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Sceptique
12 novembre 2008

Sabotages ferroviaires: les chemins du fanatisme

Et un, et deux, et trois. L'efficacité, et la célébrité, dès le premier. Renouvelées au deuxième. Discrétion des enquêteurs, Silence gêné de la victime, la SNCF, dont l'image est plus qu'écornée, ainsi que la finance, car il faut payer, les billets, qui sont des contrats, les plateaux repas(périmés ou non), les chambres d'hôtel. En attendant les pertes de marchés, se posant la question de la fragilité du bel objet. Et toujours l'impunité, et une autre "gêne", un soupçon, claironné par les internautes qui commentent les faits: et si ces sabotages étaient le fait de cheminots gauchistes? Mais quelque part en France, dans les têtes des diaboliques inventeurs et utilisateurs d'ouvrages de ferronnerie conçus pour s'accrocher aux pantographes des TGV lancés à pleine vitesse, les images des galères subies par les bourges qui ont eu le culot de partir en week-end, passant en boucle sur tous les journaux télévisés, il a du y avoir ce flash jubilatoire:"On les a eus!" "On les a eus, on les aura!" "On a gagné, on gagnera!", "On remet ça, c'est trop bon!". Les commandos se dispersent vers les points cardinaux du réseau, se fixent un créneau horaire, et accrochent en professionnels leur bidule*. Ils ne restent pas sur place pour constater les résultats. La presse et la télé les donneront. La dimension de ce troisième acte lève tous les doutes du public: il s'agit de terrorisme sans meurtres, d'une action de guerre contre la société dans son ensemble. Le Ministère de l'intérieur, les forces de police et de gendarmerie, la section anti-terroriste du Parquet en savaient déjà beaucoup. Ils avaient en mains beaucoup d'éléments et complétaient activement leur faisceau de preuves. Ils tiendraient les membres du groupuscule. Le fanatisme, car il s'agit bien là de fanatisme, est une véritable transformation de l'esprit d'un individu. Elle peut être facilitée par le partage d'une idée, qui est forcément une révolte, un refus quelconque. Mais l'envahissement de la totalité de la pensée par l'idée en question, la mise hors service de tous les contrôles qui se réfèrent à la vie sociale et à ses lois, leur inversion, même, qui transforme les interdits en injonctions, se produit chez un individu, sans altérer en rien son identité et ses moyens intellectuels, mis au service des sentiments de légitimité et de toute puissance. Ceux qui ne peuvent pas opérer ce renversement, abolir leurs scrupules, prennent leurs distances, s'excluent de la préparation des passages à l'acte. À force de ne rien vouloir en savoir, ils ne savent rien. Pour une société, vaut-il mieux que le fanatisme, inévitable, reste le fait d'individus, ou de groupuscules? Un groupuscule est plus efficace, cet exemple le montre bien. Mais la nécessité de communiquer, de coordonner les actions, est son point faible. Les moyens modernes et le volontarisme des services de police mettent rapidement fin à l'aventure. Leurs échecs tiennent sûrement au fait que de soi-disant groupuscules sont des individus isolés. Sceptique * Le segment visé est-il en permanence sous tension? Ils ont, la preuve en a été établie, escaladé les pylones porteurs des caténaires. Mais il restait l'approche du fil nu.
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