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Sceptique
12 juin 2010

Le "Monde", les gros sous, et le Président

Le "Monde", la forteresse journalistique la plus solide du Paysage Imprimé Français, jalousement autogérée, lue par tous les intellectuels français, quelle que soit leur opinion, commence à craquer, pris entre le marteau du Syndicat du Livre, et l'enclume de l'indifférence politique qui gagne les français de tous bords. 

Jusqu'ici, le "Monde" avait réussi, pour employer le jargon anticapitaliste, à ne pas être une "marchandise", achetée pleine, et revendue vide, par quelque magnat milliardaire ou "hedge fund". Il était resté lui-même, c'est à dire "ancré à gauche", mais une gauche aisée, bourgeoise éclairée, non smicarde ni érémiste, parisienne rive gauche (prédestinée). Sa vertu était sa façon d'écrire, impeccable, subtile, hautaine, aussi. Une information complète, sévère, finalement "ambidextre", permettant à chacun d'y puiser de quoi se forger sa vérité . 

Ce que j'ai toujours trouvé remarquable, c'est cette forme de conformisme, mais sans auto-censure (ou alors, je ne l'ai pas perçue), qui permettait au "Monde" de déplaire à tous les gouvernements, dès lors qu'ils étaient engagés dans leur programme, que s'en révélaient les faiblesses de conception, ou les ratages scandaleux imputables à la faiblesse humaine.

Mais voilà que la crise culturelle et politique, qui se traduit par une ignorance militante des différentes réalités qui s'imposent à une nation, celle qui mettrait au sommet de ses valeurs la tolérance, sa cohésion, sa paix civile, le principe de non-exclusion, finit par clapoter au pied des murs de la forteresse. Comme nous ne sommes pas la Belgique, nous n'avons pas la solution de séparer une Flandre bourgeoise et de droite, d'une Wallonie ouvrière (au chômage) et socialiste. Nous n'avons que la guerre civile pour placer, sans rivale, l'une ou l'autre des bien-pensances. 

Donc, le "Monde" a besoin d'argent pour survivre, et pour avoir cet argent, il faut qu'il se vende dans une proportion suffisamment importante pour perdre, de fait, son indépendance. Parmi les amateurs, il y a le milliardaire Pierre Bergé, qui ne fait pas de chèque à n'importe qui. En fait, "on" se bouscule au guichet ouvert par le "Monde", et chaque intention d'apport de capitaux a sa couleur.

Il paraît, et c'est la polémique qui vient d'être étalée par Éric Fottorino, le Directeur du "Monde", qui me l'a révélé, qu'aucun Président de la Vème République n'a été indifférent aux positions du journal, qu'ils ont tous essayé de les faire rectifier. Le Président Nicolas Sarkozy, détenteur actuel et légitime de la fonction, a donc "convoqué" le Directeur du "Monde", pour lui dire ce qu'il pensait des candidats connus à la reprise du journal. Beaucoup de mal, un déplaisir certain. À faire réfléchir, car, comme toute la Presse écrite, le "Monde" reçoit sa part de subsides d'État, et que le masochisme, comme l'ascèse verte, "ça commence à bien faire!". À bon entendeur....

Les bons supporters du "Monde" sifflent, invectivent le Président en effigie, le font passer, mais ce n'est pas d'hier, comme un autocrate, émule des Bonaparte. En fait, pas plus que François Mitterand en 1988, Nicolas Sarkozy n'a envie de passer la main à ses ennemis en 2012. Que le "Monde" devienne, par l'intermédiaire de Pierre Bergé et de quelques "bobos" de renom pleins aux as, un instrument de poids de son principal ennemi, le Parti Socialiste, est un désavantage stratégique indéniable.

Sceptique 

 

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