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Sceptique
15 mars 2009

"Qu'il capitule, nous lui accorderons les honneurs de la guerre."

C'est ainsi que je résume l'injonction faite par la coalition des oppositions à Nicolas Sarkozy, Président de la République. Dix-huit mois après son élection, et une crise mondiale sur le dos, il est devenu impopulaire, c'est évident. Mais est-ce le premier à qui cela arrive? Les opposants politiques et les politologues comptent les coups et supputent sa chute, avant la fin de son mandat, de préférence. Les premiers n'ont pas fait le deuil de la IVème République. Avant 1958, son sort (de Président du Conseil) aurait été réglé depuis...allons, le mois deJuin suivant sa nomination ! Déployons la carte de la bataille politique et examinons les forces en présence: les contingents de l'opposition sont de toujours: à tous seigneurs, tout honneur: les enseignants, de la maternelle à l'Université, unis dans la défense de leur indépendance, salaire excepté; les fonctionnaires, les agents des services publics, les syndicats ouvriers, dont les gros bataillons sont formés des précédents. Ils reçoivent des renforts ponctuels et temporaires de corporations mécontentes mais réticentes à tout embrigadement: pêcheurs, camionneurs, chasseurs. Plus récemment, les malheureux habitants de nos départements d'outremer. Quelques dizaines ou centaines de millions d'euros, selon leur nombre, les démobilisent temporairement. Quant au noble service des transmissions et le Vème Bureau*, ils sont acquis à cette bonne cause à près de quatre-vingt pour cent des effectifs. On pourrait se demander pourquoi ce rassemblement puissant n'a pas encore balayé le mal-élu et ses électeurs disqualifiés? C'est qu'il s'agit d'une coalition, possédant plus de colonels que de régiments, et pour lesquels le tribut propre à les faire renoncer, pour un temps, se chiffrerait en milliards d'euros. En face, autour du Président, il semblerait à première vue qu'il n'y ait plus grand monde. Une importante infanterie, sorte de Garde Nationale, formée d'anciens combattants ayant repris du service, épaulée par les corps de Police, des CRS et de Gendarmerie Mobile, de l'Armée, fidèles, par tradition républicaine. Il dispose de la neutralité de la majorité du peuple qui n'appartient pas aux catégories acquises à la coalition et qui a la phobie du désordre, même organisé. Ce qui fait la capacité de résistance du camp présidentiel, c'est sa légitimité constitutionnelle, créant certains réflexes de la part de ceux pour lesquels cette qualité a encore une valeur, c'est la cohésion de son État-Major et de sa Garde, c'est l'unité de son commandement. Aussi, c'est sur la possible défection de ce peuple peu aventureux que compte la coalition hostile, utilisant tous ses moyens de propagande pour semer le doute et saper son moral . Car c'est vrai, tout succès du désordre, à l'Éducation Nationale, dans les départements d'outremer, couverts de cadeaux au nom du peuple français, dans les transports publics, qui se torchent avec le service minimum, donne à ce dit peuple le sentiment d'une faiblesse qu'ils pensaient bien avoir congédiée, et qui semble revenue par la porte de service. Le parti du Président a saisi l'opportunité d'une contre-offensive pouvant mettre à mal les contingents de l'Université. Leur cohésion corporatiste leur a permis de faire la grève tout en étant payés, dans leur grande majorité**. Cela fait très mauvais effet. Qu'ils ne soient pas les seuls agents de l'État à échapper à la règle de la suspension de salaire, permettant de prolonger sans risque la sédition, et c'est tout le mouvement qui perd son honneur. D'aucuns objecteront que notre époque est devenue indulgente à cette sorte de malhonnêteté. Que toute arnaque n'est que récupération. Il n'y aurait qu'un seul argent bien acquis, celui du Loto***. Tout autre est présumé volé. À voleur, voleur et demi! À suivre, donc. La bataille continue. Sceptique *Vème Bureau: "Action psychologique" **Quelques dizaines de couillons auront des problèmes de fins de mois, contre quelques dizaines de milliers de malins, aidés à ne rien faire par les étudiants "Bonux". *** Il ne provient pas d'un travail, exploitation d'un homme par un autre.
