Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Sceptique
16 juin 2009

Lois de bioéthique et jurys citoyens

La page trois du Monde du 12 Juin 2009 méritait une lecture et une réflexion attentives. Car elle fait état d'innovations intéressantes à l'approche d'une révision des lois de bioéthique en vigueur, à partir du bilan qu'on peut tirer de leur application, et des questions posées par l'évolution de la société, laissées en suspens lors du précédent examen. Les parlementaires chargés de préparer le débat préalable avec les experts, ont été sensibles à la suggestion d'associer des citoyens ordinaires à une préparation un peu plus longue de la nouvelle rédaction de ces lois. Ainsi, des personnes ont été approchées, informées de ce qu'on attendait d'elles, et, si elles en étaient d'accord, ont suivi des séminaires qui leur ont fait rencontrer divers experts, biologistes, philosophes et psychanalystes possédant une compétence renommée sur ces questions récentes posées à notre société moderne: procréation médicalement assistée, diagnostic pré-implantatoire, anonymat du don de gamètes, mères porteuses, tests génétiques, entre autres. L'expérience d'une information approfondie, provenant de diverses sources, et débattue sans passion, a été, pour tous un bouleversement positif, un constat des limites de leurs opinions antérieures, un sentiment d'enrichissement personnel. Ils participeront, à l'occasion de réunions à huis-clos, à l'élaboration de rapports qui compléteront le travail des commissions parlementaires. On retrouve dans cette évolution, qui ne veut plus laisser la seule décision aux politiques et aux experts, la recommandation du philosophe André Gluksman d'élever le niveau d'information politique des citoyens, et la "démocratie participative" chère à la candidate socialiste Ségolène Royal. Le problème posé par ces excellentes idées est l'accaparement possible des débats par des lobbies correctement endoctrinés et prêts à tout pour imposer leur prêt-à-penser. Sans oublier la résistance et les manoeuvres possibles des professionnels de la politique tenant à leurs prérogatives, ou, pour certains régimes, le dernier mot donné à l'idéologie. C'est la réserve que fait le Professeur de sciences politiques Loïc Blondiaux, contributeur de la mise en pratique de ce nouveau principe de prise de décision. Une adaptation de "l'establishment" politique visant à neutraliser le résultat de ces messes citoyennes est toujours possible et justifiera qu'elles soient organisées par une autorité indépendante, problématique, même en démocratie. Subsiste aussi la question de la marge d'indépendance du décideur. Il n'est pas concevable qu'il s'aligne purement et simplement sur le résultat sorti du débat, qui conserve une dose d'aléatoire et d'incertitude. Il vaudra toujours mieux que le décideur politique assume la responsabilité finale de la décision. Sceptique Note additionnelle du 28 Juin 2009: À ma surprise, il n'est sorti aucune idée audacieuse de ces jurys citoyens, mais au contraire un désir de statu quo, d'immobilisme en matière de bio-éthique. Informée ou pas, la société française se confirme très conservatrice, dès lors qu'elle peut s'exprimer à l'abri de toute pression. Les responsables politiques en charge de dossier n'auront pas besoin de passer outre à des désirs audacieux.
Publicité
Publicité
Commentaires
Sceptique
Publicité
Archives
Derniers commentaires
Publicité