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Sceptique
9 août 2009

Amour-sans-frontières: Attention, Danger!

C'est une maladie fréquente, dont les formes vénielles sont les plus nombreuses, heureusement pour ceux qui en sont atteints, mais dont les formes sérieuses peuvent valoir à des victimes de sérieux ennuis, de longue durée, ou, parfois, une mort prématurée.

Elle se caractérise par une passion brûlante pour une culture, une langue, étrangères, ou pour une cause qui mobilise la compassion, ou, ce qu'on appelle, plus globalement, la charité*.

C'est ce qui est arrivé à la jeune Clotilde Reiss, passionnée par la culture iranienne, et partie en Iran pour s'immerger dans la vie de son peuple.

Quelques mois à peine après qu'elle ait mis le pied en Iran, s'est déclenchée la révolte de la jeunesse pensante du pays, n'en pouvant plus du pouvoir des dévots, et aspirant à la liberté de conscience et de penser. Mais les dévots avaient vu venir le coup, et ils ont fait en sorte de l'esquiver. Une fraude électorale évidente et massive leur a permis de se proclamer vainqueurs. Mahmoud Ahmadinejad a été reconduit à la Présidence avec la bénédiction de l'Ayatollah-en-chef.

On se doute que la jeune fille ne fréquentait que des jeunes intellectuels, de son niveau de culture, et dont elle partageait le malaise, la frustration, le désir d'un changement. Elle a donc accompagné leur mouvement de révolte, elle est descendue dans la rue avec eux, et elle a diffusé "Urbi et Orbi" son témoignage, illustré de ses prises de vue par téléphone portable. Dès que le pouvoir a repris les choses en mains, celles-ci se sont abattues sur les épaules de Clotilde Reiss, qui s'est retrouvée en prison, avec une accusation d'espionnage.

Elle n'était pas partie en Iran pour y trouver l'auréole du martyr. Son amour pour les iraniens ne comprenait pas cette perspective. Il est évident que les interrogatoires, les accusations gravissimes, le climat général de répression de la jeunesse instruite de l'Iran, ont brisé la jeune fille. Avec un regard vide, elle avoue tout ce qu'on lui a intimé d'avouer, y compris l'implication de la représentation française. Elle regrette et demande pardon. Si elle avait su, elle n'y serait pas allée. La publicité donnée à son humiliation constituera un avertissement pour tous ceux qui se sentiraient une âme iranienne.

Il faut souhaiter qu'une fois l'orange vidée de son jus, l'écorce sera rendue à la France, pour de bon rangée parmi les ennemis du régime iranien. Que faire si ce n'est pas le cas? Rien, me semble-t-il. L'affaire des otages américains de 1979 montre que ce régime ne pratique, ni le respect des hommes, ni les bonnes manières internationales. L'avantage de faire parler Dieu, c'est qu'il est très complaisant.

L'espoir, c'est que, bien que victorieux et dûment labellisé, le pouvoir des mollahs ne semble pas en avoir fini avec la résistance interne. Les fissures ne se referment pas, elles continuent à saigner. Sous leurs pieds bottés, le magma continue de bouillonner, cherchant une issue.

Il faudra que les nations occidentales se retiennent de toute action exploitable par ce régime pour ressouder le peuple iranien autour de lui. Nous sommes heureusement dans une phase où la raison prévaut, après une série de foucades coûteuses et meurtrières.

Sceptique

* Je fais un parallèle avec l'organisation humanitaire l'Arche de Zoé, trompée, piégée, et humiliée par une parodie de procès, au résultat cousu d'avance. Piégé lui-même, le gouvernement français n'a pas pu empêcher la comédie, jouée jusqu'au bout, y compris après le retour des condamnés en France. Voilà des gens dégoûtés à jamais de l'action humanitaire, et, qui plus est, interdits de sortie du territoire, le Tchad prétendant se faire payer les énormes dommages et intérêts fixés par le tribunal. Il fait encore bon vivre en France. C'est une consolation.

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