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Sceptique
7 janvier 2010

Identité nationale, la grande lessive, suite...

On peut reprocher quelques arrières pensées au lancement du débat. On peut déplorer des dérapages qui mettent à mal toute vision angélique et officielle de notre peuple. Mais après avoir entendu ceux qui ont peur ou qui sont débordés par leur haine, on peut aussi entendre ceux qui souffrent du fond xénophobe et raciste de notre peuple, ou de l'extraordinaire formalisme de nos lois sur la nationalité et du zèle légitime des agents de l'État chargés de les appliquer*.

Si ce déballage de linge sale, ou simplement rêche et étriqué, pouvait améliorer notre société, l'ouverture de la boite de Pandore** serait finalement un bienfait.

J'ai de sérieux doutes , quand même, sur le sort de notre formalisme juridique. Il est en nous jusqu'à la moelle, quelles que soient les mauvaises rencontres avec lui, au cours de notre vie. Et il faut rappeler ce fait historique peu connu des français, puisqu'il ne les concernait plus, que les québécois abandonnés à l'empire britannique au XVIIIème siècle, et soumis alors au système juridique anglais, coutumier, supplièrent, quand ils retrouvèrent la force d'affirmer....leur identité, que leur soit de nouveau appliqué le droit français, tel qu'il était sous la monarchie, bien sûr. Mais notre Révolution, survenue entre temps, n'a pas bouleversé notre conception du droit. En matière d'identité, c'est au "sujet" vivant en France d'apporter la preuve de ses droits à la nationalité française, et non à l'administration de produire la sienne d'une éventuelle grossière erreur.

La vraie identité nationale ne peut donc être pour chacun qu'un sentiment, subjectif, qui n'engage nullement la société, sous l'espèce de ses lois. Cette subjectivité s'étend au jugement que chacun peut porter sur ceux qu'il rencontre. "Il" (ou "elle") leur accorde, ou non, l'appartenance à la communauté française. Et, si oui, "il", ou "elle", peut coller un zéro pointé au compatriote non méritant (ou hérétique). Quant à "l'étranger", il peut recevoir, mais à titre étranger, 20 sur 20, et la mention très bien!

"French, what else?"

Sceptique

*Le "Monde" du 31 Décembre 2009, page 17(Débats, Décryptages)

**Il y a la boite de Pandore, d'où sortent tous les maux, mais c'est aussi le surnom des gendarmes...chargés de les remettre dans la boite!

Note du 7/01/2010: Entendu ce matin un débat modéré par Elkabach sur la Chaîne Parlementaire (Bibliothèque Médicis). Participaient Henri Guaino, conseiller du Président de la République, Michel Winock, Historien, Alain Finkielkraut, Philosophe, et une sociologue, dont le nom m'a échappé, co-auteur d'une étude sur l'intégration des jeunes des cités. Attaqué sur l'échec de la politique des banlieues, Henri Guaino a fait remarquer que pour obtenir un résultat, il fallait un accord entre les parties qui n'était pas en vue. Michel Winock a insisté sur le fait particulier de la guerre d'Algérie, non encore dépassée ou surmontée, qui peut jouer sur le clivage de certains jeunes algériens: français par leur naissance, ils se sentent algériens, parfois sans connaître l'Algérie. Un temps supplémentaire sera nécessaire pour que se perde cet arrimage au passé. Alain Finkielkraut, pessimiste, insiste sur l'échec de l'école, d'où sortent, selon lui, des "demeurés post-identitaires". La sociologue, par contre affirme qu'obnubilés par les jeunes mal intégrés qui troublent l'ordre public, l'intégration correcte et non problématique d'une majorité de ces jeunes issus de l'immigration n'est pas perçue et prise en compte. Bousculé dans son pessimisme, Alain Finkielkraut souligne que le succès de ces jeunes n'est pas défini, et soupçonne d'angélisme les auteurs de l'étude.

Que sort-il de ce débat? Qu'effectivement, les rituels classiques, associés aux guerres qui marquent l'histoire des nations européennes, ne font plus recette. Que chaque individu voit son identité à sa porte, qu'elle est bien un sentiment intime, personnel. Que les jeunes européens qui viennent en France ne cherchent pas à s'intégrer, étant acquis à la "nationalité européenne". Que, par contre, les immigrants d'origine non européenne sont toujours demandeurs d'une intégration. Évidemment difficile en raison de notre formalisme administratif et de la réticence réelle de la population.

