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Sceptique
22 janvier 2010

EDF n'est pas un club de football!

 

La France a été, avec quelques nations, en particulier l'Allemagne, son ancienne "ennemie héréditaire", à l'origine de l'Union Européenne, construction volontariste, visant à bannir les conflits armés qui ont saigné l'Europe deux fois en un siècle, et à rassembler les intelligences et les dynamismes pour faire de l'ensemble une puissance politique et économique à l'échelle mondiale.
Si le volet économique est réussi, avec quelques coups de pied sous la table, le volet politique, plus difficile est encore inachevé.

Dès le début de l'entreprise, dans les années 50, cette ambition a rencontré des contestations en France, un peu moins qu'en Grande-Bretagne, quand même. Mais il y a deux catégories de "souverainismes". Le premier, le plus violent, a été celui du Parti Communiste Français. Moscou n'était pas d'accord! Alors....le PCF, non plus*.
L'autre, à l'extrême-droite, était celui des nationalistes, de la "France seule". La France allait se dénaturer en se mélangeant avec des nations forcément inférieures. Elle allait "se commettre", pour reprendre la langue aristocratique.

Entre le sentiment européen de la majorité des hommes politiques, et le bon sens des dirigeants, Présidents de la République et Ministres, l'idée a progressé, s'est concrétisée par divers traités, s'est consolidée par des institutions supra-nationales. Mais il a fallu abandonner un certain nombre de principes économiques dictés par le PCF en 1945, quand il tenait les leviers industriels dans le gouvernement de l'époque. Les grandes entreprises étaient "nationalisées", mais, en fait, mises au service d'un parti et des syndicats de son obédience. La France n'ayant pas annexé l'Europe, mais entrant simplement dans un ensemble, sans prééminence, il était nécessaire d'en rabattre sur les conséquences du diktat, et ouvrir nos grandes entreprises nationales à la concurrence. C'est ainsi que notre électricien EDF est devenue une entreprise privée à capital majoritairement étatique, pouvant vendre ses talents, hors de nos frontières. La réciproque était théoriquement possible. L'est-elle vraiment?

Pour diriger une entreprise de ce poids et de ce niveau technique, le dirigeant ne peut pas être choisi dans sa famille, tiré au sort, ou présenté par le Pôle Emploi. Il faut quelqu'un de compétent et d'expérimenté. La connaissance qu'on en a, les amitiés anciennes et solides sont un plus. C'est ainsi qu'en remplacement de Pierre Gadonneix , Henri Proglio, PDG de l'entreprise Véolia, a été sollicité. Le problème était que Véolia ne voulait pas perdre son PDG....et réciproquement. Flatté par tant de confiance, Monsieur Proglio, mais le coeur saignant d'avoir à quitter son Véolia**.

On a donc décidé, du côté de l'actionnaire majoritaire d'EDF, de permettre à Monsieur Henri Proglio de garder un pied dans Véolia, tout en prenant en mains EDF.
Mais, tradition étatique française, argent égalant caca, il ne fallait pas que le patron d'EDF soit trop payé, le risque de jalousie étant évident. Pas question non plus qu'il conserve une rétribution de la part de Véolia. Le bénévolat n'est pas fait pour les chiens. J'imagine la discussion de marchands de tapis sous l'oeil de l'opposition, qui, du temps où elle avait la haute main sur les entreprises nationales, laissait les dirigeants nommés se payer en nature.

Donc, première étape, le traitement proposé est supérieur à celui du prédécesseur à la tête d'EDF, mais inférieur à celui du ci-devant PDG de Véolia. Du coup, Henri Proglio accepte une "petite" indemnité de Véolia. Ce qui lui permet, finalement, de ne pas perdre d'argent dans l'opération "travailler plus pour gagner moins".

Mais l'annonce qu'il allait augmenter de 30% sa rémunération, si elle a rencontré la compréhension de Christine Lagarde, formée à l'école américaine, de droite à gauche "On" s'est étranglé. 

La droite s'est vue perdre à coup sûr les prochaines régionales. Le P.S. se nourrit de son désaccord systématique avec ceux qui lui ont pris SA place. Le MODEM dispose de quelques amis valables inscrits au Pôle Emploi. En plus de la question du salaire, il attaque le cumul prévu. Le PCF considère qu'un patron doit se satisfaire de l'honneur qui lui est fait par le peuple.  Quant à l'extrême-gauche, c'est pas de patron du tout, point barre!

La leçon qu'il faut retenir, c'est qu'un patron d'une entreprise comme EDF, CE N'EST PAS UN FOOTBALLEUR! NON, MAIS!

Du coup, Henri Proglio a renoncé à son indemnité de chez Véolia. On respire mieux

Sceptique

*À l'époque, le souverainisme du PCF était celui de l'Union Soviétique.

**Véolia est l'entreprise spécialisée dans le traitement des eaux usées et des déchets de toutes sortes. C'est le haut niveau scientifique et technologique au service des collectivités, qui en ont le plus grand besoin, face au développement du niveau de vie et des consommations, et à celui des exigences de préservation de la nature, paysages compris.

Note du 23 Janvier: La guéguerre entre l'État et l'opposition ne se calme pas. Cette dernière veut toujours que Henri Proglio abandonne ses responsabilités chez Véolia. Ce qui est permis à un parlementaire "lambda" ne l'est pas à un patron. J'ai quelques inquiétudes: harcelé comme il l'est, dans la presse et les médias, le PDG d'EDF pourra-t-il exercer sereinement sa mission? Sa compétence n'est pas prise en considération. Seule sa qualité d'être "l'homme" de Nicolas Sarkozy lui vaut cette hargne. Comme je l'ai entendu: "N'y a-t-il pas des serviteurs de l'État capables de gérer EDF, plutôt que d'aller chercher un homme du "privé?" Hélas, oui, la démonstration que l'ENA ne formait pas à la gestion des entreprises a été faite.

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