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Sceptique
7 juin 2009

De la prostitution au lait: la place des intermédiaires...

Au bas de la page 13 (Économie) du "Monde" du 6 Juin 2009, un titre qui ne laisse pas indifférent: "Les prostituées obéissent aussi aux lois du marché". Claire Gatinois, qui a rédigé l'article, a eu sous le nez une étude de deux professeurs de l'Université de Columbia, intitulée modestement "Analyse empirique de la prostitution de rue". La curiosité, que d'aucuns diront, "a priori", malsaine, des deux professeurs donne des résultats étonnants. Qui ne pense pas, dans le fond de son coeur, que ces femmes sont réduites en esclavage et exploitées par les "maquereaux"? Et, que faute de pouvoir extirper des sociétés cette activité professionnelle, il ne reste que la solution de les débarrasser de leurs parasites. Et bien, non!! Pour travailler moins et gagner plus, ces dames* ont intérêt à s'attacher la protection d'un souteneur. Les tarifs, non discutés, sont en moyenne supérieurs, permettant une modération des horaires de travail. Au fond, la relation avec le client, comporte, en arrière plan, celle plus rugueuse avec le proxénète** qu'un conflit sur le prix ou le paiement ne manquerait de faire intervenir. Les autres détails produits par l'étude me semblent hors du sujet de ce billet, inspiré par le rapprochement entre cet article et la situation encore "chaude" des producteurs de lait. Ceux-ci maugréent, un euphémisme, contre leurs "intermédiaires", coopératives et industriels de la transformation, sans oublier les "grandes surfaces" qui vendent les produits conditionnés par les précédents. Les grands coupables, les "conditionneurs", invoquent l'effondrement du marché mondial qui permet d'écouler l'excédent chronique de la production, rigidement stable. En cette période de crise, il n'y a pas à s'en étonner. Qui doit payer? Le moins fort, tiens! D'un côté, les producteurs de lait reçoivent de leurs vaches bien bichonnées une quantité journalière de lait que les sélectionneurs de races et de championnes ont porté au plus haut niveau. S'il n'est pas collecté et transformé, le lait est rapidement inconsommable, bon à jeter. De l'autre, les transformateurs sortent de leurs chaînes de fabrication du lait stérilisé qui a devant lui plusieurs semaines avant d'être interdit de vente. Il faudrait donc le même temps de blocage pour entamer sévèrement la valeur de leur stock. Il n'y a pas photo! Les producteurs piaffent d'impatience, les industriels attendent. Une certaine "contrebande" parvient à remplir les rayons spécialisés de telle ou telle grande surface. Les clients courent peut-être un peu plus, mais jamais en vain. Devant un tel rapport, inégal, de forces, les producteurs devraient-ils larguer les "intermédiaires"? Le ridicule d'une telle idée saute aux yeux. On ne voit pas notre société revenir au petit bidon d'aluminium qu'on va faire remplir par le crémier! Le porte-monnaie de l'État est encore ouvert et permet l'apaisement relatif. Il reste toujours suffisamment d'insatisfaits pour donner du travail aux reporters. Cela fait soixante ans que j'entends parler des "intermédiaires" qui empoisonnent la vie des agriculteurs toutes catégories (sauf les vignerons) et des pêcheurs. Sauf à revenir à la situation des années d'occupation, je ne vois pas comment on pourrait s'en passer. Il n'y a pas de doute, il faut "faire avec". Par contre, si les producteurs s'organisaient, créaient eux-mêmes un système d'assurance contre les fluctuations de prix et les déficits d'exploitation, ils pourraient supporter plus sereinement les aléas du marché. On peut toujours rêver! Sceptique *L'étude est sexiste! **idem
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