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Sceptique
17 décembre 2008

Fin d'une légende: les élèves écoutent leurs professeurs.

Xavier Darcos, Ministre de l'Éducation Nationale, voulait réformer le Lycée, après l'École primaire. Cette première étape, sans être facile, ne l'avait opposé qu'aux professeurs des écoles, aux parents d'élèves de la FCPE et aux hommes politiques locaux, responsables de ce premier niveau scolaire. Mais pas de manifestations d'écoliers, de 6 à 11 ans. Entre l'obéissance aux parents, et l'évitement de tout risque par les enseignants, les enfants étaient sagement restés à la maison. Quand il a annoncé qu'il allait passer aux problèmes des lycées, les syndicats de professeurs n'étaient pas contre le principe, mais à leur habitude, ont demandé à voir. Je ne pourrais pas vous expliquer pourquoi, mais ils ont finalement refusé ce qu'on leur proposait avec moult explications. Une question d'argent, enveloppée dans un billet doux à l'intention des élèves:"nous n'avons que le souci de votre avenir, et nous le défendrons avec votre aide." Le projet du Ministre prenant forme et fermeté, de toute évidence envers et contre l'opposition des syndicats, il devenait urgent à l'approche des vacances de Noël de mobiliser l'infanterie. Avec l'entraînement permis par une longue série de Ministres de droite et quelques uns de gauche ayant voulu affirmer leur autorité, le rassemblement de l'Ost ne pose plus de problèmes*. En quelques jours les lycées se vident et les rues se remplissent. Les vases sont communicants. Les plus anciens, forts de quelques trimestres complets de manifestations tournant à l'affrontement pouvant à tout instant mal tourner, encadrent les plus jeunes. Les tactiques sont éprouvées. Il s'agit surtout d'empêcher les lycées non encore engagés de fonctionner, en faisant obstacle à l'entrée des élèves. La plupart d'entre eux ne se font pas prier. Le trimestre foutu pour foutu, un rab de vacances, sportif et joyeux, est toujours bon à pendre. On s'ennuie moins que chez soi. Les journalistes et les CRS se précipitent, les premiers pour voir et montrer, les seconds pour contenir, séparer d'avec les pillards, éventuellement réprimer des débordements. La résonance de l'agitation violente, exacerbée par une bavure policière, de la jeunesse grecque, et dont personne ne perdait rien, grâce au passage en boucle dans tous les journaux télévisés disponibles, a fini par émouvoir les responsables de la sécurité et les décideurs politiques. Malgré le réflexe naturel de ne pas aimer se faire commander par des mineurs, une question se faisait lancinante:"et si les lycéens français se mettaient à tout casser, comme le font les jeunes grecs?" La décision fut rapide: Xavier Darcos fit savoir qu'il remettait d'un an la mise en oeuvre de sa réforme, pour disposer de temps pour l'expliquer et convaincre les professeurs et leurs élèves. Ou les lycéens croient que cette réforme est l'abomination des abominations, comme d'autres croient aux miracles de Lourdes ou aux extra terrestres dans leurs OVNIS, et alors, chapeau au travail de désinformation de leurs mentors. Car de leurs pancartes et de leurs propos dans les micros tendus, on peut déduire que le gouvernement, pour faire des économies, veut vider et fermer les lycées, les IUT, pourquoi pas les Universités! Le CEP comme diplôme terminal pour tous. Fin de la scolarité à 16 ans pour tous! Mais, si foi aveugle en ces bobards il y a, cela comble d'aise les syndicats d'enseignants. Car ils n'ont pas une totale confiance en la gauche de gouvernement. Même si elle les soutient en ce moment, parce que c'est de bonne guerre, si la réforme n'est pas si mauvaise que ça, elle la maintiendra en cas de retour au pouvoir. Il y a des précédents. Les défaites aux législatives de 1986 et de 1993 lui ont beaucoup appris! Alors, qu'elle résulte de cette foi intacte ou de la bonne transmission d'une consigne, la poursuite des manifestations lycéennes, si possibles plus violentes, fait leur affaire. Grâce à ces vaillantes troupes, le chantage peut grimper de quelques crans: démission du Ministre, du Gouvernement, pourquoi pas du Président lui-même?! Pourvu qu'ils tiennent, jusqu'en Juin, vacances comprises, s'il le faut. La reprise en mains par les parents, nourriciers et soucieux de l'avenir de leur progéniture, n'est plus un risque. Il y a longtemps que les adolescents n'obéissent plus à leurs vieux. Donne l'oseille et tire-toi. Sceptique *Le service des Transmissions fonctionne à merveille.
