Luc Chatel au Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro (II)

La précédente invitation de Luc Chatel à cette émission vedette ne date que de six mois, à quelques jours près. Déjà sous les deux casquettes de Ministre de l'Éducation Nationale (il est permis de parler de...longévité!) et de porte parole du Gouvernement.

J'ai relu mon commentaire de l'époque, et je me demande ce que j'ai à dire de nouveau. Il m'a fait irrésistiblement penser à la vision de l'homme par Blaise Pascal:"l'homme est un roseau, le plus frêle de la nature, mais un roseau pensant."

Pris dans les souffles tempétueux des trois journalistes attitrés, le jeune ministre, calme et souriant, vibre de plaisir. Sa botte de Nevers, c'est son armure de DRH*, qui a dû résister à des confrontations bien plus dures avec des représentants syndicaux. 

Les électeurs mécontents ou boudeurs qui ont fait gagner la gauche aux élections régionales? Oui, ils sont les auteurs d'une défaite, mais, en coulisse, ils insistent pour que le gouvernement continue à faire ses réformes. Au passage, il fait remarquer que les vainqueurs auraient gagné plus nettement qu'en 2004, mais avec moins de voix, au total. De toute façon, le droit du Gouvernement de poursuivre son programme est inscrit dans la constitution. 

La taxe carbone et les émois bruyants de Chantal Jouanno? Luc Chatel refuse de commenter les propos de sa collègue, mais insiste sur la liberté de penser d'un ministre et la réserve qu'il doit lui appliquer au nom du travail en équipe qui s'appelle "solidarité gouvernementale". Il lui est heureusement loisible de dire que l'engagement écologique du gouvernement n'est pas abandonné mais ciblé sur d'autres mesures, concrètes et indolores.

La brouille entre le Président et le Premier Ministre? Il ne s'en est pas aperçu, tout simplement. C'est une rumeur excitante. Il n'ajoute pas: "c'est la satisfaction hallucinatoire du désir". Cette formule n'appartient , ni à son métier, ni à sa fonction.

L'éviction de Xavier Darcos? La charge d'un Ministre, c'est ça. Elle commence un jour, et elle se termine un autre. 

L'Éducation Nationale, et ses diminutions d'effectifs, alors que Brice Hortefeux "a droit" à 1.500 adjoints de sécurité? Il objecte que ces derniers sont des emplois aidés, à durée déterminée (alors, précise-t-il, qu'un recrutement de fonctionnaire engage l'État pour soixante ans en moyenne). Quant aux enseignants, les économies réalisées permettront de revaloriser de dix pour cent leurs traitements de début de carrière. Les mesures contre l'absentéisme, non appliquées? Leur non-application est le fait de la réticence de ceux auxquelles elles étaient confiées, les Présidents de Conseils Généraux. La nouvelle loi déléguera les suspensions d'allocations familiales aux représentants de l'État, les préfets**.

Le temps scolaire, critiqué pour ses déséquilibres, pour sa charge de travail concentrée sur moins de jours? Les parents sont satisfaits de la concentration sur quatre jours. Mais il veut laisser aux établissements une marge de liberté d'organisation, comme ajouter des heures d'école le Mercredi matin***.

Oui, vraiment, Luc Chatel est un bon DRH. Le Gouvernement est bien aidé.

Sceptique

*D.R.H., Directeur des Ressources Humaines (ex-Chef du Personnel). Plus souvent sollicité pour les "sorties", les Plans Sociaux.

**Nouvel exemple de nuisance du transfert de compétences aux collectivités, et de la nécessaire reprise en mains par l'État. 

***Impossible à la campagne, dépendante des transports scolaires.