habitués...<br /> Il est vrai aussi que des "casseroles" peuvent persister durablement lors de l’utilisation de techniques telles qu’auto-analyse ou méditation.<br /> Et je ne nie pas les vertus du « processus psychanalytique » tel que vous le décrivez avec justesse. Je ne dénigre pas la psychanalyse.<br /> <br /> Je dis simplement que nous avons tendance à vouloir combler ce qui nous paraît vide (entre deux pensées, lorsque rien ne se passe) en nous refixant sur des objectifications. En cherchant à combler ce qui paraît vide, par des sensations, des pensées, des perceptions, ou l’acquisition d’objets qui combleraient ce vide, au lieu de vivre ce « no man’s land » et de laisser éclore à neuf.<br /> Sur ce qui nous paraît vide : L’arrière fond sans forme, sans représentation, nous-nous empressons de plaquer des éléments d’objectification. Nous privant ainsi de l’opportunité de nous découvrir « nu », sans camouflage et de la possibilité de lâcher prise du fatras de nos représentations de nous-mêmes.<br /> Quand nous n'alimentons plus les identifications, les leurres, une décantation s’opère.
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S
Les utilités attribuées au sommeil paradoxal chez l'être humain sont spéculatives. Le sommeil paradoxal étant très général aux homéothermes, il est normal de le considérer comme indispensable à la vie (on peut le démontrer expérimentalement).<br /> Dans le contexte d'un "processus psychanalytique", les rêves acquièrent une fonction particulière, temporaire. <br /> Le sommeil profond s'accompagne d'une inactivité cérébrale, mais les informations stockées sont intactes et disponibles au réveil.<br /> Pour que le "processus psychanalytique" fonctionne, il faut être deux, dont un rompu au décryptage de l'inconscient. L'auto-analyse et la méditation laissent de côté beaucoup de "casseroles".
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E
Sceptique ami, bonjour. <br /> <br /> Nous voici donc, non pas à conclure mais à poursuivre ces échanges fructueux.<br /> <br /> Oui, Les rêves… <br /> Dormir est une des fonctions vitales nécessaires pour maintenir notre corps en vie. Des expériences scientifiquement organisées ont démontré que sans sommeil dit paradoxal, il n'y a pas pas de survie prolongée possible.<br /> J’ai entendu dire et ai cru comprendre que le sommeil avec rêves (que la personne s’en souvienne ou non) avaient pour fonction de redonner à la personne un équilibre suffisamment satisfaisant, en tâchant de rétablir le vécu et sa mise en mémoire globale (tant cérébrale que corporelle et émotionnelle) dans un niveau acceptable. <br /> Restant dans cette perspective de sommeil, je propose d'ouvrir la perspective sur la considération que lors du sommeil profond, il n’y a plus d’activité psychique. <br /> Donc plus de rêves. <br /> À ce que nous disent les savants qui explorent ces éléments par des expériences dans le contexte de concepts scientifiques, il demeure alors une linéarité de base où rien ne se passe.<br /> Je gage volontiers que c’est le reflet de ce que j’exprime lorsque je parle d’arrière fond.<br /> <br /> Là où la « technique » et surtout l’attitude psychanalytique se rejoignent avec « l’astuce » méditative, c’est dans cette mise en situation de laisser se dégorger les affects et favoriser que se donne à entendre le vrai du vivant parlant.<br /> Ce qui est « cadeau » pour l’analyste est élément de vitalité pour l’analysant et, "tout-ce-qui-n’a-pas-pu-se-dire » ou se vivre dans son économie, émerge ; en balbutiements au départ, en touches peu cohérentes à la façon impressionniste, en brouillon de ce qui se formulera en clair pour donner du sens dans un langage structuré et normatif. (Comme cela se passe, à mon avis, en ce qui concerne la génétique et sa possible expression langagière dans des contextes environnementaux historico-géographiques particuliers.)<br /> C’est du matériau qui va permettre qu’émerge un « je » autonome qui en arrive progressivement à se formuler et se dire en clair pour sa satisfaction et... celle d’autrui : il est toujours plus plaisant, facile et enrichissant, d’échanger quand les émetteurs et les récepteurs humains sont suffisamment « au clair » pour échanger en tant que sujets sans chercher à placer l’autre dans une situation d’objet.<br /> <br /> La disponibilité, l’écoute, qu’elle soit celle d’un praticien correct, qu’elle soit celle d’un « maître » vedantin véritable ou quelle soit celle du il-n’y-a-rien-de-tangible, rien-de-représentable, est de même nature.<br /> La copie blanche sur laquelle s’écrit la vie en pleins et déliés, en consonnes et voyelles, en est une image valable. Celle de l'écran où se projette le film de la vie en manifestation en est une autre qui ouvre à la perspective que j'exprime au fil de ces échanges.
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Sceptique
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