Signes d'appartenance religieuse et laïcité
Dans le Monde daté du 1er Août, Monsieur Farhad Khosrokhavar, Directeur d'études à l' EHESS plaide pour un retour sur nos règles de laïcité, qu'il estime responsables du développement du fondamentalisme, dont l'expression la plus visible est la burqa. Il explique que si nous tolérions le voile islamique dans nos services publics (police, administrations, hôpitaux, enseignement) nous favoriserions un islam modéré qui n'utiliserait pas ce signe pour afficher sa différence. Le port du voile ne refléterait qu'une option personnelle.
J'ai déjà écrit, dans ce blog, que je n'étais pas favorable à une répression du port de la burqa, malgré son caractère de provocation. Ne pas en faire cas, c'est mon point de vue.
En matière de port de signes d'appartenance religieuse, ordinaire ou exceptionnelle, notre tolérance est totale. Ces vêtements ou accessoires vestimentaires nous disent les convictions de ceux qui les portent. Le voile islamique est courant dans nos rues et lieux publics, la soutane nous indique que le prêtre qui la porte est intégriste, les juifs orthodoxes affichent leur costume et leurs accessoires sans problème, la tunique jaune des disciples de Hare Krishna est visible de loin. Les porteurs de ces "uniformes" ne sont pas agressés par les citoyens français ordinaires. Ce qu'ils en pensent intimement est leur affaire.
Mais, c'est vrai, ces signes vestimentaires ne sont pas admis de la part des agents de l'État, dans l'exercice de leurs fonctions. Rien de doit indiquer leurs convictions religieuses aux citoyens qui ont besoin de leurs services.
D'abord, il resterait à prouver que la tolérance est une prévention contre le fanatisme, ses discours, et ses actes. Beaucoup plus indifférents, et, par suite, tolérants, que nous, des pays d'Europe ont été punis de ne pas être musulmans. L'extrémisme religieux est univoque. Il se trouve qu'à notre époque et dans notre société, c'est l'extrémisme musulman qui s'accorde le droit d'agir.
La laïcité de nos institutions et services publics n'est pas ajustée au degré de conviction des adeptes des religions. Pourvu qu'ils ne se livrent pas à des agressions sur leurs coreligionnaires plus tièdes, ou sur les adeptes d'autres religions, par définition erronées, les intégristes ou fondamentalistes ont le droit de croire à ce qu'ils veulent.
Notre société a du faire des efforts de tolérance. Elle n'est pas spontanément accueillante à l'étrangeté, en général. Beaucoup de responsables se sont retranchés derrière la laïcité pour empêcher la construction de lieux de culte musulmans. Cette résistance est maintenant dépassée. La volonté politique se substitue à la réticence des électeurs. Pour tout, en fait.
Mais revenir sur nos principes généraux est impensable et sûrement inutile. La prévention ou la punition des passages à l'acte des fanatiques est l'affaire des polices. Elles sont, depuis quelques années, plus que très efficaces. C'est la bonne voie: la vigilance, les moyens les plus efficaces de la soutenir, l'intervention préventive.
À l'abri de ce parapluie, les fanatiques de tous bords, religieux ou politiques, peuvent pousser à l'extrême leurs utopies et leurs fantasmes, s'échanger leurs recettes d'extermination, de mise au pas des récalcitrants.Tant qu'ils en restent au verbe, il n'y a pas de mal*. La pensée fanatique fait partie des névroses. Mais dès qu'ils concoctent un attentat, un sabotage, un meurtre spectaculaire, les services de sécurité, en alerte permanente, doivent intervenir. Pour le moment, il n'y a rien à dire.
Sceptique
* Le jeune Coupat et son amie avaient mal (ou trop bien) choisi leur lieu de promenade. Les vrais auteurs des sabotages de caténaires les ont laissés croupir en prison. Les Rouges se sont mis au Vert!