CHINE, "en travers du gosier"
Atelier du monde, fournisseur à bas prix de toutes les fantaisies des consommateurs occidentaux, du high tech aux joujoux, grâce à une main d'oeuvre habile, docile, et peu exigeante, la Chine aurait du être LA première victime de la crise, proche de la faillite, qui a frappé le monde occidental, son client.
Il n'en a rien été. En bon ordre, l'économie chinoise, capitaliste et socialiste, tout à la fois, s'est tournée vers son marché intérieur, auparavant sacrifié à la clientèle étrangère. "Pleine aux as", elle a fait son marché dans un Occident où des affaires "en or", de haut niveau technologique, étaient ruinées et à l'encan. Ses engagements internationaux n'étant que chiffons de papier, elle n'en tient compte que quand ça l'arrange, sûre de l'impunité. Les pays d'Occident, États-Unis en tête, se relèvent à peine de la crise dont ils sont responsables, et ont un besoin "incontournable" de la Chine, de ses capitaux, de ses investissements, de ses produits bon marché de consommation courante, dans un rapport de réciprocité qui penche de manière vertigineuse vers la Chine.
Le nationalisme, ensemble de sentiments dont il n'est pas bon d'être l'objet, puise son énergie dans le succès. D'avoir maintenu un taux de croissance à 9% dans un monde en récession est un exploit. Les moyens pas très loyaux d'y parvenir ne font prendre de risque d'aucune rétorsion. Les protestations ne sont que verbales. Le rapport de forces est pour le moment clair. "Sûre d'elle et dominatrice", la Chine se moque de nos critiques; et rajoute même quelques louches de provocation.
Elle condamne à de lourdes peines ses opposants qui rendent publiques des exigences "exorbitantes", et exécute un malade mental transformé en mule par des trafiquants de drogue. Elle punit par des annulations de contrats les dirigeants qui serrent la main du Dalaï Lama, donne l'aumône à ceux qui évitent sagement cette compromission. Sur ses "marches", elle protège des dictatures qui écoeurent nos ligues de vertu politique. À elle, sur ce point, "on" se garde de tout reproche officiel. Les ligues de vertu protestent, le commerce continue.
Jusqu'à présent, elle vendait aux industriels non chinois des matières premières entrant dans la technologie de pointe, des matières premières d'un prix plus élevé que celui de l'or lui-même. Grâce auxquelles nos industries pouvaient fabriquer des matériels d'une technologie tellement sophistiquée, que leur prix laissait indifférents les acheteurs, le plus souvent les États eux mêmes, pour l'équipement de leurs armées.
Contre la lettre de son engagement à l'OMC, la Chine vient de réduire ou de renchérir les exportations de ces matières premières*, très rares et déjà très chères. Le message est clair: tout ce qui a besoin de ces substances pour être fabriqué devra être produit exclusivement en Chine, au prix qu'il lui plaira d'afficher. Sans concurrence, il n'y a de limite que la solvabilité de l'acheteur.
Face à cette épreuve de force, à cette "guerre" technologique, l'Occident n'aura pas beaucoup de solutions. Parmi elles, de "faire les poubelles". Il a déjà commencé, pour protéger son environnement de ces substances qui s'y répandent à partir des objets hors d'usage jetés sans précaution. Mais, collectés, et pas à 100%, la récupération de ce qui a vraiment de la valeur nécessite une main d'oeuvre qui ne se trouve que hors de nos frontières. D'où un courant d'exportation de nos déchets électroniques vers le Tiers-Monde, dont les conditions de travail ne sont pas les nôtres. Cet "abus de faiblesse" tombe maintenant sous le coup de conventions internationales. Il faudra donc qu'on apprenne à recycler nos déchets, sans se ruiner, et sans s'empoisonner.**
2010, an 1 de nos ennuis avec la Chine? À suivre!
Sceptique
*Métaux entrant dans la catégorie chimique des "terres rares".
**La solution "Verte" consistant à se priver totalement et définitivement de ces "gadgets" est cohérente, mais irréaliste.
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