L'exécution annoncée de Michel Germaneau
Il fallait s'y attendre. L'expédition menée par des unités mauritaniennes en territoire malien, avec l'appui de forces spéciales françaises, dans l'espoir de libérer de force l'humanitaire français, enlevé et gardé en otage, a manqué son but: le site repéré et attaqué n'était occupé que par quelques "sous-fifres", et l'otage ne s'y trouvait pas.
Le groupe islamiste se nommant "Al Qaida pour le Mahgreb" et son chef fanatique se sont empressés d'annoncer l'exécution de Michel Germaneau, en représailles de cette action militaire.
Mais une annonce n'est pas une preuve, au niveau de responsabilité politique qu'elle vise. Le gouvernement concerné, le nôtre, adopte une attitude de doute et de réserve, après avoir rendues publiques ses inquiétudes. Sans contacts avec les ravisseurs, et sans information sur son état, il se doit de tenir en suspicion cette annonce rapide.
Nous avons raison de dire à la cantonade que nous sommes prêts à payer un prix élevé pour nos compatriotes pris en otage. Le problème est que, souvent, la monnaie d'échange n'est pas la nôtre. Il nous faut, d'abord, convaincre un autre gouvernement de bien vouloir entrer dans la transaction. Dans ce dernier cas, il semble que nous n'arrivions pas à savoir le prix demandé et la monnaie acceptée.
Ce qu'on savait, c'est que l'otage était âgé et malade, et que ses ravisseurs refusaient qu'on lui fasse parvenir son traitement. Cruauté particulière, dont il ne faut pas s'étonner outre-mesure, mais qui pose une question: Michel Germaneau avait-il une valeur pour ses ravisseurs? Ou s'était-elle évanouie par l'effet d'une mort prématurée, d'un désaveu d'Allah? Ou une mise à mort incontrôlée, comme le fut, selon le récit fait à l'époque, celle du Père Charles de Foucauld .
Revoir Michel Germaneau vivant ne fait pas partie de mes hypothèses*. Je suis enclin à penser qu'il s'est libéré de ses ravisseurs en quittant la vie, ne laissant entre leurs mains que son corps, sans valeur. Mais tant qu'ils gardaient le secret, les ravisseurs pouvaient tenir en haleine les politiques, et faire tenir tranquilles les forces militaires, dont ils ne pouvaient ignorer les démangeaisons. L'action punitive de Vendredi levait les doutes de leur côté: les français et leurs alliés africains avaient perdu leur confiance et leurs scrupules. Se vanter d'avoir exécuté l'otage était leur seule et dernière forfanterie possible.
Et maintenant?
J'espère que la traque de cette bande qui entretient l'insécurité dans cette zone, et met à mal la souveraineté de tous les états, se prolongera avec la coopération de tous ces états concernés, y compris de l'Algérie, dont ce groupe est originaire, et qu'il a prudemment fui.
Sceptique
*J'accepterai avec joie de m'être trompé.