Burqa, objet de ressentiment
Préambule (du 24 Décembre 2009): Il est exact que le débat sur l'identité nationale et celui qui concerne la visibilité offensive d'une partie de la communauté musulmane, se mélangent, bouillonnent, font sortir des peurs et des haines, éveillent des inquiétudes, des crispations, chez tous les musulmans. C'est une boite de Pandore. Mais, ce qui est sorti de la bouche, on ne peut plus l'y faire rentrer.
Si des citoyens français interrogés le disent, c'est qu'ils le pensent. Et il faut bien les entendre. Cette écoute permettra, peut-être, de sortir des idées fausses sur le peuple français, dont tout bon politique se gargarise. Non, les français ne sont pas des anges, des petits saints, mais pas non plus le contraire, des monstres assoiffés de sang impur*. Les hommes politiques, les partis, ont le devoir d'apaiser, de dédramatiser, d'offrir des solutions sages aux citoyens inquiets ou irrités. Mais ils n'ont pas le pouvoir de "démissionner" le peuple.
Pour le moment, conformément à leurs propres traditions, les hommes politiques se laissent aller à mettre de l'huile sur le feu, ou veulent immédiatement l'étouffer.
Il sera préférable de se rappeler notre histoire, et aussi celle des religions qui ont déchiré le monde européen et les nations qui le composent. Les schismes et les croisades, les massacres, les persécutions aiguës ou chroniques, ont rempli nos histoires tout au long des siècles. Les dernières guerres de religion européennes ne sont assoupies que depuis une petite vingtaine d'années, ou moins. Les religions, dans l'état actuel de l'humanité, sont toujours un mal nécessaire. Hélas.
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Président du Groupe parlementaire UMP à l'Assemblée Nationale, Jean-François Copé, député, donc, et maire de Meaux, vise loin, assez loin, même, puisqu'il a un âge qui lui donne du temps. Mais il a quand même besoin de ne pas laisser s'endormir, ou l'oublier, les médias.
Il avait été un des premiers à s'émouvoir de l'épiphénomène de la burqa, voile noir intégral arboré par des femmes musulmanes obsédées de pureté, faisant valoir, par leur tenue, la putasserie présumée des autres. Et il avait immédiatement emboîté dans la promesse d'une loi prohibant le costume.
Les français constituent un peuple toujours divisé, jamais indifférent, mais capable de retrouver une unité sur des images glorieuses, comme celle de notre cavalerie, en particulier. Nous avons toujours aimé le combat à cheval, nous l'avons perdu face aux archers anglais, mais le Maréchal Murat, compagnon de Napoléon Bonaparte, lui a redonné tout son panache. Le deuil du cheval, imposé par la technologie militaire, celle des mitrailleuses, en particulier, a été des plus douloureux.
Il ne nous reste donc que la solution de "monter sur nos grands chevaux", dès que l'occasion se présente, c'est à dire, heureusement, souvent. Ecuyères et écuyers rivalisent en vitesse de montée en selle et de poussière soulevée par les sabots de leur dada.
Le cheval et la burqa forgeant miraculeusement l'unité de la classe politique, celle-ci a formé une Commission d'enquête parlementaire, qui consulte sagement et posément toutes les personnes qui ont un avis motivé sur cette question délicate. Il y a des questions, comme celle-ci, où on sent bien qu'il ne faut pas partir "à bride abattue". De plus, et c'est rare, les parlementaires de tous bords sont des hommes modernes, dont le discours est expurgé de tout machisme. Ils sont unis dans leur réprobation de la burqa, en tant que signe de soumission de la femme à la domination masculine.
Si c'est vrai dans les pays soumis à l'islamisme pur et dur**, ce n'est, à mon avis, pas le cas, pour ces quelques centaines de femmes qui se drapent de la tête aux pieds, à la vue de tous. Selon les déclarations de ces femmes aux journalistes qui les harcèlent avec respect, elles en rajoutent, et ne nient pas la provocation. Les maris, qui, parfois, marchent DERRIÈRE elles, sont accrochés par le nez, par un fil invisible. Il y a dans toutes les cultures des hommes impossibles, de vrais tyrans. Mais les moutons qui filent doux sont infiniment plus nombreux. Il y a de bons auteurs, bien placés pour le savoir, qui en ont parlé d'abondance. "Ce que femme veut, Dieu le veut", est traduisible en arabe.
La commission prend son temps, rassemble les convictions, les certitudes, les doutes et les craintes, pour en faire une synthèse qui risque fort d'être "chèvre-chou". Mais ne pas tomber dans un piège n'est pas un signe de faiblesse.
Mais ce ne serait pas "voyant". Si la sagesse peut être collective, la gloire se partage moins facilement. Elle s'accompagne, pour un homme ambitieux, d'une inégalité foncière qui lui convient mieux.
En matière de gloire, il sert de courir, et il convient de partir à temps. Jean-François Copé a planté là l'infanterie, et galope vers sa renommée.
Sceptique
*"Qu'un sang impur abreuve nos sillons". Quand Rouget de l'Isle a placé ces paroles dans le chant de guerre qui est devenu notre "Marseillaise" et hymne national, il les a puisées dans l'opinion de son temps. Ce qui est comique, c'est que nous avons renié le fond, sans changer la forme!
**Mahomet a recommandé de voiler les femmes, à cause de leur capacité à faire tomber les hommes dans le péché, à commencer par lui-même. Le voile est donc, à l'origine, pour les hommes, pour la sauvegarde de leur vertu. Cette précaution contre la faiblesse masculine a été vite dévoyée.
à suivre: La trêve des confiseurs! Jusqu'au Samedi 27/12/2009.