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Sceptique
21 septembre 2010

Sciences à huis clos

 

C'est plus qu'une coïncidence, c'est un symptôme de notre société française, d'une évolution invisible, sauf pour les initiés. Initiés par quelques expériences cuisantes.

Oui, il y a un lien, entre mon analyse de la conve rsion, "hérétique ", de Bjorn Lomborg, et le débat, à huis clos, de l'Académie des Sciences, dont les cachotteries offusquent l'éditorialiste du "Monde"( du 19/20 Septembre 2010).

Mais pourquoi donc, effectivement, l'Académie des Sciences, qui compte parmi ses membres Claude Allègre, a-t-elle choisi la forme du conclave pour discuter de l'évolution du climat, à la demande de la Ministre de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche, Valérie Pécresse?

Parce qu'on est en France, mon bon monsieur( ou chère madame)! Un pays où la transparence ne paye pas, se retourne même contre ses adeptes.

Commençons par les biotechnologies. Celle des stipendiés de Monsanto. Le Journal officiel de la République Française va tirer du lit et prendre par la main les justiciers de la Nature naturellement naturelle, pour les amener là où il faut, et leur chuchoter:"c'est là, travaillez bien les petits!". Avant que le soleil soit levé, le champ expérimental est nettoyé.

Continuons par les nano-technologies. Le gouvernement avait organisé des réunions d'information pour le public. Faire participer les citoyens aux progrès de la science et de la technologie. Donner à l'une et à l'autre la caution démocratique. Ce fut un "four". Les conférenciers furent chahutés, leur voix fut couverte par les vociférations des défenseurs de la nature violée . On tenta l'expérience de la télé-conférence. Et puis, le programme fut pour de bon arrêté. Ceux qui ne voulaient rien en savoir, ne voulaient pas davantage que quiconque en sache quelque chose. Les mots OGM, nano-technologies, font grimper leurs auditeurs aux rideaux. À la prochaine tentative, ils sortiront leur revolver. Soucieux de paix civile, les politiques invoquent le principe de non-nécessité, renfort de celui de précaution.

Après ces expériences, il était logique que l'Académie des Sciences écarte le risque de se faire chahuter par les fanatiques de l'anti-science, de plus en plus nombreux, et de plus en plus décidés à faire de la France le lieu saint de la nouvelle religion. Son rapport, les arguments sur lesquels il sera appuyé, seront rendus publics. Il est difficile de cacher ce qui n'émane quand même pas d'un Service Secret. Si le rapport est mal pensant, "on" l'accusera de manipulations intéressées.

On a du mal à imaginer un retour triomphal de la raison. Le débat secret de l'Académie des Sciences est un baroud d'honneur. La République de demain n'aura plus besoin de savants. "Elle" leur rendra la vie impossible, et ils partiront se faire voir ailleurs.

Sceptique (?)

Note du 24 Septembre 2010: Le "conclave" de l'Académie des Sciences a bien eu lieu, et Stéphane Foucart, pour le "Monde" était présent pour la réouverture des portes. Selon les propos qu'il a recueillis, de participants de son choix, semble-t-il, il est encore difficile d'évaluer les conclusions. Il en ressort que les clivages s'en sont plutôt renforcés, mais cette impression repose sur la composition de l'échantillon interrogé: les climato-convaincus. Ils ont trouvé qu'ils n'avaient pas eu de temps suffisant pour exposer leurs arguments, pour répondre aux questions (stupides) des incompétents-sceptiques, pour contrebalancer la domination, numérique, des incertitudes sur les certitudes.

Toutes les nouvelles connaissances, impliquant des "changements de paradigmes"*ont fait l'objet de furieux débats entre scientifiques, avant de s'imposer par l'accumulation de preuves. Ce qui semble avoir changé, c'est l'intervention du public profane, mais imprégné d'idéologies. Ces dernières sont appelées à la rescousse des options politiques, ce qui est vraiment nouveau et inquiétant.

 * Paradigmes: parties d'une connaissance qui sont largement acceptées, tenues pour acquises par la majorité des scientifiques de la discipline concernée ( Thomas S.Kuhn). 

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