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Sceptique
23 novembre 2008

Privatisation de La Poste: le chiffon rouge...

La Poste est un service public qui dispose d'une autonomie totale de gestion depuis plusieurs années. Cela veut dire qu'elle ne peut plus compter sur une ligne budgétaire ou une subvention d'équilibre pour apurer ses comptes. Elle n'est pas obligée de faire des bénéfices, mais n'a plus le droit de faire des pertes et de présenter la facture à l'État. Par contre elle ne dispose pas de la liberté de fixer les tarifs de ses services essentiels, comme le courrier ordinaire. C'est l'État qui autorise ou non l'ajustement du prix du timbre de la lettre de moins de 20 grammes, et, incidemment, des courriers ordinaires plus lourds. Pour toutes les autres catégories de services, La Poste fait ce qu'elle veut, en fonction de l'existence d'une concurrence ou non. Pour réaliser cette autonomie de gestion, La Poste ne peut plus, depuis longtemps, assurer le prestigieux service qui était le sien, avant: couverture par ses bureaux de tout le territoire, distribution le matin et l'après midi dans les villes, les jours ouvrés. Envers et contre ses personnels, elle a automatisé ses centres de tri, améliorant leur rendement et réduisant leur besoin de main d'oeuvre. Elle a réduit au minimum les tournées de distribution et négocié quelques marchés de publicités, avec intéressement des préposés. Enfin, dans la douleur des communes intéressées, elle a fermé beaucoup de bureaux insuffisamment sollicités, et cette action là, politiquement délicate, est loin d'être achevée dans l'esprit de ses gestionnaires. Quant à la distribution porte à porte, elle doit être, en milieu rural, même à son niveau de réduction, extrêmement onéreuse, et aberrante du point de vue écologique. De toute façon, les progrès de l'informatique et la diffusion de l'accès à l'internet haut-débit ont considérablement réduit les besoins en service postal. C'est la constatation que j'ai faite pour moi-même. MA fréquentation de MON bureau de poste, à la ville la plus proche, est devenue rare. Elle me donne toujours une impression de sympathique routine. Les postiers sont adorables, et les automates pour l'affranchissement à peu près toujours en panne*. Il faut alors faire la queue. Il n'y a pas beaucoup de monde, mais chacun a besoin d'autant de temps qu'avant car l'obsession de l'erreur est toujours aussi vive. Souvent, l'agent est obligé de refaire, à la main, les documents présentés par le client. La concurrence faite à La Poste existe déjà: la plupart des entreprises de VPC, le e-commerce, déposent les colis chez des commerçants qui ajoutent à leur activité réduite ce service. Il faut y passer, à l'occasion de ses courses, mais les retours en cas d'insatisfaction se font par le même intermédiaire, sans frais. Un service public n'éprouve par lui-même aucun souci de l'usager, aucune raison d'améliorer l'offre, et se satisfait de remplir correctement sa mission. Laquelle, dans l'esprit de ses agents, et des notables politiques locaux, est de fournir des emplois stables et les taxes afférentes. L'amélioration d'un service public ne peut résulter que d'une action politique, volontariste, ou réactionnelle au mécontentement des usagers, dès lors qu'il se fait entendre très bruyamment. En 1958 le gouvernement du Général De Gaulle trouva des PTT installés dans une arriération glorieuse. L'équipement téléphonique de la France était au dessous de tout. Les ingénieurs, considérant que le téléphone ne servait qu'aux femmes désoeuvrées et bavardes, ne voyaient aucune nécessité de faire plus. Il fallut quelques années d'efforts budgétaires et de volonté politique pour rattraper notre retard**. En 2011, le service postal de base sera ouvert à la concurrence, Europe oblige. La direction de La Poste sait que dans son état actuel, le service public ne pourra la soutenir. Il devra pouvoir investir dans une modernisation encore plus poussée du tri. L'apport d'argent frais ne pouvant venir de l'État, l'appel aux capitaux privés est indispensable. C'est une privatisation, hurlent les syndicats, qui annoncent l'arrêt, tout simplement, du service du courrier(à l'initiative de La Poste, pour gagner plus d'argent!!). Ce qu'ils sont prêts à anticiper par une grève exemplaire, peut-être? Effectivement, aucune gesticulation, aucune destruction, comme cela se pratique dans les arcanes de la presse écrite, n'empêchera les usagers de choisir un service postal pas plus cher et aussi efficace que La Poste. Les entreprises en ont déjà la possibilité et en usent. Olivier Besancenot aura beau ouvrir ses grands bras, il ne pourra empêcher les particuliers infidèles de passer en dessous. La nationalisation, chère à la gauche souverainiste, est vaine si elle ne s'accompagne pas de celle de la clientèle, donc d'une fermeture des frontières et d'une obligation d'achat. Sceptique * La maintenance de ces machines est assurée par un service de la poste à une échelle probablement départementale. Les bureaux n'ont qu'un droit d'alerte. Les pannes durent plusieurs jours (l'espacement de mes fréquentations ne me permet plus une évaluation précise). **Au début des années 1960, j'étais installé à la campagne. Ma profession étant prioritaire, je n'avais pas souffert des mêmes délais d'attente que ceux imposés à la clientèle ordinaire. Mais c'était encore le "manuel". Obtenir un numéro passait par une opératrice, et la sonnerie qui l'appelait durait de longues minutes. Un jour, je craquai, et quand la voix suave de l'opératrice posa la question:"quel numéro demandez-vous?" Je répondis:"Pas les pompiers, heureusement!". La jeune femme protesta de sa bonne volonté. Quelques mois plus tard, l'automatique arriva enfin.
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