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Sceptique
30 octobre 2009

Astérix et Obélix: au secours de "l'identité nationale"?

Je me suis rendu compte que le cinquantenaire des personnages de Goscinny et Uderzo qui ont enchanté mes enfants et petits enfants, tombait vraiment "à pic" en ce moment où est lancée par le Président de la République et son Gouvernement, une réflexion sur "l'identité nationale".

Les fictions, comme les contes et légendes, depuis toujours, les bandes dessinées et les dessins animés depuis un siècle, me sont toujours apparues comme les recherches de compensation, par l'être humain, de sa faiblesse réelle, de son destin de souffrance et de mort. Ses héros sont réellement invincibles et présumés immortels. Leur mort est rarement décrite, une légende est remplacée par une autre.

Les nouveaux modes d'expression ont amplifié les possibilités de l'imagination, la recherche du comique a libéré de nouvelles audaces. Il arrive à ces personnages des mésaventures et des accidents dont aucun homme ou animal ne sortirait vivant. Le rire provoqué nous redonne le moral.

Astérix, Obélix, et tous les habitants de Petibonum, dopés par la potion magique du druide Panoramix, annulent, par leur résistance, la conquête romaine de la Gaule, pays de nos ancêtres. Nous n'avons toujours pas digéré cette histoire, et nous nous en consolons comme nous pouvons.

Non seulement Goscinny et Uderzo ont effacé ce malheur, mais leurs héros, une fois leur mission accomplie dans l'hexagone, sont partis tailler des croupières aux romains* tout autour du "Mare Nostrum"** La veine comique des deux auteurs ne s'est jamais épuisée, masquant le fond du message, et permettant à la fiction gaulo-gauloise, à usage strictement interne, de séduire bien au delà de nos frontières, jusque et y compris les descendants des romains humiliés. 

Tant il est vrai qu'à part notre langue et notre droit, il ne nous reste pas grand chose de notre appartenance à l'Empire romain pendant plus de quatre siècles. Nos institutions politiques doivent plus aux traditions des barbares germaniques qui ont pris la relève, en la personne du roi Clovis, pour commencer. Leur modèle est le seul à être relativement capable de faire tenir un ensemble qui ne rêve que d'en découdre. Et la malheureuse expérience de la décentralisation semble bien devoir exacerber cette tendance profonde à la division, de notre nation.

Nous ne rigolons pas quand nous nous haïssons pour de bon, et après tout, mais je n'y crois pas trop, nos héros fictifs pourraient nous aider à prendre conscience du ridicule de nos postures.

Vivent Astérix et Obélix!

Sceptique

*Les auteurs ont l'honnêteté de faire de la Potion Magique la condition "sine qua non"(en romain). Le statut particulier d'Obélix en fait le pivot de la victoire annoncée. Les autres héros, physiquement dopés, ajouteront l'intelligence qui manque au gros costaud.

**"Mare Nostrum", nom "politique" de la Méditerranée, une fois réalisée la conquête par l'Empire romain de toutes les terres qui l'entourent. 

 

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Commentaires
S
Les menhirs d'Obélix sont anachroniques en tant que pierres taillées, mais la représentation phallique est...massive.
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P
Les Celtes n'ont jamais taillé de Menhir et la Bretagne était à peu près déserte à l'époque de Jules César.<br /> Les mégalithes datent de 3500 ans avant J.C, et les Britons se réfugièrent en "Bretagne" au V° et VI° siècle après J.C. lors de l'invasion de la Grande Bretagne par les Angles et les Saxons.<br /> La symbolique de "L'obélisque" semble par contre intemporelle vu le succès de son histoire.
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S
Nous avons tort l'un et l'autre. Petitbonum et Babaorum sont les noms de camps retranchés romains qui assiègent le village (d'Armorique) rebelle, apparemment sans nom.<br /> Quant au christianisme, il ne s'est imposé qu'à la fin du 4ème siècle, par la conversion de Constantin et sa décision de faire du christianisme la religion officielle de l'Empire.<br /> La situation déterminante, c'est que l'Église resta le seul corps constitué dans la débâcle de l'Empire, envahi par les "barbares", et qu'à ce titre elle fut le rempart de la population civile face aux envahisseurs. La conversion de Clovis lui donna un avantage sérieux. Las Francs restèrent les maîtres de la Gaule romaine.<br /> Je suis tout à fait d'accord avec vous sur l'imprégnation de nos mentalités par le christianisme, indépendamment de la foi. Les siècles qui suivirent renforcèrent encore plus son influence*. <br /> <br /> *Je lui attribue nos difficultés avec la liberté.
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L
Je n'ai pas de référence sous la main, mais n'était-ce pas Babaorum plutôt que Petibonum ?<br /> <br /> Il reste à notre culture un truc de l'empire romain bien plus énorme que tout ce que nous ont légués les aristocraties des tribus germaniques : le christianisme, la chrétienté, appelez le comme vous voulez... Notre culture, même la plus laïcarde, en est imprégnée jusqu'à la moelle.<br /> <br /> Dans aucune autre culture vous ne trouverez cette attention aux pauvres et aux faibles que nous a léguée le christianisme. Sauf dans le bouddhisme peut être, on trouve plutôt, selon les cas, indifférence, fatalisme, mépris, voire cruauté, etc.
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E
Et vive "Agecanonix", "assurancetourix" ainsi que les autres héros du village et vive les gauloiseries de bon aloi en ces temps de spleen et de morosité et vive... <br /> "Sceptix" !! qui inlassablement nous propose des sujets bien éclectiques.<br /> <br /> Erix
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Sceptique
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