Afghanistan: le courage, entre la terreur et la condescendance
Malgré toutes les menaces des talibans, qu'on disait aux portes de Kaboul, les afghans et les afghanes ont bravé la mort et sont allés voter, pour le principe plus que pour ce qu'ils en attendent, ce qui est doublement méritoire.
Pour le moment, sauf une attaque qui a provoqué la mort d'un adolescent, il n'a été fait état d'aucune action de représailles sur les populations civiles. Il est vrai que le gouvernement afghan ne voulait pas d'informations ou de commentaires susceptibles d'amplifier le climat de peur. Il ne manquera pas de commentateurs, hors d'atteinte du gouvernement de Kaboul, pour dire que cette absence d'actions punitives est suspecte.
La question insistante et insidieuse qu'on retrouve dans la presse (française, au moins), c'est: "à quoi bon?", "qu'en sortira-t-il", "il y aura moins de participation qu'en 2004", "le gouvernement est corrompu", "les chefs de guerre sont tout puissants", "l'économie repose sur le trafic de drogue, lequel est en collusion avec les talibans", etc, etc.
Il faut chercher pour voir, ça ou là, les chiffres de l'amélioration de ce pays en guerre: mortalité néo-natale et infantile en baisse, élévation du PIB, droit de vote des femmes, élévation du taux de scolarisation des enfants(35% des filles seulement). Le défaitisme des médias fait de l'ombre à ces résultats qui ne sont pas croustillants.
Alors? Tous ces gens qui ont montré tant de courage, démentant leur apparence de fatalisme ou de neutralité prudente, on les laisse tomber, on les rend à ceux qui veulent être leurs maîtres?
Il me semble qu'ils méritent nos efforts et nos sacrifices. Qu'ils donnent à leur cause plus de vies que nous, bien armés, bien protégés dans nos blindés (assez vulnérables, quand même) et nos camps retranchés. Qu'on affine nos méthodes de combat, qu'on use l'adversaire jusqu'à ce qu'il reconnaisse la vanité de ses ambitions. Après, ce sera au tour de la politique de trouver le compromis honorable, garantissant l'Afghanistan contre un retour en arrière.
Sceptique