 

 

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Commentaires
E
Cela veut dire ou du moins j'espère que cela veut dire en clair, que les gens, les citoyens que nous sommes, n'ont plus majoritairement envie que des groupes de pression enserrés dans des systèmes de pensées clos sur eux-même (intégrismes et autres idéo-logismes) les prennent au lasso et les domestiquent ou les fassent prisonniers exploitables et corvéables à merci.<br /> .................................<br /> Certes nous pouvons constater que nous fonctionnons avec ou dans des identités conscientes et la psychanalyse nous apprend (nous a appris et continue à nous apprendre) que nous fonctionnons avec une identité profonde plus ou moins subconsciente qui pointe parfois son nez, montrant son existence plus ou moins camouflée; cependant je voulais exprimer que les traditions et l'histoire nous apprennent qu'il est possible de trouver un mode d'être et de se comporter en simple fonctionnalité non identitaire.<br /> <br /> Cela offre de la simplicité et j'observe que cela donne de la paix à la vie.<br /> Cela n'exclue ni la pensée ni l'action; cela les place sur un autre registre que celui d'un moi identitaire et/ou d'un Moi régi par un "Sur-moi" (voir les catégories fournies par le courant psychanalytique).
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Y
On possède une identité subconsciente, qui n'est pas "sans le savoir", puisqu'elle se rappelle à nous épisodiquement, mais assez souvent, dans notre vie quotidienne. Elle se subdivise, certainement, puisque nous occupons plusieurs places dans notre environnement social.<br /> Notre identité citoyenne, dès lors que nous en reprenons conscience, nous parait d'une nature particulière.<br /> Ce qui est nouveau, c'est la singularité de la réponse. Nous ne permettons plus à personne de répondre à notre place, ou de nous la fournir "prête à porter".
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E
... Pour vivre ?<br /> <br /> À priori il semble que oui.<br /> <br /> En prenant un certain recul, ou, mieux-dit : En se donnant un recul certain, il est loisible de constater que non.<br /> <br /> Ceci dit, je sais avec pertinence que je ne répond en rien à la question relative posée par le gouvernement, de découvrir qu'est-ce pourrait être qu'être français pour chaque citoyen qui vit en France dans des espaces physique, culturels et de temporalité à partager ensemble ou à se partager chacun de son côté, ce qui inclue le cultuel et le non-référent à un quelconque déisme (laïcité, athéisme...).<br /> Il existe à cette heure plusieurs niveaux d'identification possibles : par exemple à des éléments personnels, collectifs, communautaires, patriotiques etc., mais aussi à des niveaux plus vastes tels que européen, mondial, voire cosmique ou dans une perspective universelle...<br /> Et j'observe que c'est le fait de vouloir s'identifier à ceci ou à cela (la plupart du temps en opposition à d'autres identifications) qui pose problème et crée des dissensions.<br /> <br /> La sagesse voudrait que chaque citoyen apprenne à fonctionner en société sans se préoccuper d'appartenance, sans chercher à se référer à une identification et sans vouloir en montrer un signe extérieur revendicatif voire vindicatif. J'admets, et il est facile de le constater quotidiennement, que ce ne paraît guère possible pour la plupart d'entre-nous.
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P
je partage tout à fait l'avis de d'Yves Leclercq sur ce projet de référendum.
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S
Je ne peux vous suivre sur ce chemin, cher concitoyen. La construction de mosquées est l'affaire des associations cultuelles et des municipalités. Elle dépend donc de l'existence d'une communauté musulmane suffisamment importante, de nationalité française. Les caractéristiques de la mosquée relèvent de l'accord entre la municipalité et l'association qui la fera construire. Certaines auront un minaret, d'autres pas. De toute façon, il est bien établi que cet élément ne sera pas utilisé pour les appels à la prière, comme dans les pays où l'islam est la religion officielle.<br /> Ma préférence va à la laïcité, au droit de croire ou pas, de pratiquer ou pas. Mais la persécution, l'ostracisme, aboutissent à l'effet contraire!
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Sceptique
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