La burqa* n'est-elle qu'une singularité vestimentaire?
J'avais mis de côté la contribution du philosophe Abdennour Bidar, paru dans la page "débats" du Monde des 24 et 25 Janvier.
Selon ce philosophe, cet accoutrement vestimentaire, dont il rappelle qu'il n'est pas prescrit par la religion musulmane dans sa forme dominante, pourrait n'être simplement qu'un "donner à voir", analogue à celui que pratiquent quelques marginaux à la coiffure étrange, aux tatouages bien visibles, aux piercings multiples. Il me semble que ces provocations du regard, dans ces cas, concernent nettement plus d'hommes que de femmes.
Il écarte, ou préfère écarter, l'effet d'une pression d'un entourage immédiat, qui partagerait la même interprétation de la religion. Il ne prend pas au mot, non plus, ce que disent ces femmes, leur recherche d'une pureté ou d'un plus de spiritualité .
Partant du fait que notre société pousse au premier rang, non les hommes et les femmes d'une réelle valeur, au regard de celles de l'humanité, mais justement ceux et celles qui ne vivent que de visibilité: artistes de cinéma, chanteurs, sportifs, présentateurs et animateurs vedettes des médias, dont la plastique est le principal atout, il suppose qu'il y a un lien, entre ce culte de l'apparence, et la réaction de ces femmes
La dissimulation du visage serait donc la conclusion qu'il ne pourrait "faire le poids", et ne laisserait à l'autre que de l'imaginer beau ou laid, à égalité de chances.
Que le port de la burqa (ou du nikab) soit de l'ordre du "donner à voir" je suis tout à fait d'accord. Mais il est aussi du côté de la frustration, du désir de l'autre non satisfait, barré, même. Il y a une intention( au moins inconsciente) d'allumer, d'exciter la curiosité, d'interdire toute espérance présumée.
Précisément pour ces raisons je ne suis pas d'avis qu'on interdise cette tenue, dans la rue. Qu'on l'ignore me parait la meilleure solution. L'interdiction d'accès des lieux publics fermés (écoles, bureaux, hôpitaux, transports en commun) repose sur un besoin de sécurité. L'interdiction dans l'exercice d'une profession tournée vers le public, est également légitime de la part d'une société laïque.
Ce sont les conditions nécessaires au "passage de mode", à la lassitude des intéressées de poursuivre cette ostentation vestimentaire.
Sceptique
Note du 30 Mars 2010: dans le but manifeste de resserrer les rangs des parlementaires après la défaite des régionales, le Premier Ministre François Fillon avait réactivé le projet d'une loi d'interdiction du port du voile intégral. Le Conseil d'État vient de formuler un avertissement contre une interdiction totale. Il ne pourrait donc être interdit que dans les lieux recevant du public, et devrait être toléré dans la rue. Il m'étonnerait qu'à ces conditions son usage devienne courant.