Le foot, entre la Coupe du Monde et le Festival de l'Hypocrisie.
Une "brève", dans un des nombreux journaux en version numérique que je reçois chaque jour, m'informe que les français ont "lâché" la glose consacrée à la crise de l'euro, pour aller boire les paroles de Raymond Domenech, qui leur a distillé, goutte à goutte, la première cuvée de l'Équipe de France.
Et dans les heures qui suivent, L'Express.fr publie la lettre que la charmante Zahia Dehar, qui a fait le bonheur de quelques nuits, d'au moins trois footballeurs célèbres, riches, et encore ardents, a adressé à Raymond Domenech, afin qu'il ne les punisse pas d'avoir apprécié ses charmes, présumés interdits au moment des "faits", car elle n'avait pas dix-huit ans.
Notre société pourrait bien en être là, à considérer qu'une femme âgée de seize ans n'a pas encore assez de tête pour disposer de sa vie, ou, pour dire crûment les choses, de son corps. Lequel, par sa fraîcheur même, devrait alerter ses partenaires!
De même qu'un Ministre mis en examen pour une affaire douteuse est prestement invité à cesser ses fonctions, un footballeur qui aurait passé un bon moment avec une fille du tonnerre, mais âgée de moins de dix-huit ans, ne serait plus digne de taper le ballon au profit de son équipe.
Je me demande si cette missive fignolée par une "cellule de communication" était bien nécessaire, si elle tentait d'éviter un risque sérieux. Était-elle une "pub" comme une autre? Mais, après tout, même si les "afficionados" de l'Équipe de France n'auraient jamais compris une exclusion fondée sur cette histoire, Raymond Domenech aurait été "politiquement correct" en la prenant! Heureusement, il a épargné notre pays de ce ridicule.
Ce n'est sans doute pas un motif de fierté pour les sociétés modernes, mais en raison de leur rareté et des besoins insatiables du spectacle "Foot-Ball", les footballeurs de haut niveau ont des salaires faramineux, qui rendent n'importe quelle tentation à leur portée. Les signes extérieurs de fortune, les belles voitures, ne peuvent combler tous leurs désirs, et une "escort girl" somptueuse leur permettra des satisfactions multiples, dont celle de leur amour-propre*!
Si nos sociétés doivent se donner les moyens de protéger les mineurs des deux sexes de toute contrainte exercée par des adultes, il est quand même nécessaire qu'un consentement affirmé, ne laissant pas de doutes sur sa sincérité, soit pris en compte au cas par cas, sans se crisper sur l'état-civil. Dans notre pays, une femme peut consentir à un mariage avant l'âge de seize ans. Pourquoi ne lui serait-il laissé que ce choix?
L'obsession de la castration, préventive, ou curative, est un trait des sociétés d'aujourd'hui, après les grands dégagements des années 1968 et suivantes, jusqu'à la fermeture de la "Parenthèse enchantée". Elle s'étend aux femmes, aussi, qui se laissent aller à leurs instincts, et aiment les mecs forts et riches. À quoi certaines ajoutent l'horreur de leur donner des enfants!
Comme on disait, parait-il, dans l'Église, "l'esprit est prompt, mais la chair est faible".
Sceptique
* La femme, a écrit Claude Lévi-Strauss, est à la fois signe et valeur . Sa fonction de signe est claire: elle est signe du phallus, de ne pas l'avoir, justement. "je suis un homme, puisque j'ai une femme". "Je suis un homme fort, puisque j'ai une femme belle". Certaines sociétés remplacent la beauté par le nombre, mais le sens ne change pas.