"Pas possible" est bien français!

Nos angoisses liées à la crise sont noyées, depuis quelques jours, dans une piscine. Celle de Rijeka, en Croatie. Là bas, nos champions et nos championnes gagnent des épreuves de natation et pulvérisent des records du monde. Comme nous sommes à la fois chauvins et peu sportifs, ces exploits individuels nous remplissent de fierté et nous consolent de nos défaites cumulées dans l'année. "Chiqué", "triche", s'écrient certains, en français dans le texte. "Ce ne sont pas les "armoires à glace" qui gagnent le courses et battent les records avec leurs bras et leurs jambes. Ce sont les maillots!" Faut-il comprendre, "jetez un de ces maillots, vidé de son contenu, dans l'eau et vous allez voir"? Évidemment, il fallait y penser, au maillot! La France n'a pas tellement de piscines, mais elle a des idées plein ses grandes écoles et ses laboratoires. Nos ingénieurs se sont détournés de leurs Arianes et Rafales pour s'occuper de cette question. Réduire la résistance de l'eau en ses différents paramètres améliore le rapport puissance/résistance. CQFD. On murmure une équivalence avec le dopage, on en appelle à la réglementation des courses de Formule 1. La première comparaison est ridicule. Le dopage agit sur la puissance. Qu'il s'agisse d'un corps humain ou d'un bolide motorisé, les risques de casse et d'usure prématurée, sont élevés. Pour le bolide, pas d'état d'âme, ce n'est qu'une belle fumée pour le journal des sports. Pour le corps humain, c'est un problème éthique aujourd'hui imposé. Quant à la réglementation qui nivelle le mieux possible les caractéristiques aérodynamiques des voitures en compétition, elles rassurent les constructeurs, mais freinent les progrès techniques qui profitent à tous. Il est impossible de prouver que nos champions n'auraient pas gagné sans leur maillot sophistiqué. Comme il ne faudra pas dix ans pour que ces maillots soient recopiés sans même acheter leur licence, l'heure de vérité sonnera vite, sans donner le temps aux rombiers interpellés de rendre leur verdict. Sceptique