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Sceptique
5 janvier 2009

À quoi sert un ministre? Épisode II

Il y a quelques jours, je reprenais un entretien de Jean-Jacques Aillagon donné au Monde, dans lequel l'ancien Ministre de Jean-Pierre Raffarin posait la question de l'utilité d'un Ministre de la Culture, au regard des particularités du fonctionnement du domaine culturel, décentralisé ou autonome. Mais il concluait sur l'impossibilité de supprimer le Ministère, pour des motifs purement conservateurs, donc négatifs. Visait-il l'action de l'actuelle Ministre, Madame Christine Albanel, tellement peu médiatique qu'elle est pour moi la moins connue des femmes du gouvernement de François Fillon? Ou le souvenir de la sienne, achevée contre le béton des intermittents du spectacle? Je suis parti de son exemple et de sa réflexion pour examiner plus généralement la fonction ministérielle dans la Vème République, a priori plus stable et plus déterminante que sous la IVème, simple musique de valse. Les citoyens français, au service desquels, je l'énoncerai avec prudence, sont les Ministres et les Ministères, n'entendent jamais parler de la plupart, mais ont chaque jour la série télévisée de l'Éducation Nationale et de la Justice. Parfois un polar tourné au Ministère de l'Intérieur. À la Culture, il ne semblait rien se passer de particulier, jusqu'au tournage, à Versailles, précisément, des "Visiteurs III", sur un scénario de Jean-Jacques Aillagon, avec un vrai Prince dans le rôle phare tenu par Jean Reno*(épisode initial et Visiteurs II) et un artiste créateur américain sulfureux dans celui de Jacouille**. Cinq cents mille spectateurs pour ce remake, c'est pas mal! Au sujet de ce tournage et de son succès, on n'avait pas parlé de notre Ministre, le Château de Versailles étant autonome et actuellement confié au dit Jean-Jacques. Ceux qui suivent pas à pas l'activité parlementaire savaient qu'elle avait défendu la réforme de l'audiovisuel public et sa mesure symbolique, la suppression de la pub. Mais elle n'était pas passée en boucle sur les journaux télévisés de LCI. Grâce 'à LCI, finalement, associé à RTL et au Figaro, Christine Albanel a été la vedette du Grand Jury d'hier soir, Dimanche 4 Janvier 2009. C'est à cette occasion que je l'ai vraiment découverte. Eh bien, c'est une femme qui se défend très courageusement, avec un sourire tranquille et sans méchanceté. Elle ne l'attire pas, ce sentiment. Les trois journalistes n'ont pas eu besoin de sortir leurs griffes. Elle ne se dérobait à aucune question, et déroulait sa connaissance tranquille de ses dossiers. Tour à tour écuyère, droite sur sa monture et franchissant les obstacles avec élégance, escrimeuse, au fleuret ou au sabre, maniant la raquette, en fond de court ou au filet. Une heure d'explications, de justifications, de rappels de l'histoire, de la mise sous le boisseau de tout ce qui a été remis sur la table par le Président dérangeur. Les contradictions des opposants, avant hier gouvernants, se sont étalées . Bref, la partie de poker républicaine habituelle, qui contraint chaque camp à la même tactique, sauf à risquer de tout perdre. On m'objectera qu'elle n'avait pas affaire à des journalistes du service public, directement concernés par les réformes, et qui se seraient sans doute montrés plus incisifs et déstabilisants. Mais au contraire à des journalistes de chaînes présumées bénéficiaires. Il n'a jamais été interdit aux journalistes du service public de pratiquer l'impartialité, la neutralité. Ma conclusion, c'est que notre Ministre de la Culture, est, comme ses collègues du même sexe, victime de la misogynie spécifique du milieu politique français, tout en se prêtant moins que d'autres aux expressions toujours disponibles et affûtées de notre arsenal phallique. Sceptique *Jean Reno, vrai artiste, aurait aussi un vrai "pédigrée" de Grand d'Espagne. **Dans ce IIIème épisode, Jacouille est vraiment un vilain serviteur, provocateur et obscène, affirmant que tous les jouets d'enfants éparpillés dans les salles du château ont été achetés dans des sex-shops, entre Pigalle et Blanche. Le Prince le poursuit en criant à la profanation de "son" château, qu'il défend comme l'occupant qu'il serait sûrement, si la Révolution n'avait pas eu lieu!
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