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Sceptique
3 mars 2010

Xynthia, ou l'homme en procès....depuis...?

Nos ancêtres rêvaient-ils? Au sens d'avoir des désirs à satisfaire. Comme celui de sortir de la condition rencontrée à leur naissance.

L'histoire de nos sociétés n'autorise pas à répondre oui à cette question, ou alors pour une infime minorité de ces hommes et ces femmes qui ont précédé nos parents ou nos grands-parents.

Et l'observation, maintenant possible, du monde, nous montre des hommes ficelés à leur condition misérable, qui, à notre mesure, n'est qu'une survie.

Enfants gâtés de la modernité, nous ne nous contentons plus de nos conditions de départ dans la vie, et nous voulons toujours plus, en quantité et en qualité. Nous entendons être récompensés de nos efforts et connaître un bonheur dont nous cernons nous mêmes les contours et fix ons les conditions.

C'est ainsi qu'à l'approche de la retraite, la plus proche possible, la mieux financée possible, beaucoup d'occidentaux pointent sur une carte l'endroit où sera leur avant-dernière demeure. Les lieux préférés de vacances(encore une découverte de la modernité) sont leur source d'inspiration. La mer, pas trop froide, ou le soleil, sont les exigences les plus courantes*.

Une fois le choix fait, le budget arrêté, le couple d'âge mûr, dont le nid est maintenant vide, se met en quête d'un "sam'suffit" tout confort, sur son bout de terrain dûment "viabilisé"**.

Et c'est ainsi que des centaines de couples s'agglutinent autour de gros villages dont le nom sent les vacances, et trouvent leur bonheur là où il reste de la place, c'est à dire les berges de la rivière chroniquement à sec, ou le polder gagné sur la mer un ou deux siècles auparavant, qui ne rapportait plus rien, mais qui vaut de l'or à la revente.

Jusqu'au jour où une conjonction fâcheuse d'événements naturels comme un "phénomène cévenol" ou une tempête du siècle alliée à une grande marée, efface en quelques minutes les vies de quelques uns et les rêves de tous.

Si une telle mésaventure a déjà frappé la région bénie, elle est bien oubliée. Car elle n'a pas fait autant de dégâts et de victimes. Les anciens habitants de ces régions ne construisaient pas au voisinage des rivières ou au ras des flots. Toutes sortes d'insécurités leur faisaient choisir les points hauts. Les maisons n'étaient faites que pour y manger et dormir.

La réaction des survivants et des témoins de ces drames suit le plus souvent le modèle de base: "Qu'est-ce que j'ai fait au (bon) Dieu pour mériter ça?" et ses variantes infinies, qui consistent à désigner un bouc émissaire qu'on chargera de la faute. Le Maire, derrière lequel s'abrite le promoteur, La Météo qui n'a pas assez martelé le message d'alerte, ce salaud d'État qui n'a pas assez contrôlé les permis de construire, et qui n'a pas mis assez d'argent (des autres) dans les dispositifs de protection.

Des prédicateurs rappellent qu'ils nous l'avaient bien dit, qu'il aurait fallu interdire toutes ces constructions de pure convenance, et qu'en plus, nous ne perdons rien pour attendre, que même le Mont-Blanc, débarrassé de ses glaces, ne sera pas assez haut.

La nature était-elle aimable, du temps où l'homme moderne n'était pas encore là? J'ai retenu que notre très lointaine ancêtre Lucy, une pithécanthrope, a été emportée par un torrent et s'est fossilisée dans sa gangue de boue séchée. 

Plus près de nous, l'homme n'ayant pas les moyens de rêver, son pragmatisme à ras de terre lui dictait d'avoir à éviter tous les dangers possibles, y compris ceux provenant d'autres hommes. La peste et le choléra pouvaient le débusquer sans pitié.

