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Sceptique
14 août 2009

Obama et le libéralisme américain

De plus en plus souvent, la Presse française pointe "l'érosion" de la confiance en Barack Obama et de sa popularité. Une certaine jubilation à parler de ses mécomptes, sourd de quelques titres. Il faut bien que l'inattendu et populaire successeur de G.W.Bush montre ses faiblesses d'homme politique, se heurtant à la résistance d'hommes ordinaires, défendant égoïstement leur intérêt particulier, contre l'intérêt général. En France, on devrait être bien placés pour comprendre ça.

Parmi les problèmes que le candidat Obama avait promis de prendre en charge, il y avait celui de la santé. La première puissance du monde a un système de santé très coûteux, très avancé dans les domaines de pointe, mais inabordable à une partie notable de la population américaine ( 47 miliions, 15 à 16%). Les résultats globaux, entre les personnes aisées qui peuvent se soigner, et celles qui ne se soignent pas du tout, représentent 16%du PIB, mais ne situent le niveau sanitaire des États-Unis qu'au 37ème rang de la classification de l'OMS.
Un système d'assurance général et public, comme nous en connaissons dans toute l'Europe, est toujours impensable aux U.S.A. Parmi l es projets d'Obama, figurait la création d'une assurance publique, entrant en concurrence avec les assurances privées.

Car celles-ci n'ont qu'une préoccupation de rentabilité, et refusent les contrats avec des clients pauvres ou de mauvaise santé, quant elles ne rompent pas immédiatement le contrat après plusieurs années, dès que le client tombe malade.

Obama veut que chaque américain puisse s'assurer, soit auprès d'une assurance privée, soit auprès d'une assurance publique, qui serait une extension du Médicare existant déjà pour les personnes âgées. Il compte sur la concurrence pour modérer les prétentions des assureurs privés. Il veut également interdire aux assurances privées de refuser des contrats ou de les faire payer plus cher aux clients à risques.

Que les premières contre-attaques vigoureuses soient venues des parties prenantes, professions de santé et assureurs privés, il n'y a rien d'étonnant. Notre propre partage entre l'exercice libéral des principales professions de santé, et d'une institution publique d'assurance maladie, se traduit par un conflit permanent d'intérêt entre les deux parties, arbitré par un État qui ne peut être neutre, puisqu'il co-gère le financement. Mais, chez nous, les assurés, qui s'en souviennent quand ils sont malades, ne prennent pas vraiment part au conflit . Ils ne sont pas représentés "es qualités" dans les négociations.

Ce qui est particulier aux États-Unis, c'est la prise de position très passionnée, très violente, d'une partie de l'opinion, conservatrice, évidemment, mais aussi démocrate, selon ce qui en est rapporté. L'argument qui me parait le plus significatif ou le plus spécifique se rapporte à la société: il ne faut pas qu'elle devienne "socialiste", à l'égal de l'ex-Union Soviétique, épouvantail des américains, depuis toujours. Cette préoccupation semble passer avant toute autre, comme l'état déplorable de l'état sanitaire de la partie pauvre de la population.

Il serait trop facile de taxer cette prise de position d'égoïsme de classe, même si nous serions prompts à le soupçonner. C'est plutôt un cramponnement au modèle américain d'initiative et de réussite individuelle. Celui qui réussit doit en profiter pleinement, avec le moins de partage possible, et assume alors, sans aide, tous les avatars de la vie, tandis que ceux qui échouent n'ont droit qu'à la charité chrétienne minimum, alimentée par les bonnes oeuvres individuelles et collectives, librement consenties par les donateurs*.

Dans son ensemble, la société américaine affiche une conscience tranquille. Elle en est encore au "aide-toi, le ciel t'aidera", formule qui crée une logique particulière. Elle ne peut pas reconnaître l'insuffisance chronique du principe, les deux variables restant faibles ou nulles.

Il est dit que, déjà, Barack Obama a lâché du lest, que le réalisation sera en retrait sur l'ambition du projet.

Allons, ayons le courage de ces mots qui nous sont si familiers: "comment peut-on être américain?"

Sceptique

Source principale:L'Expansion.com, du 13/08/2009

*La télévision a montré, à l'appui du projet de Barack Obama, une grande opération de médecine et dentisterie gratuites, organisée dans un stade de Los Angeles, par une ONG médicale américaine.

 

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Commentaires
S
Mais il n'y a pas seulement l'histoire de l'immigration. Il y a aussi l'influence du protestantisme. Alors que le catholicisme, fidèle aux évangiles, porte le même jugement sur la réussite individuelle que le Christ:"Il est plus difficile, pour un riche....", le Protestantisme, qui a élérgi sa base à l'ancien testament, fait de la réussite un don de Dieu, mais en même temps, bien sûr, un devoir de charité, par l'action philanthropique ou le mécénat. Le riche reste cependant seul juge de ce qu'il fait de son argent.<br /> Vous serez d'accord avec moi sur le fait qu'il n'en est pas de même dans notre pays, ni culturellement, ni légalement. L'argent se cache, ou se tire!
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L
Comment peut-on être Américain ? Mon cher Sceptique, la réponse est très simple : il suffit d'être Américain et de descendre, culturellement parlant, cela va de soi, des pionniers qui ont fait l'Amérique et des immigrés d'Europe, qui crevaient la dalle, qui sont venus dans l'espoir d'assurer leur avenir par leur énergie individuelle, tandis que leurs cousins restés en Europe, qui crevaient un peu moins la dalle, mettaient leur espoir dans l'action collective, le syndicat et l'État, espoir dont on connait à quelles catastrophes ont conduit les dérives extrémistes, débordements qui n'ont jamais été atteints aux USA.
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Sceptique
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