15 février 2009
Ce n'est pas un protectionnisme, mais un dirigisme
La crise économique qui s'est abattue sur le monde a révélé les points faibles de l'économie de marché, et aussi celle des solidarités internationales. La construction européenne a exposé son inachèvement. Quand on sait la dose de volontarisme, l'obstination de ses auteurs, il n'y a pas lieu de s'en étonner.
La tentation protectionniste existe, à tous les échelons de la société. L'ouvrier menacé de perdre son emploi prêtera une oreille attentive à celui qui lui dira qu'il suffit d'interdire les importations pour que son emploi soit sauvé. Il doit bien y avoir des patrons qui pensent la même chose.
Les souverainistes, de gauche ou de droite, ont bondi sur l'occasion, pour faire valoir leur critique fondamentale de l'Union de l'Europe en particulier, et de l'économie de marché en général.
En ce qui concerne le France, le projet porté par Nicolas Sarkozy était globalement libéral. Pour la raison que la France ne l'avait jamais été franchement, et que les séquelles de l'économie dirigée, d'initiative étatique, constituant la marque d'une société aux racines rurales et à l'histoire monarchique, commençaient à peser sur notre adaptation à l'économie mondialisée. L'action politique devait donc faire avancer le pays vers une exposition plus audacieuse et plus efficace à la concurrence mondiale. Le nombre d'atouts dont nous disposions était faible. À leur renfort, il fallait en ajouter de nouveaux, choisis de préférence par des entrepreneurs-inventeurs de bonnes idées.
La crise a flanqué par terre l'essentiel du projet. La rétraction de la demande mondiale laisse sur le sable les innovations qui ne répondent pas à un besoin en attente, mais menace aussi des productions intégrées dans notre civilisation, comme l'automobile.
Autrefois (c'est encore valable) on disait:"quand le bâtiment va, tout va". Il faut y ajouter maintenant l'automobile et les activités de transport. Ce sont des volants de sécurité qui ne doivent pas s'arrêter. Leur seul ralentissement est déjà inquiétant.
Pour autant, il n'est pas possible, contrairement à ce que l'angoisse ou l'ignorance claironnent, de contraindre les entreprises à perdre de l'argent autant de temps qu'il sera nécessaire, ou les particuliers d'acheter une automobile qu'ils ne pourraient pas payer. Il faut effectuer un repli stratégique, en bon ordre, sans panique.
Comme les premières à paniquer furent les banques, et elles avaient de quoi, il a fallu que TOUS les états viennent au secours des établissements de crédit pour les sauver, d'une part, pour leur permettre de continuer leur métier, d'autre part. Ils furent sauvés, certes, mais ils en tremblent encore, et leur a-philanthropie leur fait crisper la main sur l'argent qui y passe.
Tous les états, et donc le nôtre, sont obligés de s'occuper des activités économiques essentielles, pourvoyeuses d'emplois directs et indirects, et de remplacer temporairement les banquiers timorés.
La première mesure annoncée et mise en oeuvre par le Président Sarkozy a été la prime à la casse pour les véhicules de plus de dix ans. l'argument était écologique: ces véhicules sont plus pollueurs que les nouveaux. Elle n'était pas incompatible avec le bonus, toujours écologique, accordé aux véhicules produisant moins de 140 g de CO2 aux 100 km.
Les constructeurs et les concessionnaires ajoutèrent de leur poche l'extension jusqu'à l'âge de huit ans de la prime à la casse, et d'autres ristournes généreuses, gonflant les rabais par rapport au prix catalogue jusqu'à près de 3.000 euros pour certaines marques.
Ces dispositions concernent essentiellement les petites voitures, les débuts de gammes, fabriqués dans les pays de l'Est européen, où les niveaux de salaire sont encore faibles. Il n'y a donc pas "protectionnisme"! Les hauts de gamme, non concernés, dont les amateurs ne regardaient pas au prix, sont fabriqués dans nos usines nationales. Et, là, on souffre. Il y a un risque réel de faillite, et l'État ne laisse pas tomber. Mais il pose ses conditions: pas de fuite à l'étranger, sous forme de délocalisations. "Chômages techniques plus faciles, mais pas de fermeture de sites. Les prêts accordés sont "bonifiés", mais pas à taux zéro.
Pourquoi ces mesures de bon sens ne font pas l'unanimité? On est en France, non?
Et en Europe? Tous les états sont conscients de ce qu'ils ne se donnent pas totalement à l'Europe, qu'ils gardent des domaines réservés. Leurs choix sont différents, ce qui leur permet de critiquer ceux des autres. Chacun à leur tour. Nous ne sommes pas innocents.
Sceptique
Publicité
Publicité
Commentaires
S
P
P