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Sceptique
12 décembre 2008

Les républiques "si-ça-m'chante".

La désobéissance civile, le refus d'appliquer les lois, la promulgation intime de contre-lois à son propre usage, ne sont plus maintenant de simples passages à l'acte circonstanciels qu'on appelle délits. Les médias nous informent chaque jour que telle commune, telle profession, tel groupement d'intérêts, tel syndicat, a décidé de tenir comme nulle et non avenue une loi ou un décret d'application qui les concerne. Le besoin de justifier cette prise de position radicale perd de sa pertinence. Une nouvelle théorie de la citoyenneté se fait jour. Elle ne fait pas corps avec la légitimité républicaine, mais au contraire s'en sépare et s'institue en contre-pouvoir. Nous avons donc d'un côté des citoyens sans république, et de l'autre une république sans citoyens. De quoi, diable, cette dernière est-elle faite? Bertold Brecht, dans une de ses pièces, fait dire à un de ses personnages;"le peuple a mal voté, démissionnons le peuple!" J'ai entendu un jour une de mes collègues déclarer illégitime une formation politique qui lui déplaisait. J'ai proposé pour aller dans son sens qu'on revienne au vote sur registre des premiers temps de la République*. Il est possible que beaucoup en rêvent. Ce serait tellement plus simple et plus sûr! En attendant ce grand jour, celui de la fin de l'hypocrisie du vote à bulletin secret, piège à cons, discrimination négative, la résistance s'organise, en ordre dispersé, par sa nature, même. Car chacun ne devant rien à personne, et encore moins à une abstraction comme république, nation, état, ou encore démocratie, il s'agit de s'accrocher à son pré carré, délimité avec le couteau qui servira à le défendre. Cette nouvelle théorie et ses applications procèdent-elles d'une sorte de pensée magique, d'un sentiment de toute puissance? Je crois bien que non, qu'elles sont la partie émergée d'un désespoir profond. Arrachement, désaveu de l'évolution de la civilisation, des équilibres de la société familière, repli sur soi pour un baroud d'honneur, me paraissent fournir l'énergie à ces attitudes. "Tout est perdu for l'honneur". Honneur? C'est trop d'honneur fait sans le dire à une oeuvre humaine, à la recherche d'une autre vérité que celle qui a été rejetée, et qui sera soumise à son heure au jugement de tout le monde, partisans et opposants. Ce qu'une loi peut faire, une autre loi peut le défaire. Cinq ou dix ans ne sont pas une éternité. Est-il indispensable et urgent de chercher à mettre hors service la machine en marche? Sceptique *Dans le Robert des noms communs, à "république" on trouve l'exemple qui suit:"On est en République, je fais ce que je veux!"
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Commentaires
S
Je suis tout à fait d'accord avec vous, et avec Rousseau, sur ce point.<br /> L'agitation populaire bien organisée peut parfois aboutir à une révolution. Mais pour se maintenir, celle-ci ne peut que se muer en dictature. Les inégalités s'y restaurent. Être ou ne pas être du côté du pouvoir sépare les puissants des faibles. La chute de la dictature ne s'accompagne pas toujours d'un rétablissement des droits de tous. Les flics se font bandits, ou "oligarques". La structure de la société est inchangée. C'est pourquoi s'amuser de bon tour joué au pouvoir du moment par ses jeunes répandus dans la rue pour y casser du flic et des vitrines, est une vraie folie. Les leaders des jeunes travaillent pour des adultes qui sont derrière, et devenus adultes à leur tour, ils travailleront alors pour eux.Il n'y a pas d'altruisme à attendre de la plupart.<br /> Le sort de notre révolution n'a pas été aussi schématique parce que ses acteurs n'étaient pas aussi expérimentés et armés de théorie que ceux d'aujourd'hui, qui arrivent à retarder l'affaiblissement des consciences. Elle a subi aussi les conséquences des guerres idéologiques dans lesquelles elle s'était lancée, et qui ont fait la fortune de Napoléon Bonaparte. C'est la défaite finale de ce dernier qui a reconstitué provisoirement l'ancien régime. Il n'y a plus eu de véritable révolution pour revenir progressivement à une république. Elle est démocratique, mais l'adjectif a été perverti. Il n'y a en effet rien de pire qu'une "république démocratique", malgré le joli nom.
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P
Il est donc loin le temps où Rousseau pouvait écrire: "Il n'y a donc point de liberté sans lois, ni où quelqu'un est au-dessus des lois(...) En un mot, la liberté suit toujours le sort des Lois, elle règne ou périt avec elles ; je ne sache rien de plus certain" (Letres écrites de la montagne, VIII)
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Sceptique
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