Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Sceptique
26 mai 2010

Le Bayrou nouveau est arrivé, hé, hé...

Vin nouveau, ou Zorro? Les deux références se sont entrechoquées, dans ma tête, à la lecture de l'entretien qu'Il a donné au "Monde"(daté des 23 et 24 Mai)

Pendant trois ans, François Bayrou a essayé de se guérir de sa frustration fondamentale, en croquant un bout de Nicolas Sarkozy au début de chaque repas. Au bout de trois ans, il en reste encore. Le traitement, manifestement, n'est pas le bon.

Pendant ces trois ans, aussi, se fondant sur le principe:" les ennemis de mon ennemi sont mes amis", le leader-fondateur (ou inversement) du Modem, a essayé d'entrer dans le Quatuor de l'opposition pour en faire un Quintette. Mais la place de premier violon était prise, et l'accueil du groupe plutôt frais. 

La situation qui justifie le "come back" de François Bayrou vers une attitude plus réaliste, est d'une part, la crise économique qui s'ouvre sur une situation spécifiquement européenne: la défiance envers l'euro, qui entraîne sa dévaluation, mais surtout le risque, pour les états européens, de ne plus pouvoir emprunter à des taux raisonnables, sur le marché financier mondial. D'où la nécessité impérieuse de colmater au plus vite et au plus fort les voies d'eau et les fuites des tuyaux de vapeur. On appelle ça la rigueur. D'autre part, sur un plan strictement intérieur, l'opposition de Gauche s'arcboute aux avantages acquis et au keynésianisme dans son acception la plus traditionnelle, avec une bonne pincée de piment communiste pour corser le plat. La faiblesse structurelle de l'économie française? "Je suis sourd, approchez-vous!"

Donc, devant, derrière, tout seul à l'enterrement de son Modem, François Bayrou devait se secouer. L'occasion lui en a été fournie par une idée lancée "urbi et orbi" par le Président: encadrer par une loi constitutionnelle la définition des budgets. Afin de s'empêcher de prévoir un déficit créé par le chapitre "frais de fonctionnement". C'était, précisément, une des idées du challenger François Bayrou!

Est-ce qu'il faut prendre au mot le Président de la République? Je ne Le crois pas, pour deux raisons. Je considère comme impensable que la constitution s'oppose, sur cette responsabilité souveraine, à la légitimité de la représentation populaire, parlementaire et présidentielle. On m'objectera que c'est bien une des interprétations possibles du principe de précaution. Mais le champ de ce principe de précaution là n'englobe pas les fonctions "régaliennes"*! La deuxième raison est le fonctionnement de l'opposition depuis bien plus de trois ans: "Non-à-tout". Elle reproche à la majorité son laxisme budgétaire? Le chef de la majorité fait un acte de repentance et s'engage à faire jeûner l'État. Il était clair que l'opposition, attendant l'accès au buffet pour 2012, crierait "Non!". 

Contrairement à François Bayrou, Nicolas Sarkozy entendait faire passer cette loi constitutionnelle par le vote du Congrès**, l'échec, souhaité, pouvant se déduire de l'opinion de la représentation parlementaire sur cette question. Qu'à cela ne tienne s'exclame Bayrou: "faisons un référendum!". "On" a déjà donné, non? Le problème de tout référendum, c'est l'art de poser la question. Difficile!

Il reste comme motif de rapprochement entre les ennemis d'hier, la solitude de l'un, et la perte de popularité de l'autre, qui change la donne pour 2012. Il vaudra mieux, pour l'un, comme pour l'autre, qu'ils soient des rivaux du même bord.

Voilà pourquoi, entre les deux tribus, la hache de guerre a été (pour le moment) enterrée.

Sceptique

* C'est fou ce que la République aime ce mot!

**Réunion des députés et des sénateurs.

 

Publicité
Publicité
Commentaires
S
Aucun parlementaire ne peut être soupçonné d'être (intimement, sincèrement), favorable à une limite constitutionnelle de sa responsabilité, en France, en tout cas. <br /> Ce qui sème le doute sur la sincérité de la proposition du président de la République. Elle me parait destinée à faire trébucher l'opposition dans ses contradictions permanentes.
Répondre
C
J'aime beaucoup la remarque selon laquelle la République adore se parer de ses fonctions régaliennes... Voilà un aphorisme qui mérite d'être retenu ! <br /> Pour le reste, j'ai toujours tenu Bayrou pour un wannabe-trublion et l'interdiction constitutionnelle du déficit pour un gadget poudre aux yeux. Mais je peux me tromper.
Répondre
Sceptique
Publicité
Archives
Derniers commentaires
Publicité