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Sceptique
23 septembre 2010

Peut-on satisfaire un économiste?

Parmi les gadgets qui font une belle carrière et arrivent à se rendre indispensables, il y a le GPS. Si vous êtes invité dans un hameau perdu du bocage normand, c'est indiscutablement utile. Votre temps de recherche est divisé par dix, le nombre d'appels par le portable pour donner votre position à votre hôte et recueillir ses dernières instructions, aussi. 

Mais les rapports de l'être humain que vous êtes, avec cette étrange petite boite qui parle comme vous, sont problématiques. Elle vous engueule sans façons. Si vous l'avez mal renseignée sur votre destination et les moyens routiers d'y parvenir, vous aurez affaire à "elle". Si des déviations qu'elle ignore vous obligent à changer d'itinéraire, il vous faudra la bousculer et la faire crier. Et s'il vous prend la fantaisie de faire un détour pour voir un site ou un monument, vous l'entendrez de nouveau."Sortez de l'autoroute !", "à 300 mètres, faites demi-tour", "attention aux limitations de vitesse !" Pour qu'elle vous foute la paix pendant une demi-heure, il faut que vous ayez été bien sage.

Pourquoi ce préambule étrange à un billet sur les économistes? Parce que je viens de m'apercevoir que les économistes fonctionnaient comme le GPS.

L'économie est une science, qui ne veut être en contradiction avec aucune science, dite "exacte". Elles doivent toutes, ces sciences, contribuer à la modélisation de l'économie. Un économiste, à partir des données disponibles, construit une suite logique adaptée, dont l'aboutissement doit être conforme à une attente. Comme le GPS, auquel vous demandez de vous guider de A à B, et qui n'est apaisé que lorsqu'il peut vous dire:"Vous êtes arrivé à destination", l'économiste livre à la cantonade les moyens imparables d'arriver à un résultat satisfaisant. Si l'utilisateur, le politique ou l'investisseur, ne parvient pas à ce résultat, c'est qu'il a dévié de la trajectoire fixée. La science économique ne peut être défaillante. Tout accident ne peut résulter que d'une faute humaine. 

Dans sa dernière chronique du "Monde" (19et20/09/2010, p.15) Pierre-Antoine Delhommais, déçu par la politique économique menée par Sarkozy, déviante de la ligne tracée(par lui, entre autres), suggère ironiquement au Président de faire entrer dans son prochain gouvernement Michel Houellebecq, qui, dans son dernier roman, excellent, croque allègrement les travers de notre société, la "connerie" minimale des êtres humains. Au constat que Pierre-Antoine Delhommais convertit en chiffres, 600.000 emplois industriels détruits en l'espace de dix ans, Michel Houellebecq, dont le pessimisme est tempéré par un fatalisme que je dirais, dans ce livre, jubilatoire, récuse (je ne suis pas encore arrivé à ce point du roman) les équations des économistes, et ne voit pas de mal à la transformation de la France en destination de tourisme, de charme, de surcroît, pour les touristes nouveaux riches, provenant des pays devenus "développés", à leur tour. "Chi lo sa?"

S'il est vrai que cette reconversion n'est acceptée par aucun politique, de quelque bord qu'il soit, en même temps aucun rassemblement de ces politiques en vue d'une marche arrière coordonnée, recréant les conditions d'une industrie résistant à la compétition mondiale, n'est possible. Ce 23 Septembre 2010, les conservateurs sont dans la rue, leur pensée magique en bandoulière. Ils proposent un retour en arrière pur et simple, "à la barbe du monde".

En regardant plus loin en arrière, je ne vois pas à quel moment de l'histoire les français ont choisi en toute indépendance leur modèle de société, envers et contre le reste du monde. La gauche d'aujourd'hui dispose-t-elle dans ses cartons d'un "jamais vu" salvateur? 

Sceptique 

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Commentaires
S
J'ai oublié de préciser que ce serait le nom du Ministère qu'il faudrait lui confier.<br /> Si vous avez raison sur le principe: ne pas s'accrocher à des industries manufacturières à faible valeur ajoutée. Mais il n'y a rien pour les remplacer. Ce n'est pas l'Éducation Nationale qui peut fournir en professionnels de nouvelles industries. Il y a vingt-cinq ou trente ans, les écoles professionnelles d'imprimerie n'enseignaient pas l'offset, ou la composition assistée par ordinateur. <br /> Je continue la lecture de Houellebecq, et je me régale.
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C
Je n'ai pas lu l'article de Delhommais, mais il me semble bizarre qu'un économiste ignore Schumpeter et en soit encore à regretter les emplois industriels ! Le tricot, la bonnetterie et les fers à béton, et pourquoi pas les fiacres et les diligences ?<br /> A propos, moi aussi j'aime beaucoup Houellebecq...
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Sceptique
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