Éric Besson au Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro
Éric Besson a une place particulière et peu enviable dans le Paysage Politique Français. Il est celui qui fait le méchant boulot, au service d'un Président auquel il a donné sa confiance, comme Saint-Paul l'a donnée à son ex-ennemi, à la suite d'une nuit mémorable.
Son triple méfait étant encore tout frais, et sans doute la cause de son invitation, acceptée pour la renommée de l'émission et l'occasion de s'expliquer, c'est sur cette participation à un charter franco-britannique qu'il a été immédiatement interrogé. On se dit que si Gordon Brown était invitable au Grand Jury, tant pour sa capacité à comprendre les questions, qu'à y répondre en langue française, il passerait une très mauvaise heure. Il y a du bon à être anglais*.
Méchant ou sale boulot, ai-je dit. Une députée UMP (ça porte mieux) a déclaré que si l'un des rapatriés de force était assassiné, il en porterait toute la culpabilité. C'est toute la politique qui est un sale boulot dans ce cas, car un lien symbolique relie tout événement dramatique survenant en France ou l'impliquant, comme le serait l'assassinat d'un afghan expulsé, au pouvoir politique, et aux lois et institutions sur lesquels il s'appuie. "Mais que fait le gouvernement?", "Mais que fera-il?", "Mais qu'a-t-il fait?". Crime ou tempête, c'est la même chose.
Le ministre est obligé d'invoquer la responsabilité politique et la solidarité gouvernementale. Chargé d'écoper la barque France avec une petite cuiller, il doit accomplir 27.000 fois le même geste entre le 1er Janvier et le 31 Décembre. Il lui en reste encore 6.000, et nous sommes à la fin Octobre. Il va avoir des crampes au bras et à la main!
Il est sûr que cette "raison d'État" fait frémir, offre le flanc à toutes les attaques, sincères, compassionnelles, ou hypocrites, programmées, systématiques. En la matière, il y a du politiquement correct. L'incorrect se déverse sur Internet. Mais, chut!
Jean Sarkozy? Ses ambitions? Son renoncement? Eric Besson estime qu'il a fait ses choix et pris ses décisions, seul. Qu'à l'occasion du débat public, la valeur personnelle de Jean Sarkozy a été reconnue. Il n'est pas "que" le fils de son père.
La Presse a-t-elle pris la place de l'opposition? Difficile de répondre franchement à cette question. Les trois représentants de la corporation n'aimeraient pas qu'il leur soit répondu "oui". Où est la limite entre le zèle de la presse à donner la bonne information et l'avantage d'être dans le vent? De quel côté se situe l'intérêt de la profession? De celui des verges, ou de la brosse à reluire? Pas besoin de faire un dessin!
On peut se passer des autres sujets abordés. Éric Besson défend les choix du gouvernement, la philosophie générale qui sous-tend sa politique. Il se défend aussi, à l'occasion, avec habileté et sincérité, acceptant même d'assumer une position coquine révélée par son ex-femme**. Mais, pour autant, il ne se juge pas inapte à toute fidélité, vertu difficile à maintenir, "perinde ac cadaver"***, en politique.
Sceptique
*Tony Blair aurait pu faire bonne figure. A-t-il jamais été invité?
**Il n'y a pas beaucoup d'hommes d'aujourd'hui, qui ne portent pas une ceinture garnie d'un ou plusieurs pétards télécommandés. L'explosion n'est pas mortelle, mais il faut aller se changer!
***Caractère essentiel du serment des jésuites. Leur souplesse humaine en est le contrepoint.