29 mars 2009
Grand-messes en tous genres.
Depuis des millénaires, suivant la pente ascendante de leur nombre et de leur prise de conscience, les hommes ont projeté vers le ciel ou les entrailles de la terre, leurs sentiments de gratitude, leurs protestations, leurs demandes.
Le bien et le mal qu'ils subissaient ne pouvaient provenir que de consciences comme la leur, mais séparées en bonnes et méchantes divinités.
Un premier progrès à consisté à attribuer à chaque divinité la versatilité et les tentations propres à l'être humain, ce qui a permis de simplifier les théogonies*.
Le suivant a été le monothéisme. Le mal provenait des colères du dieu unique, elles mêmes motivées par la turpitude des hommes. Mais il paraissait vraiment trop susceptible, et parfois carrément injuste. Il fallait donc lui associer un double malfaisant, pouvant endossser les malheurs du monde. Ce fut le diable, et sa cohorte d'agents tentateurs ou persécuteurs, selon les circonstances.
L'union faisant la force, l'addition des prières présumée plus convaincante, les hommes inventèrent les grandes cérémonies d'hommage ou de désaveu, susceptibles de plaire au Bien et de décourager le Mal.
Il ne faudrait pas croire que la vie moderne, la connaissance rationnelle de la nature et de sa brutale indifférence, le scepticisme à propos des vertus des hommes et de leurs inventions matérielles et spirituelles, a changé ce goût pour les grandes cérémonies expiatoires ou invocatoires.
Le Bien, le Mal, qu'ils soient exprimés par la Nature ou par l'Homme, ont toujours les mêmes attributs moraux. La Nature, fondamentalement bonne et soucieuse du bien de ses créatures, ne fait que se fâcher de notre ingratitude, tandis que les démons, attachés au Mal, soufflent aux hommes des utilisations de la Nature qui leur apportent un plaisir immédiat, mais qui finissent par courroucer la Victime des larcins.
Parmi les oeuvres démoniaques, il y a l'Électricité, d'abord accueillie comme une Fée, mais qui n'a pas tardé à devenir une drogue, exigeant toujours plus d'énergie et d'argent. Elle n'est pas la seule jouissance humaine à exiger toujours plus d'investissements et de dépense d'énergie. Une tendance concrète au réchauffement du climat a été mise sur le dos des excès de l'humanité, et de nouveaux pontifes ont mis au point les nouvelles grand-messes.
C'est pourquoi, hier soir, les hommes ont été invités à éteindre leurs lumières pendant une heure, à la nuit bien tombée partout, comme ça se passe en cette période d'équinoxe. Dans notre très exceptionnel hexagone, les prêtresses déléguées nous ont bien recommandé de NE PAS COUPER L'ÉLECTRICITÉ!
Car il y avait un autre suppôt du Mal en lice hier soir: Bels-au-but. On pouvait suivre le match de foot France-Lithuanie dans le noir.
Mais on avait besoin de Carabosse, la complice. Sensible à notre esprit de justice, Bels-au-but nous a fait gagner!
Sceptique
*Théogonie: nom de l'annuaire des divinités, propre à chaque culture.
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