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Sceptique
7 décembre 2008

La délinquance juvénile, une difficile question.

Dans notre pays, ce débat est pipé dès son démarrage. Une mauvaise foi particulière fracture en multiples morceaux le monde de la politique, tandis que l'opinion commune, celle des parents mis en échec et des victimes des crimes et délits, est plutôt homogène. La capacité à faire le mal "pour le mal", gratuitement, sans raison vitale, en toute conscience, est un trait d'humanité. Toute bonne raison invoquée pour justifier un acte délictueux ou criminel n'efface pas une vérité: tout être humain disposant de ses facultés possède la connaissance du bien et du mal. L'enfant l'apprend habituellement par l'éducation au foyer: les parents lui donnent à tout instant la qualification de ses actes, bons, ou mauvais. La convivialité d'une famille repose sur la prévalence d'un "bien", au moins à usage interne. Il peut arriver que l'enfant définisse le mal à partir de ce qu'il subit de parents maltraitants. Le bien est ce qui n'est pas le mal, et cette absence d'une définition positive n'est pas sans conséquences futures. L'intégration de la notion positive du bien nécessite son support par l'amour des parents et de la famille au sens large. Le socle de l'intégration sociale est constitué pendant ces premières années d'intervention majoritaire, en temps consacré, de l'environnement familial. Carence affective et carence éducative se conjuguent pour compromettre la solidité du socle. Mais aucune garantie ne peut être attendue de la qualité de cette première phase de l'éducation. Très tôt, l'enfant dispose d'un libre arbitre. Il n'applique pas automatiquement et inconsciemment les principes qu'il a reçus. La valorisation de ces principes, même si elle a été recommandée en même temps que leur présentation, relève d'un choix intime et libre. Par ailleurs, un enfant peut faire une mauvaise rencontre, et par adhésion aux "valeurs" de cet autre, disqualifier celles qui ont été les siennes. Une tache se voit mieux sur du linge blanc que sur du linge foncé. Il est possible que la délinquance infanto-juvénile soit plus visible dans une société qui se veut angélique contre l'évidence. Qu'il est alors commode de chercher un responsable politique de la situation. "Donnez-nous de l'argent et leur âme sera guérie!". Celui qui le tient avec des élastiques est le coupable de tout. De peur de faire "pire que mieux", les sociétés modernes ont abandonné le tout répressif qui a accompagné les sociétés humaines pendant des millénaires. Le contrôle de la délinquance adulte par la seule prison se voit contester dans ses aspects quantitatifs (durée des peines) et qualitatifs( qualité de vie dans les prisons). Sans oublier que la cohorte des citoyens "normaux", victimes potentielles de la délinquance, proteste contre les prisons qui déparent leur paysage et le confort 'trois étoiles" qui leur serait assuré. Les faits sont têtus et leur médiatisation les ceint d'une couronne. Des mineurs de plus en plus jeunes passent au niveau du crime. Ils violent dès qu'ils le peuvent. Ils tuent pour voler une babiole, pour une cigarette refusée. Ils se font complices consentants d'adultes criminels. Que faire d'eux? Notre système judiciaire pose des limites légales à l'appréciation des juges. L'âge de la responsabilité pénale est fixé à 13 ans . Il y a des crimes commis par des adolescents plus jeunes encore. Reculer l'âge de la responsabilité pénale donnerait au juge une plus grande marge d'appréciation et de décision. Qu'on ne tombe pas encore dans le "ce qui sera permis deviendra obligatoire". On sait bien que la majorité des juges pour enfants ne risque pas de tomber dans l'excès de répression. On leur reproche plus souvent le contraire! Des travaux de l'INSERM* ont mis en évidence, chez des enfants dès l'âge de 3 ans, des traits de fragilité psychique (dont il n'importe pas vraiment qu'ils soient innés ou acquis, les deux se combinant chez tout être humain), semblant prédictifs d'un risque de délinquance à l'adolescence. À partir de ce travail, que d'aucuns ont disqualifié sans discussion, la proposition d'un suivi particulier des enfants ainsi dépistés, dans un esprit de prévention, a subi un sort semblable à celui du travail initial. L'enfance et ses troubles sont la propriété exclusive...des premiers occupants. Le candidat Nicolas Sarkozy voulait une France de propriétaires. Mais ils le sont, Monsieur le Président. De leur charge, en particulier, comme dans les années 1700. Sceptique * INSERM: équivalent du CNRS pour tout ce qui concerne la recherche médicale.
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Commentaires
S
Ce sont les juges qui doivent l'appliquer, avec une totale liberté d'appréciation du cas par cas. Sauf en deçà du seuil actuel, 13 ans. C'est pourquoi le desserrement des limites présente un intérêt. <br /> Les réactions négatives des juges ne sont pas justifiées puisqu'ils ont toujours leur indépendance, sauf que leur éventuelle abstention, ou leur refus de tenir compte du nouveau seuil, seront médiatisés.<br /> Reste que, très concrètement, les lieux adaptés à la privation de liberté des mineurs manquent. Mais leur construction est justifiée par l'existence des lois.
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P
je me demande si avant de modifier la loi il ne faudrait pas d'abord veiller à la faire appliquer: je ne peux pas croire qu'avec les moyens juridiques actuels il ne soit pas possible de sanctionner comme il le faut la délinquance juvénile. Modifier la loi est souvent une manoeuvre dilatoire.
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Sceptique
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