Guyane française: ce que Madame Taubira en pense.

Pendant onze jours, les guyanais ont bloqué, pour cause d'un carburant trop cher, toute la vie économique de leur territoire, parfaitement isolé des pays voisins, le Surinam et le Brésil. Impossible pour les habitants de Saint-Laurent du Maroni ou de Saint-Georges de l'Oyapock d'aller faire le plein au delà de leurs fleuves-frontière respectifs. On pouvait légitimement se demander comment une population pouvait être unanime à soutenir une action qui ferait horreur à leurs compatriotes métropolitains. Et, aussi, pourquoi spécifiquement les carburants, alors que tous les produits essentiels à la vie moderne sont importés et sont payés très cher. Les salaires locaux et ceux des expatriés, fonctionnaires et employés du Centre Spatial sont ajustés à cette cherté particulière de la vie. En raison des dispositions particulières dont bénéficient les DOM-TOM, le Ministre délégué par le gouvernement ne dispose pas du pouvoir de faire réduire les taxes décidées par les élus locaux. C'est donc à deux reprises qu'il s'est tourné vers le ou les fournisseurs de carburant pour leur faire diminuer leur prix à la pompe du montant exigé par la population, et prenant de son côté l'engagement de compenser le manque à gagner en ponctionnant un fond particulier du budget des DOM-TOM. Car si la population guyanaise ne souffre pas de ne pouvoir travailler, sa vache à lait, le Centre Spatial de Kourou, manque de foin. Ses clients, tous à l'étranger, lui confient des satellites à lancer, à des heures et dates qui ne connaissent pas l'arbitraire de la politique. Or, je le redis, cette activité artificielle est la seule qui a pu faire évoluer et prospérer la Guyane française, comblant son déficit démographique chronique par une immigration non choisie. Madame Christiane Taubira dispose à la fois de l'indulgence et de la compétence politique pour absoudre ses électeurs et étriller le Ministre envoyé au casse-pipe avec trois fois rien dans les poches. Madame Taubira le dit dans le Monde du 4 Décembre: d'une part il ne peut être question de demander aux collectivités locales de diminuer leurs prélèvements, d'autre part les promesses du gouvernement ont de fortes chances de ne pas être tenues, puisqu'elles représentaient plus de la moitié de l'enveloppe budgétaire de l'ensemble de l'Outremer. Inspirés par le "succès" de leurs voisins guyanais, et voulant aussi défendre leur part du gâteau, les guadeloupéens se sont mis à leur tour à bloquer leurs routes. Une info laconique dans un des journaux numériques que je reçois quotidiennement: les pétroliers (après avoir pris connaissance des doutes de Madame Taubira?) auraient tout simplement arrêté de ravitailler leurs stations-service. Il n'y a pas de doute, ces s......s n'aiment pas perdre de l'argent! Sceptique