Halte aux ambitions effrénées des jeunes!
C'était le défaut de notre ancien régime. Pourvu qu'ils fussent bien nés, les hommes jeunes pouvaient prétendre aux plus hautes fonctions. La notion de compétence ne concernait que la roture.
C'est ainsi que Marie Joseph de Motier, Marquis de Lafayette, Capitaine à 18 ans, partit sans autorisation et à ses frais pour l'Amérique, à 19 ans, et offrit ses services aux chefs des insurgés*. Il opéra en Virginie, sur le mode de la guérilla, tellement ses forces étaient inférieures à celles de l'anglais Cornwallis. Comme on dit, ce dernier "apprit à le connaître". Il participa, se joignant aux armées de Washington, de Rochambeau (expédition officielle de Louis XVI) et de l'escadre de l'Amiral De Grasse, à la victoire de Yorktown.
La République reçut en cadeau Napoléon Bonaparte, breveté lieutenant à 16 ans, chaud partisan de la Révolution à 20 ans. On connaît la suite tumultueuse, et les torts que l'ambitieux fit à la République, qui dut faire une pause de trois quarts de siècle. Entre-temps, quand même, le pouvoir était entre les bonnes mains des vieux, des plus de quarante ans.
Depuis, il fallait avoir fait ses preuves avant d'accéder aux responsabilités. La majorité ne fut longtemps qu'à 21 ans. Si Polytechnique était accessible avant cet âge, c'est parce que c'était une école militaire, où la chair fraîche est toujours appréciée.
Jusqu'à nos jours maudits, l'ancienneté, la maturité avancée, la cinquantaine bien tassée, constituaient l'âge minimum pour atteindre le niveau ministériel.
On frôla le scandale dans les années 1980 quand un énarque surdoué, Laurent Fabius, devint Premier Ministre à 37 ans. Depuis, avec un paquet d'années en plus, son allure est nettement plus rassurante**.
Mais de nos jours, un vrai danger pointe le bout de son nez. Notre président avait un peu plus de cinquante ans quand il fut élu, et sa challengère était dans ces eaux là***.
Et c'est justement le fils du Président, élu conseiller général à 21 ans, qui défraye la chronique par sa candidature à la présidence du conseil d'administration de l'EPAD****. Il n'a que 23 ans, et n'est même pas énarque.
Sauve qui peut, la monarchie revient, chante le choeur des têtes grises ou dégarnies(c'était beau et rassurant à voir, à la télé!).
Sceptique
*C'est la dénomination que donnent leurs descendants à ceux qu'ils combattent, en Afghanistan.
**Il a, malheureusement pour lui, persisté dans le mauvais choix politique. Pour être juste, les électeurs français aussi!
***La dite challengère, Ségolène Royal, attaquant d'abord cette promotion suspecte, a ajouté:"après tout, s'il réussit, comme son père...". Elle a du penser à sa propre jeunesse, dans les coulisses de l'Élysée, et à ses premières armes ministérielles. Et puis, elle a des enfants, dont elle est sûrement fière.
****Établissement Pour l'Aménagement de la Défense.