D'avoir vaincu tous les fléaux qui accompagnent l'humanité depuis la nuit des temps, nous a sans doute donné un sentiment de sécurité sans limites, et d'une toute puissance qui ne devait plus rien à la prière. Les événements naturels qui contournent nos défenses doivent nous faire réfléchir, à toutes les échelles, depuis les individus désirants jusqu'aux responsables politiques de tous niveaux. Oui, il faudra remettre une louche d'exigences sur les permis de construire***. Non,il ne peut être question de refaire un "Mur de l'Atlantique", à vocation pacifique et de confort, aux frais de toute la nation, de mettre les rivières méditerranéennes dans un corset de béton, de leur source à leur embouchure.

La chasse à l'homme, les "taïaut, taïaut", poussés par les esprits chagrins, les adeptes de la vie austère, en direction des maires et des responsables politiques, ne sont pas plus admissibles. L'organisation de notre société, en communes comme unité de base, fait que celles-ci sont d'autant plus pauvres qu'elles sont plus petites. Les entreprises, les investissements, les offres d'emploi affluent vers les plus grosses et les font grossir encore plus. Le souci de tout maire, élu dans ce but, est d'avoir de l'argent, gagné par ses électeurs de préférence, et donc d'augmenter leur nombre par l'offre de terrains à bâtir, jusqu'à atteindre la masse critique qui attirera des commerces, des services et des industries. La grande majorité des communes française est très loin de ce "minimum vital"(ce qui ne veut pas dire qu'on y vit mal!). Les petites villes se veulent moyennes, les moyennes se veulent grandes, les grandes se veulent "métropoles". La compétition vers le bon tour de taille ne s'arrête pas, au risque d'erreurs, à chaque échelle.

"Savoir raison garder". C'est bien difficile quand la raison n'a plus bonne presse, qu'on lui préfère une religion ou une idéologie, taillée sur mesure et bien pourvue en anathèmes.

Sceptique

*Ayant choisi ma région d'origine pour cadre de ma retraite, je me suis entendu dire que c'était vraiment une "drôle d'idée".

**"viabilisé": ne se limite plus au chemin d'accès mais à tous les éléments de la vie moderne: eau, électricité, gaz, égouts;

***Nous avons la chance qu'ils existent, malgré les quelques erreurs qui peuvent passer. Là où il n'existe pas vraiment, la situation est pire.

 

 

 

 

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Commentaires
S
L'idée de faute accompagne l'homme depuis qu'il existe. Faute envers les esprits des ancêtres, les dieux divers, le Dieu unique. <br /> Maintenant, il est plus difficile de croire à une punition divine en cas de catastrophe naturelle. Ce sont donc les conséquences qui sont la preuve de l'impéritie des responsables. <br /> Ce n'est plus "la faute des hommes", mais "la faute d'hommes".
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L
C'est une ritournelle répétée à satiété depuis qu'elle a été inventée par Jean-Jacques Rousseau à propos du tremblement de terre de Lisbonne. S'il y a eu tant de victimes le 1er novembre 1755 à Lisbonne, la faute en revient aux hommes, qui n'avaient qu'à ne pas procéder à une telle concentration de population ni construire des maisons avec des étages !
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S
La responsabilité individuelle est fondamentale chez les protestants, où la confession et la rémission des péchés n'existent pas. <br /> Nous avons besoin de plus de contrôles, de rappels, même si nous n'aimons pas ça.
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E
Bel exposé !<br /> Comme d'habitude !!<br /> <br /> Notre organisation sociale est tout de même pas mal non orientée vers la responsabilisation à titre individuel.<br /> <br /> Si je compare avec un pays comme le Canada où j'ai l"expérience d'y voir vivre une partie de ma famille, il est clair que la part de responsabilité personnelle et d'incitation à l'autonomie y sont nettement plus développées.<br /> <br /> Entre trop d'assistance qui maintient une certaine infantilisation et trop de laisser faire sans règles de solidarité,<br /> il est sans doute à trouver une JUSTE POSITION sans cesse à réajuster<br /> et sans doute aussi à cultiver UNE SAGESSE renouvelée en fonction des connaissances contemporaines multipliées.
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Sceptique
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