Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Sceptique
29 août 2010

De la tolérance comme fiction (à propos de la mosquée proche de "Ground Zéro")

Une polémique inattendue au regard des relations traditionnelles de la société américaine avec les religions ("aux États-Unis, on peut avoir n'importe quelle religion. L'essentiel est d'en avoir une"), crée une fracture dans une image, à laquelle les américains semblaient tenir beaucoup.

Mais entre temps, les terribles attentats du 11 Septembre 2001, préparés et exécutés par des kamikases d'une organisation islamiste "Al Quaida", ont brisé, par leur horreur (quatre avions détournés, jetés sur les Twin Towers à New-York, et sur le Pentagone à Washington, avec leurs passagers et leur équipage, et le dernier tombé en rase campagne, à la suite de la révolte désespérée des passagers) la "tolérance" universelle de la société américaine.

Tout de suite après les attentats, les musulmans installés aux États-Unis ont vécu des moments très difficiles, enveloppés dans la même haine que les auteurs de attentats et leur commanditaire "Al Quaida", créé et dirigé par Ben Laden. Mais, en neuf ans, le deuil collectif pouvait être considéré comme fait, l'emplacement des tours détruites avait été déblayé, la cicatrice érigée en sanctuaire national. Le rapport entre les événements du 11 Septembre 2001 et les expéditions punitives de G.W.Bush contre l'Afghanistan, d'abord, puis contre un Irak qui n'y était pour rien, a perdu, dans l'esprit de la plupart des américains, sa pertinence. L'une et l'autre guerres sont mises au débit du Président Bush junior, et son successeur, Barack Obama, a été élu pour mettre fin honorablement aux deux aventures.

Il a fallu le projet d'une association cultuelle musulmane, de transformer en mosquée un immeuble proche (200 m) de Ground Zéro, pour rallumer l'incendie. Bien que l'association cultuelle porteuse du projet ne soit pas soupçonnable d'islamisme fanatique, un rejet, récupéré par les conservateurs américains, mais provenant d'une large base populaire, a pris de court la société américaine. Tout en ne voulant pas se reconnaître dans cette réaction, elle ne semble pas prête à braver les familles des victimes en imposant la réalisation du projet. Les conséquences politiques à l'échelle des États-Unis ne sont pas davantage négligeables.

Les associations d'américains musulmans semblent se draper dans leurs droits constitutionnels, et s'étonnent de ce manquement à la tolérance réputée. Mais leur innocence quant aux faits eux-mêmes ne devrait pas faire table rase du coup porté à leur religion par les auteurs des attentats. Il y a encore, et pour combien de temps, plusieurs milliers de deuils individuels à respecter. Il y a une intelligence, indépendante des lois écrites ou implicites, à mettre en actes: renoncer à ce projet. 

C'est le conseil que leur donnent les sages de l'Université Al-Azhar, autorité sunnite respectée. Ils ont perçu les dangers du projet,  et mis en garde leurs promoteurs. La tolérance, quel qu'en soit l'objet, n'est jamais qu'une fiction, un combustible pas encore allumé.

Sceptique 

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Sceptique
Publicité
Archives
Derniers commentaires
Publicité