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Sceptique
14 septembre 2009

François Hollande au Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro

 

François Hollande, invisible pendant ces derniers mois, absent des conflits qui ont déchiré le Parti Socialiste depuis le Congrès de Reims, faisait donc sa rentrée hier soir, comme invité de cette émission redoutable, mais combien prestigieuse par sa sévérité, cruelle, même, pour un homme politique (ou une femme, aussi).

Sa posture était celle d'un homme qui se voulait sérieux, calme, solide. Un "présidentiable" pour tout dire...sans le dire.

D'abord harcelé sur la question de l'élection controversée de Martine Aubry au Secrétariat Général du P.S., au détriment de Ségolène Royal, son ex-compagne et rivale, il revendique posément la qualité vérifiée et approuvée de cette élection, pointant l'absence de toute information vérifiable dans le brûlot récemment publié. À l'unisson de tous les responsables du Parti Socialiste, sauf, peut-être, pour le moment, la victime de la supposée arnaque, Ségolène Royal.

Ce qui m'est apparu comme l'essentiel, c'est la part donnée aux éléments du programme qui serait le sien s'il était désigné comme candidat du Parti Socialiste, en 2012. Du Parti Socialiste, il insiste bien. Un candidat unique de la Gauche au premier tour est encore impensable. Son rassemblement au deuxième tour, oui.

Que son programme soit l'antithèse de celui actuellement mis en oeuvre par Nicolas Sarkozy, n'a rien de surprenant. Il est facile d'être dans l'opposition, puisqu'il suffit d'affecter d'un signe "moins" tout ce qui est en cours. L'énorme déficit de l'État, aggravé par la crise, est la cible essentielle. Puisque la Droite ne veut pas le résorber par l'impôt immédiat, mais par la supputation d'une reprise qui ferait de nouveau couler les fontaines de l'impôt indirect, lui, très logiquement, annonce la politique inverse. Les impôts directs seront rétablis à leur niveau antérieur, et les "niches fiscales" seront supprimées.

Les "niches fiscales" sont l'invention de gouvernements de droite qui ne peuvent s'attaquer à un principe fondamental: les citoyens ne doivent pas avoir la libre disposition de leur revenu. C'est l'État qui fixe le minimum au delà duquel aucun impôt direct ne peut être prélevé. Il est évident que les très bas revenus ne disposent d'aucun euro au profit des oeuvres humanitaires ou d'un mécénat quelconque. Ils n'ont pas davantage d'argent à consacrer à une aide familiale. Les familles concernées n'ont recours qu'aux services publics pour la garde des enfants ou l'assistance à la personne en cas de handicap grave. À partir d'un certain seuil, l'impôt est calculé sur le revenu brut, diminué forfaitairement de 10% pour les frais occasionnés par l'exercice habituel de la profession. Si ces frais dépassent 10%, il faut le justifier.

Les "niches fiscales" ont eu pour intention, et pour effet, de prendre en compte des dépenses déclarées, soumises alors aux prélèvements sociaux, ce qui alimente les caisses de sécurité sociale, de chômage et de retraite, et renseignent les administrations sur les revenus des personnes employées. Elles encouragent les dons aux oeuvres caritatives, nationales et internationales qui sont une tradition très enracinée dans la société française, qui n'a pas que des défauts. Elles prennent en compte des actions de mécénat ou des investissements à risques dans les DOM-TOM, qui ont des besoins d'argent supérieurs à ce que peut donner l'État. Déduire simplement de son revenu, sans limitation, ces sommes qui servent de salaire et de charges sociales à une personne, ou qui sont données à des associations qui s'occupent des personnes en difficulté, ou à d'autres qui s'occupent de la restauration de monuments dégradés, est impensable pour notre système fiscal. Alors, pour rendre plus transparents, et pour augmenter ces mouvements d'argent, L'État s'associe aux citoyens:"Vous donnez dix euros? Je vous en rembourse cinq, ou même sept-cinquante! Mais n'exagérez pas. Pas plus de tant!"

Il n'en reste pas moins que les citoyens sont mis en position d'ordonnateurs des dépenses de l'État, sans contrôle préalable.

François Hollande et tous les candidats potentiels de l'opposition (y compris l'homme seul François Bayrou) s'engagent à mettre fin à ce système et sont présumés assumer les conséquences de sa suppression*. Il ne semble pas qu'ils veuillent lui substituer un système plus sain. François Hollande, cependant, semble d'accord pour alléger les charges qui pèsent sur le travail et qui handicapent notre économie, dont il reconnaît la place essentielle. Mais sur ce point, quelles concessions sera-t-il amené à consentir à une extrême-gauche qu'il veut associée à son action, et qui est hostile au système économique en vigueur en Europe, dans le monde libre, et même dans celui qui ne l'est pas?

Sceptique

*Ce n'est que ma propre déduction, car François Hollande ne les évoque pas. On supprime, point barre.

 

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