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Commentaires
S
Merci pour vos réactions. Mais les violences dont se plaignaient les enseignants, il y a peu, étaient-elles imaginaires? Les centaines de milliers d'élèves quittant l'enseignement sans diplôme ni compétence sont-ils fictifs? Les professeurs d'Université qui doivent "ignorer" les fautes d'orthographe et d'expression française de leurs étudiants en sont ils heureux?<br /> <br /> Tant que la République est admise à donner son avis sur l'ensemble des organes de la Nation, et à les intégrer dans une politique nationale qui n'est pas la somme des exigences particulières, elle a le droit de proposer les réformes dont elle espère une amélioration, et fixer des budgets en rapport avec les ressources disponibles et les besoins de toutes ses fonctions(éducation, défense, santé, justice, équipements, etc)<br /> <br /> Comme nous sommes en démocratie, une erreur possible est réparable à terme, si l'électeur le décide. La désobéissance civile immédiate n'est pas supportable, car elle est une négation de la démocratie.<br /> <br /> Pourquoi pas une autonomie de l'Éducation Nationale, qui se gérerait elle-même, élirait son conseil d'administration, définirait sa méthode pour satisfaire le cahier des charges que lui présenterait l'État en même temps que la discussion sur la dotation financière justifiée?<br /> <br /> Quant à la maturité politique des lycéens et des étudiants, elle est certainement plus sthénique que celle de leurs anciens, mais il lui manque le "réel" de la responsabilité d'une famille, d'un métier à pratiquer avec compétence et conscience, d'une vie sociale ouverte (fréquenter les autres, sans distinction d'âge, de sexe, d'activité professionnelle). On ne reste pas longtemps jeune, dans son corps, en tout cas.
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P
Bonsoir,<br /> Le ministre Darcos a commis une grave erreur totalement anti pédagogique : le non respect...Rappelez-vous ses propos sur les enseignants "couche-culottes" de maternelle ou les pseudos débats avec des lycéens où il est arrivé avec son "kit réforme" prêt à être assemblé sans aucune modification possible. <br /> Il n'y a pas de couche-culottes en maternelle (n'y sont admis que les enfants "propres"). Et si le lycée, tout comme le "Mammouth" dans son ensemble, a besoin d'évoluer, ce n'est pas en faisant des coupes drastiques dans le budget de l'Education Nationale...<br /> Personne n'est dupe...La seule motivation de Darcos c'est de serrer les boulons du budget de son ministère sur le dos des gamins...<br /> Et vous croyez vraiment que les enseignants font du prosélytisme ? Alors que nous avons pour devoir d'être laïques et apolitiques en classe ? <br /> Croyez-vous vraiment que les lycéens ont besoin de leurs profs pour se faire leur opinion ? Observez comment ils ont accès à l'information : Internet... à la communication : mails, portables, SMS..<br /> Nous autres profs sommmes de vieux ringards pour eux. Ils vont bien plus vite que nous, et n'ont pas besoin qu'on les embrigade ! <br /> Ils défilent dans la rue parce qu'ils savent aussi quelle société les attend, et je ne doute pas par contre que les images des émeutes de jeunes en Grèce, n'aient pas, elles, eu leur importance ! De jeunes Grecs à 600€ par mois... Mais combien ils "gagnent", les jeunes français, diplômés à Bac + 4, 5 voire plus, sans emploi, Rmistes ou exploités comme stagiaires ? Ces lycéens dans la rue, ils sont la 2ème ou 3ème "génération précaire"<br /> Et ils n'ont pas besoin des profs pour s'indigner !<br /> Quant à Darcos..........tant pis pour lui. Ses années d'enseignement sont peut être un peu loin derrière lui : dommage..... Un bon pédagogue sait que depuis les philosophes grecs -revoilà les grecs !- la pédagogie ne se fait pas sans dialogue et sans respect..........<br /> Et quant à attraper les mouches avec du vinaigre, ou faire prendre des vessies pour des lanternes, la sagesse populaire vous dit ce qu'il en est !<br /> <br /> Pamina
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P
1/ une nouvelle fois je me demande si réformer n'est pas parfois une manoeuvre dilatoire: pourquoi ne pas essayer de faire fonctionner ce qui existe? (ce serait au moins un projet nouveau dans l'éducation nationale)<br /> 2/ et s'il faut réformer peut-être faut-il être prêt à négocier aussi longtemps que nécessaire (et le plus dicrètement possible), comme le recommandait Michel Rocard.
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Sceptique
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