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Commentaires
S
Je partage votre pessimisme de fond, mais cette inaptitude de fait de la société française à la démocratie, alors qu'au plan des idées elle est au contraire une référence, n'a jamais trouvé sa solution temporaire que dans une réaction autoritariste, tant du pouvoir politique que de son électorat.<br /> Rappelons-nous 1968:après quelques semaines de bordel intégral, de grève insurrectionnelle totale, allant jusqu'à empêcher l'approvisionnement en médicaments des pharmacies, de manifestations destructrices quotidiennes, le Général De Gaulle est près de lâcher prise, écoeuré par une telle ingratitude. Revigoré par le Général Massu, il revient à son poste. Avec son Premier Ministre, il reprend les choses en mains.Son parti politique rameute ses partisans pour une contre manifestation monstre qui non seulement jette les gaullistes dans la rue, mais mobilise tous les citoyens révoltés par la tournure qu'ont pris les événements. L'Assemblée Nationale est dissoute, les élections législatives offrent au gouvernement légitime une "chambre introuvable". La gauche saoule de subversion se dégrise et la France se remet au travail. Le premier Grenelle du genre fixe le tribut à verser aux Syndicats: 30% d'augmentation des salaires. Quelle victoire! Ils en jubilent encore! Le franc est dévalué d'autant quelques jours plus tard. Notre compétitivité est préservée.<br /> La tentation de refaire la même manoeuvre taraude l'opposition. Elle ne veut pas savoir que les français, 1)sont versatiles 2) n'aiment pas le désordre dès qu'il les concerne. L'échec est donc au bout. Il y aura une réaction autoritariste appelée par le peuple.<br /> Quant à l'homo sapiens de base, il est toujours comme vous le déplorez.
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E
... d'amour, dit la chanson.<br /> De même le mal-être de la démocratie.<br /> Ce n'est pas tant un déficit de démocratie qu'il faut observer et chercher à y porter remède par une révolution s'appuyant sur des critères anciens qui ont démontré la preuve de leur insuccès.<br /> Non c'est chercher à voir d'où vient l'erreur de fonctionnement : Tant au niveau structurel que conjoncturel.<br /> La prise de conscience d'une possible citoyenneté "autre", d'une appartenance à vouloir jouer un jeu démocratique dégagé des poncifs de profit pour le profit et de la recherche de dominance sur l'autre avec son corolaire, l’écartement du partage équitable des biens, n'est sans doute pas pour aujourd'hui, ni sans doute pour demain.<br /> De là découle le pessimisme de certains.<br /> <br /> Je dis : À moins que les évènements, certes avec de la casse inhérente à tout accouchement, ne canalisent vers un éveil de cette conscience.<br /> <br /> À quand une politique (au sens d'organiser la vie en commun) mondiale basée sur le réel ?<br /> Un exemple saisissant : Le fait de la répartition de la distribution de l'eau.<br /> Nous en connaissons la problématique, nous en connaissons les causes de l'inadéquation; nous connaissons les solutions à apporter pour remédier au déséquilibre<br /> <br /> Face à cette situation, je suis en colère sur le gâchis et l'imprévision !!<br /> L'être humain, quelque soit ses croyances et ses modes de fonctionnement va il continuer à se placer dans des modes de fonctionnements hyponeuriens, soit de type borné, sans cortex placé au de manière épineurienne ?<br /> Va-t-il continuer à fonctionner comme le font les insectes en collectif limité sans une se mettre à faire fonctionner leur intelligence dépassant ses conditionnements; intelligence qui ne demande que cela ?<br /> Il est à souhaiter que nous, de l'humanité appelée à l'universel, ne restions pas (tels les dinosaures qui ont disparu faute de pouvoir évoluer), dans nos comportements médiocratiques.
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S
Que le gouvernement cède face à l'opposition est ce que redoutent tous ses électeurs. Mais l'opposition apprécierait-elle que le gouvernement passe en force? ON l'accuse déjà d'être liberticide, ce que les gens raisonnables ne reconnaissent pas, quelle que soit leur opinion.<br /> Je pense que la situation EST une maladie de notre démocratie, à laquelle, pour commencer l'opposition ne semble pas croire.
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P
Comment mieux décrire l'échec du gouvernement (Président compris)?!<br /> Il me semble que tous vos billets antérieurs, notamment ceux consacrés à la gestion de la crise aux Antilles, allaient dans cette direction; c'est la capitulation du gouvernement que vous y observiez en premier lieu.
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Sceptique
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