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Sceptique
8 août 2010

l'Irak abandonné, les reproches de Tarek Aziz

De sa prison, Tarek Aziz, Ministre modéré des Affaires Étrangères de Saddam Hussein, chrétien d'orient, fait d'amers reproches à Barack Obama, successeur de G.W.Bush à la Présidence des États-Unis, pour la mise en actes effective de sa déci sion de retirer les troupes combattantes de l'Irak, dès la fin de ce mois d'Août 2010.

C'était une promesse électorale du candidat Obama, et, bien sûr, le risque de ne pas tenir parole, pour des raisons de force majeure, aurait pu être compris par ses électeurs.

Mais le report de de retrait n'aurait été que pour un temps. À partir du moment où l'invasion de l'Irak, en 2003, avait pris pour de bon sa qualité d'erreur grave, la seule issue était d'y mettre fin, de retirer les forces d'occupation américaines, en laissant, comme je l'ai rappelé dans un billet récent (25/07/2010), un pays réellement détruit, déstructuré, de nouveau en attente du "plus fort" qui sortira de ses rangs militaires. Le système politique mis en place par l'administration américaine n'est pas viable. L'Irak est moins que jamais une nation, car la haine entre communautés a été exacerbée par l'occupation, et l'esprit communautaire est encore bien plus fort que le sentiment national. L'avenir appartient de nouveau à un mouvement laïc et nationaliste, comme le fut le Baas. Mais en attendant le retour de la politique et de l'ordre, les irakiens vont souffrir et mourir.

Envahir un pays est devenu, dans nos temps modernes, un acte grave, et surtout, inutile. Partout, le niveau de conscience des hommes s'est élevé, et toute intrusion étrangère est insupportable, même si elle vise à mettre fin à une dictature des plus féroces*. L'envie d'intervenir tenaille les grandes puissances. Leur orgueil souffre des provocations que constituent les manifestations d'indépendance, ou d'hostilité réelle, des petites nations.

La prochaine étape, déjà dans les têtes, sinon dans les déclarations officielles et les programmes électoraux, sera le retrait d'Afghanistan. Le dernier geste des Talibans, l'exécution d'une mission humanitaire accusée de prosélytisme, est un vrai avertissement. Sans qu'il soit nécessaire qu'elles aient des bibles dans leurs poches, l'existence d'organisations humanitaires, de toutes catégories, est par elle-même un prosélytisme chrétien. Notre culture est la seule à pouvoir les concevoir, à en ressentir la nécessité, à trouver des volontaires, et à mettre les autres devant l'obligation de l'imiter. Notre humanitarisme a le pouvoir d'exacerber la haine de notre civilisation . La haine est l'effaceur le plus efficace de toute dette. Là encore, le départ des occidentaux de l'Afghanistan se fera aux dépens d'un grand nombre de victimes des règlements de compte, et, sans doute, nous devrons assumer un certain nombre de réfugiés que nous aurons trop compromis. Il faut souhaiter que ce retrait sera le dernier des derniers.

Sceptique

* Le vieillissement naturel, les nouveaux moyens de communication qui se jouent des frontières, finissent par avoir raison des dictatures, dont l'échec devient de plus en plus visible, impossible à cacher aux hommes qu'elles oppriment. Leur agonie est toujours trop longue, mais le diable ne rachète plus les âmes contre une nouvelle jeunesse!

Note: Le Président de l'Iran, Mahmoud Ahmadinejad, a encore fait parler de lui en affirmant que les attentats du 11 Septembre 2001 étaient l'oeuvre des américains eux-mêmes, pour justifier leur mainmise sur le monde. Il ne doit pas assez fréquenter internet: cette affirmation s'y trouve depuis belle lurette!

 

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Commentaires
S
Je relis ce billet avec deux ans de recul. Entre temps, il y a eu la révolution libyenne, la terrible répression khadafiste, et l'assistance aérienne d'une rébellion menacée, à l'initiative de la France....que j'ai approuvée, et que j'approuve toujours, malgré le mauvais usage que les libyens ont fait de ce "coup de main". Il y a eu ensuite la guerre civile de Syrie, dont le pouvoir dictatorial a bénéficié de la protection de la Russie, de la Chine, et de l'Iran. Nous avons du assister à des massacres de populations civiles, sans pouvoir faire autre chose que nous indigner. C'est sans risques.<br /> <br /> Le droit d'ingérence cher à Bernard Kouchner a rencontré sa limite. C'est la guerre froide qui a repris.
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S
Il serait effectivement terrible que l'avenir proche confirme votre crainte. Cette femme serait une martyre de son propre pays, enfermé dans une logique anachronique.<br /> Tous les fanatismes religieux reposent sur un déni du temps. Le temps est le principal ennemi des religions. Tous les jours des centaines de personnes meurent à cause du fanatisme religieux en Irak, en Afghanistan, en Iran.
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N
Cette femme promise à une lapidation ou à une pendaison, pour laquelle se mobilise l'opinion des européens, pourrait-elle être graciée dans ce contexte de guerre larvée? Pour ma part, j'en doute. Surtout si Israël attaque la centrale nucléaire de Bouchehr. Ce sera peut-être le premier acte de vengeance.
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S
Soit par intérêt (armements ou produits de haute technologie, contre pétrole), soit par conviction de posséder l'unique et incomparable modèle politique, les occidentaux sont allés bousculer des peuples vivant dans un isolement presque parfait. C'est un phénomène qui remonte au dix-neuvième siècle, avec des hauts et des bas, qui l'ont évidemment modifié. Il n'y a plus d'administration directe de type colonial. Mais, qu'elle soit demandée ou non par le gouvernement local menacé, légitimée ou non par l'ONU, une intervention militaire est une occupation, avec ses conséquences sur les rapports avec la population.<br /> La défense de nos intérêts, économiques, éventuellement stratégiques, devient de plus en plus coûteuse, et mal vue par les peuples dont les gouvernements ont jugé bon d'agir ainsi. La peur que ce soit pire après l'évacuation fait réfléchir et tergiverser. On ne peut pas vraiment parler de choc des civilisations. Il a existé, lorsque des grands empires n'ont recouru qu'à la guerre pour régler les conflits frontaliers. Les échecs en Irak et en Afghanistan, celui qui se profile au Proche Orient, ont un retentissement politique dans les pays occidentaux.
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N
On est dans le choc des civilisations, il me semble!
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Sceptique
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