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Sceptique
13 août 2010

"Salles de shoot"

Pilules contraceptives, IVG, distributions de seringues,soins palliatifs, euthanasie, suicide assisté, procréation médicalement assistée, mariage homosexuel et adoption par les couples de cette catégorie, autant de décisions humaines non inscrites au cat alogue divin, qui ont eu, ou ont encor e du mal, à passer dans notre société. 

La droite politique est sûrement à la tête du combat conservateur, elle en fait son affaire, mais c'est de ses rangs que se dégagent des hommes et des femmes d'action qui arrivent à faire bouger les esprits, en convaincant un certain nombre des réticents, sans les brusquer. À gauche, le discours moderniste est nettement plus libre, et bien pensant. En son sein, personne n'oserait tenir publiquement un autre discours, mais les sondages montrent que les réticences sont importantes, et, lorsqu'elle était au pouvoir, la gauche s'est occupée d'autre chose*.

Le discours contre les libertés nouvelles que certains demandent au sein de nos sociétés, ou simplement la demande de pragmatisme dans la prise en compte des possibilités offertes par les progrè s de la médecine, est toujours aussi stéréotypé: la liberté est par essence subversive, toute liberté nouvelle s'ouvre sur une subversion nouvelle, un désordre nouveau, un risque mortel pour l'ensemble. Car la liberté aurait un vice fondamental, celui de se transformer en obligation!

Le contraception devait vider les maternités et les berceaux. Idem pour l'IVG, toutes les femmes enceintes allaient se faire avorter. Idem pour les seringues propres, encouragement à la toxicomanie, conduite devenant la norme de toute la jeunesse. Les soins palliatifs et l'euthanasie des cas désespérés porteraient atteinte au caractère sacré de la vie, et les euthanasies par intérêt des veufs(ves) et des héritiers, ajouteraient le scandale à la transgression de l'ordre divin.

Le mariage homosexuel et l'adoption par les couples ainsi formés feraient entrer par la grande porte le désordre absolu. Le mariage était de tout temps l'union sacrée d'un homme et d'une femme (et réciproquement), dans le but de fournir,à la société, en plus du plaisir, les futurs remplaçants des vieux en fin de vie active( des cotisants aux caisses de retraite par exemple). Les homosexuels demandent, toujours, d'avoir accès à ce sacrement devenu social autant qu'il n'était que religieux. Ils ne veulent pas se contenter du PACS concocté et perfectionné à leur intention. Un mariage, sinon rien.

Tout le monde se trompe en la matière. Les sociétés humaines ont transformé ce qui n'était qu'un évitement de l'inceste (l'échange des femmes**), en un système de rapprochement et d'alliance entre clans ou tribus, puis, bien plus tard, entre royaumes. Rapidement patriarcales et patrilinéaires, les sociétés ne se sont préoccupées, pendant des millénaires, que de leur intérêt bien compris. Le bonheur, l'amour, le plaisir, étaient pour les contes. Du point de vue de l'intérêt des sociétés, le mariage homosexuel n'en comporte aucun, tandis que celui du mariage hétéro-sexuel n'a plus que ce qu'on veut bien y mettre. Au risque de mettre au chômage certaines activités qui en vivent, la suppression du mariage mettrait d'accord tout le monde!***

Le problème de société placé par surprise au premier plan de l'actualité, l'ouverture, ou non, de lieux d'accueil pour les toxicomanes, où ils pourraient, non plus seulement recevoir leur médicament de substitution, mais se faire, dans les meilleures conditions d'hygiène, leur injection de drogue dure (non fournie!), s'est traduit par le même discours effrayé: c'est un encouragement à la toxicomanie!

C'est bien sûr ignorer qu'à ce stade de sa dépendance, le toxicomane n'est plus depuis longtemps libre de sa décision. Que l'over-dose mortelle , le SIDA et l'hépatite B ou C, sont le lot promis. Rencontrer des intervenants lui tendant la main, lui faisant miroiter les avantages d'une libération, complètent, malgré le faible rendement à attendre, les avantages pour l'hygiène publique (moins de seringues abandonnées à ramasser avec gants et pincettes).

Par pragmatisme, la majorité des médecins est pour cette avancée là, comme ils le sont depuis toujours pour bien d'autres (mais pas toutes!). Pour autant, les médecins ne déterminent pas la politique, et les hommes politiques n'ont pas l'audace, ou ont de "bonnes" raisons de mettre sous le coude ce genre de mesures. La "vox populi", avant toute décantation ou distillation fractionnée pratiquée par les "spécialistes" n'y est pas favorable****. Les sièges d'élus étant éjectables, il faut raison garder. Et la raison, sur ces points là, est le plus souvent une prudence. 

Sceptique

*Elle a mis fin à la peine de mort, avantage certain dans un contexte de faillibilité de la justice.

