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Sceptique
3 mai 2010

Bernard Thibault au Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro

Je tiens Bernard Thibault pour un homme très intelligent. Mais c'est un homme engagé, porte-parole d'un syndicat, type d'organisation, qui, dans notre pays, doit s'interdire de voir au delà des intérêts de ses mandants.

Si on posait au leader syndical la question de savoir quel est le personnage le plus important dans un train en marche, il répondrait sûrement que c'est le conducteur. Même si, dans les faits, au nom d'un égalitarisme forcené, "son" syndicat, la CGT, a fini par déplaire aux conducteurs, dont le niveau de compétence technique et de responsabilité n'était pas pris en compte, et les forcer à créer leur propre syndicat.

Mais, dans l'ensemble, il ne reconnaît aucune importance aux responsables: les chefs d'entreprise, les patrons, les actionnaires. Les seuls vrais auteurs des succès, ce sont les salariés, que l'organisation de la société "libérale" place sous la dépendance des parasites ci-dessus désignés. Et quand il considère l'organisation des États, il ne voit d'importance qu'aux fonctionnaires, tenant, là encore, pour nuls et sans aucun droit, les responsables de l'économie et de la politique, ou les acteurs privés de toutes sortes.

S'il trouve inéluctable le plan de sauvetage de la Grèce, il insiste sur la responsabilité de la finance internationale, des agences de notation, mais surtout du gouvernement de droite, qui a glissé sous le tapis les réalités de la situation grecque. Quand on voit l'accueil fait par une forte minorité de grecs aux réformes annoncées par le gouvernement socialiste, qu'ils viennent d'élire massivement, on imagine ce qu'ils auraient dit et fait au gouvernement de Caramanlis, s'il avait voulu remédier aux travers de la société grecque. Les élections, anticipées et perdues, sont l'indice de ce que la droite préparait des mesures nécessaires au redressement.

La réalité grecque, c'était, jusqu'à ce jour, un laxisme généralisé à tous les échelons de la société, une corruption systématique, l'évasion fiscale glorifiée, une économie parallèle majoritaire. Personne, pas même parmi les plus ardents manifestants, ne peut se prétendre innocent de la situation précédente. 

Toujours à propos de la crise grecque et de ses remèdes, Bernard Thibault attaque le modèle européen qui viserait la régression sociale au lieu du progrès. Il n'a aucun mal, apparemment, à disjoindre le social et l'économique. Dans ce cas là, selon lui, le social devrait être la locomotive et le conducteur, la passivité des wagons revenant à l'économie, sommée de suivre. Hélas, peu d'économistes partagent cette opinion, peu de politiques, aussi, sauf en France, et pratiquement personne d'autre en Europe que NOUS. Bernard Thibault n'est pas irréaliste au point d'exiger la sortie de l'Europe, mais il promet l'échec à cette Europe là. 

L'autre gros dossier sur lequel la CGT et son porte-parole sont parties prenantes, est celui des retraites. Bernard Thibault a la mission d'empêcher toute réforme qui pourrait troubler ses mandants, qui sont en majorité, écrasante, les agents des services publics et, dans une plus faible proportion, les fonctionnaires.

Sa solution, c'est de créer des emplois, massivement, afin de permettre le maintien de la possibilité de partir à 60 ans avec une pension de remplacement de 75% du dernier salaire (la réalité, dans le privé, atteint péniblement 50%). Des emplois pour faire quoi? 

Et la compétitivité? Il dénonce comme fausse cette préoccupation. Notre productivité serait la meilleure du monde. Mais, hélas, pas notre puissance commerciale. Le coût du travail est plus cher en Allemagne? Oui, mais un produit "made in germany" est vendu avant d'être fabriqué, et, en Allemagne, c'est la consommation qui assure les dépenses sociales, et non la production, comme l'exige un mouvement d'opinion français, auquel appartiennent Bernard Thibault et son syndicat. N'oublions pas que l'idée d'une TVA sociale a failli faire perdre au parti de Sarkozy les législatives de 2007. La taxation sans limites des patrons et des actionnaires, et donc, au delà d'eux, des entreprises, est un dogme idéologique très fort dans notre société. 

La refonte de notre système de retraites serait repoussée par une écrasante majorité de français? J'en suis, moi aussi, convaincu. Mais cette majorité écrasante se trompe, et il est de la responsabilité des politiques de ne pas accompagner, bercer, dorloter, cette erreur. Qui est de l'ordre de la pensée magique, et témoigne d'une passion de l'ignorance. Les français savent que les retraites sont financées par les actifs, mais en même temps, ils ne veulent pas le savoir! Ce clivage qui les traverse en majorité, confortable, et bien, il ne manque pas de responsables politiques et syndicaux pour le flatter, pour s'en servir.

Bernard Thibault reproche au Président Sarkozy et à son parti de faire de la réforme des retraites l'acte symbolique du quinquennat, quitte à anticiper sur sa nécessité, et à bousculer la société française. Or, c'est vrai, cette vérité n'est pas encore prête à susciter un consensus de notre opinion publique. Le programme ringard et démagogique du Parti Socialiste ne laisse pas prévoir, qu'arrivant au pouvoir en 2012, il reprendrait ce dossier pour l'assainir. Mais, ce qui est sûr, c'est que si le travail est fait, il n'y reviendra pas.

Sceptique 


 

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Commentaires
S
Je me souviens que c'est à la suite d'une quasi annonce de JL Borloo au cours d'un entretien avec des journalistes, que l'opposition en train de se préparer aux législatives a sauté sur l'hypothèse pour la dénigrer et en tirer argument pour dénoncer l'odieux rackett sur les pauvres. Malgré les démentis énergiques de l'Élysée et de Matignon, les sondages ont commencé à se retourner, et le parti présidentiel a du laisser une bonne vingtaine de sièges dans la mésaventure.<br /> Bien à vous,
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L
Je trouve le plus souvent vos analyses économico-sociales fort pertinentes.<br /> <br /> Un point, de détail, cependant. Il me semble bien me souvenir que la polémique de 2007 à propos de la TVA sociale a eu lieu après les législatives et qu'elle n'aurait donc su faire perdre ces élections à l'UMP. Sur Internet on trouve des traces de cette polémique qui datent de l'été 2007.<br /> <br /> Bien à vous.
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Sceptique
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