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Sceptique
25 mai 2009

Claude Allègre au gouvernement?

J'écrivais il y a à peine deux jours que l'homme de science n'était pas préparé, par la rigueur de la méthode imposée à la démarche scientifique, à l'exercice de l'ambition, au compromis, au sens de la manoeuvre, qui caractérisent le "métier" d'homme politique. Il est chercheur. L'homme politique est chasseur, disais-je. Claude Allègre est un scientifique qui se distingue sur ce point. Sa passion pour la "chose publique" l'a rapproché du monde de la politique. Il a été un ami de Lionel Jospin, et il lui a apporté le concours de ses compétences. Professeur, il a été chargé du Ministère de l'Éducation Nationale. Omaha beach, Paris XVème! Il a été réformé, de force, couvert de sang, au bout de quelques mois. Son mentor politique a été obligé de la désavouer. Dur, dur. Lors des présidentielles de 2007, privé de "son" candidat Lionel Jospin, qui s'était retiré prématurément de la vie politique après le piteux résultat de 2002, ses convictions socialistes ne l'ont pas empêché de condamner la candidate Ségolène Royal, et de ne pas cacher sa préférence pour le candidat de l'UMP, Nicolas Sarkozy. "Comme, au fond de soi, on s'aime, si quelqu'un vous aime, on l'aime, par conformité de goût"*. Cette attitude lui a valu l'affection du Président Sarkozy, mais aussi une estime pour la large compétence du scientifique. Il a sûrement été sollicité d'entrer au gouvernement au titre de l'ouverture, mais a résisté à l'invitation. Il est régulièrement et discrètement consulté. Dans la perspective du prochain remaniement, Claude Allègre est de nouveau sollicité, et, cette fois, semble tenté d'accepter. Mais une mission sans rapport avec sa compétence scientifique.Il préférerait mettre en oeuvre sa réflexion politique sur les handicaps de l'économie française dans le champ de la mondialisation. Le problème que pose Claude Allègre est le nombre, dont je ne fais pas partie, de ses ennemis. Les enseignants, toutes catégories syndicales confondues, pour commencer. La nébuleuse écologique, ensuite, unie au moins par le dogme de la cause anthropique d'un réchauffement climatique que Claude Allègre admet. Sa position singulière est de douter de la responsabilité de l'homme, et surtout, de refuser toute régression forcée vers un modèle d'économie archaïque impliquant une misère mondiale. Cette vision d'un futur bucolique et frugal porté par l'utopie** écologique, partage avec toutes les autres utopies leur logique totalitaire et meurtrière. Elle va à l'encontre de la nature humaine...au nom d'une nature idéalisée dont notre espèce se serait détournée. Claude Allègre est de ceux qui refusent ce projet insensé, et en proposent un autre, mettant la science au service de l'homme du futur, alors que la religion écologique fait à celle-ci un procès inquisitorial. Dans un récent article du "Monde", une attaque venimeuse met en cause l'intérêt du scientifique pour le stockage du CO2 dans des pièges géologiques. Le commentaire met en exergue le coût, comme si l'adaptation de l'humanité au réchauffement et au renchérissement des combustibles fossiles ne devait pas se traduire par un supplément de dépense, mais aussi le principe même de la recherche d'une solution d'échappement à la FAUTE, et au DESTIN qui doit en être le châtiment. Il me semble que l'entrée dans le gouvernement de Claude Allègre va lui valoir un surcroît d'injures, et qu'elle va mettre en évidence l'ambiguïté de l'action du Ministère de l'Environnement, plutôt complaisante envers l'orthodoxie écologiste. Complaisance que je veux bien reconnaître comme "politique"***. Mais le monde profane ne reconnaît pas d'exception morale au bénéfice de LA politique. Sceptique *Paul Géraldy, poète du siècle dernier **Les utopies placent l'âge d'or dans le passé, ou dans le futur. L'utopie écologique situe l'âge à retrouver dans le passé, sans le qualifier "d'or". Ce qu'elle propose, c'est seulement la survie, le "bonheur" de survivre. ***"politique": au sens de tactique de chasse ou de pêche à la truite.
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