**L'observation éthologique, "in situ", montrerait que chez les grands singes, ce sont les jeunes femelles qui quittent leur groupe pour s'intégrer à un autre. C'est le contraire, plus logique, l'évitement de l'inceste mère-fils étant le noyau de ce comportement exogamique, chez les autres espèces de primates. L'évolution de nos sociétés semble se faire dans ce sens, qui serait la norme retrouvée: les garçons se choisissent une compagne, et adoptent ses us et coutumes! Le mariage arrangé d'autrefois ne résulterait que d'un comportement à cheval sur l'instinctif et le culturel, la possessivité.

*** "Mariez-vous, ne vous mariez pas, de toute façon, vous le regretterez." Sven Kierkegard.

**** Les sondages ont été favorables aux dernières outrances sécuritaires , elles mêmes réactionnelles à des faits graves et fortement médiatisés.

Note du 20 Août 2010: L'expression "franglaise" "Salles de shoot" semblant maintenant consensuelle, je l'adopte comme titre de ce billet. Mon absence d'étonnement devant le rejet, temporaire, de ce dispositif de prise en charge des toxicomanes, reste intact. "Tout de qui sera permis deviendra obligatoire" est profondément inscrit dans notre culture, sans exceptions. 

Note du 26 Août 2010: Contrairement à ce que je pensais, la profession médicale n'est pas acquise à cette approche des toxicomanes désocialisés. La "médecine profonde" est aussi conservatrice que la population prise dans son ensemble. 

 

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Commentaires
A
J'écris d'Italie, j'ai été guéri par le Dr Jekawo, un phytothérapeute traditionnel qui a guéri de nombreuses maladies comme le VIH/sida, l'herpès, le diabète, la maladie de Parkinson, la sclérose en plaques, l'hépatite et le cancer. Un de mes amis m'a dit de contacter le Dr Jekawo et après l'avoir contacté, il m'a ensuite préparé un médicament à base de plantes qui a complètement guéri mon hépatite et mon cancer de la prostate après avoir bu ses médicaments à base de plantes pendant 15 jours. Je suis tellement reconnaissante en ce moment et j'ai envie de partager ceci ici afin que tout le monde puisse être soigné par le Dr Jekawo. ses coordonnées e-mail sont : drjekawo@gmail.com il guérit tant de maladies et ils l'appellent un grand guérisseur.<br /> <br /> <br /> <br /> Merci à l'administrateur du blog.'''''''''
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S
En raison de son caractère démocratique (quand même!) notre société colle généralement à l'opinion majoritaire, davantage exprimée par les sondages et par les personnalités influentes.<br /> J'ai été surpris par un sondage effectué par le Quotidien du Médecin, montrant que les médecins étaient en majorité hostiles à ces "Salles de shoot"....comme ils l'ont été contre la contraception, l'IVG, et quelques autres innovations de la vie sociale, ou de la vie individuelle.
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E
D'une manière générale, la société prend une attitude contre tout ce qui, à ses yeux est contraire à ses valeurs explicites et implicites.<br /> Elle tente, pour maintenir sa cohérence (mot dont on voudra bien se rendre compte qu'il se dissocie en co - errance) de marginaliser et expulser de ses normes majoritaires de fonctionnement, ce qu'elle considère comme indésirable de côtoyer dans l'espace commun.<br /> Ceci permet aux dites sociétés, de maintenir leurs comportements addictifs admis (alcoolisme, tabagisme, "benzodiazépismes... et, en exagérant quelque peu : le travail, le sport etc. !)
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S
Vous avez tout à fait raison. L'opinion générale est très hostile à la toxicomanie et aux toxicomanes. Leur rejet, et celui d'autres cas sociaux: délinquants, assistés divers, est perceptible, en particulier à la campagne et dans les quartiers affectés par le trafic et les traces de la consommation.<br /> L'audace politique de la majorité au pouvoir connaît une usure certaine. Le volontarisme de l'opposition "ne mange pas de pain".<br /> La raison voudrait que de part et d'autre ces préoccupations politiciennes soient dépassées, mais à moins de deux ans d'une présidentielle...!
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G
Bonjour - ou plutôt bonsoir !<br /> <br /> Il est clair que lorsqu'on arrive à se représenter ce qu'est la problématique du toxicomane qui en est à se piquer plusieurs fois par jour, il ne fait aucun doute que cette réforme est une très bonne idée... Cependant, lorsqu'on en jamais cotoyé de personne toxicomane, que nos représentations sont formées d'images et non de réel et lorsqu'elles sont en plus filtrées par le tabou que représente la drogue... Difficile d'assimiler, à priori, la bienfaisance d'un lieu qui facilite les pratiques quotidiennes de ces 'pauvres diables'.<br /> <br /> Pour une part de la population - que j'espère réduite - la toxicomanie porte encore un peu trop le fardeau commun au SIDA, et autres maladies honteuses... La responsabilité, responsables de leurs comportements addictifs et donc de leurs états. Cette notion est difficilement attaquable chez beaucoup de gens - du moins, c'est ce que j'en perçois...
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Sceptique
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