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Sceptique
27 décembre 2008

Urgences médicales dans la société d'aujourd'hui

La mort d'un enfant, que ce soit par maladie ou accident, est devenue un scandale, un paradigme de l'injustice, un indice de l'imperfection de l'oeuvre humaine. Se poser toujours cette question est sain, surtout du côté des politiques qui ont la responsabilité du fonctionnement de la société, en particulier de sa réactivité aux événements exceptionnels, à quelque échelle qu'ils se présentent. Cette mort d'un enfant dans un service d'urgences d'un hôpital de l'Assistance Publique à Paris en est un. Elle résulte d'une erreur de flacon de perfusion, elle même aboutissement d'une erreur de rangement, selon les dernières informations, et d'un étiquetage trop banal d'un produit aux indications limitées. Une chaîne d'erreurs de très faible probabilité, mais jamais nulle. Je ne vais pas m'attarder sur les anathèmes déversés sur la Ministre de la Santé. Ils sont systématiques et dérisoires. Passé à deux reprises par les urgences des Hôpitaux de Paris, j'estime que les imperfections dont on peut avoir à souffrir ne sont rien à côté de la pénurie et de l'impuissance que la société française a subies jusque dans les années 60, époque à laquelle une véritable doctrine de la médecine d'urgence a été élaborée et mise progressivement en oeuvre. Il est vrai aussi que cette offre de soins, rapide et coordonnée, est dépassée par son succès, qu'elle voit se déverser, par des norias d'ambulances, sans véritable tri, toutes les souffrances, mais aussi toutes les inquiétudes, qui surgissent dans une société humaine moderne. Il y a une comparaison possible avec la médecine de guerre, source de son inspiration, sauf qu'il n'y a de tri en première ligne que pour les accidents. Les autres urgences sont triées à l'accueil des Urgences hospitalières! Un offre de soins rencontre tôt ou tard une demande. De l'autre côté, la médecine privée réduit son offre traditionnelle, pour des raisons qui ne sont pas négligeables. Elle est sur-occupée par la demande de soins normale, quotidienne, régulière, d'une société au sein de laquelle la santé a pris plus d'importance par l'effet d'une information qui rentre peu à peu dans les esprits. Le médecin est appelé à apaiser ou à prendre en charge les inquiétudes des patients. L'allongement de l'espérance de vie repose sur le traitement et la surveillance de petits dérèglements des fonctions vitales, qui, autrefois, s'aggravaient et écourtaient la vie. Deux autres facteurs, la féminisation de la profession, et l'insécurité qui n'épargne pas les médecins en visite dans les quartiers difficiles, complètent l'état de fait du retrait de la médecine libérale du secteur des urgences. Encore une cause à l'absence d'un tri de "première ligne". Une suppléance a été créée à l'initiative de médecins d'exercice privé, le service S.O.S. Médecins, qui rassemble des généralistes et des spécialistes qui se consacrent entièrement à ce mode d'exercice professionnel. Mais comme il s'auto-finance, il ne couvre que les grandes agglomérations, et il ne peut intervenir qu'à l'appel de particuliers, à leur domicile dûment précisé. Cette organisation est en butte à la fois à l'hostilité de la corporation médicale privée, sous prétexte de concurrence, et sous le même chef, des urgentistes hospitaliers, auxquels ils ne laisseraient que les "merdes"*. Autres rivales des urgentistes hospitaliers, les cliniques privées d'une certaine importance organisent leur propre accueil et prise en charges des urgences, fidélisant ainsi une clientèle et leurs médecins traitants. Les autres interventions sont assurées par les sapeurs-pompiers et le SAMU, rattaché à un hôpital ou un ensemble d'hôpitaux. Un numéro unique, le 15, permet une coordination forcément imparfaite de ces différents moyens. Un déséquilibre en faveur des villes est évident et inévitable. LA "Société" pourrait-elle faire mieux? Y a-t-il une recette infaillible pour assurer à toute urgence médicale ou chirurgicale le top du top quantitatif et qualitatif en n'importe quel point du territoire français, à toute heure et par tous temps? À mon avis, elle a fait déjà énormément, et son efficacité même se retourne contre elle! Il n'y a que le confort de l'Opposition qui permet de rêver**. Sceptique *La jalousie est notre symptôme préféré. **Le programme"santé" du P.S. annonce beaucoup de bonnes choses aux médecins. S'ils se croient des citoyens disposant des mêmes droits que les autres, ils se gourent! Les socialistes aussi, et encore.
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