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Sceptique
29 septembre 2010

"Qui vole un oeuf, vole un boeuf!"

Pour des raisons que tout le monde comprendra, je ne peux qu'être allusif, mais la liberté de l'information, ça joue dans tous les sens, et ce qui était hier une "violation" du secret des sources d'un journaliste devient l'affaire publique d'une fâcheuse conception des droits et devoirs d'un fonctionnaire .

Il est remarquable qu'un même phénomène, qui emprunte au vocabulaire de l'hydraulique, s'appelle "source" quand le mouvement du fluide (aqueux ou verbal) va de droite à gauche, et "fuite", dans le sens contraire. Ce malentendu sémantique n'est pas sans importance.

Concrètement, le quotidien "le Monde" semblait plus que bien renseigné sur les dessous de l'affaire Bettencourt-Woerth. Jour après jour, de nouveaux plats étaient servis, la carte était renouvelée. Le "Monde" était devenu la meilleure table (d'écoute) de Paris, à en rendre jaloux les confrères, contraints à la copie du menu du jour.

Mais voilà qu'un jour, le conseiller gastronomique ne répondit plus. La sonnerie de son téléphone résonnait dans le vide. Le maître d'hôtel en était réduit à faire servir des plats réchauffés.

La clientèle ne tarda pas à savoir que le petit jeu du conseiller gastronomique, qui piquait les recettes du restaurant de son ministère, avait été éventé. Il faudrait désormais que la carte du "Monde" se banalise, devienne à son tour la copie de celle des autres. On ne sait jamais...

Depuis des années, une partie de la presse faisait ses choux gras des révélations croustillantes qui ne venaient pas de nulle part. Pour des raisons d'opinion, et donc d'un sentiment de devoir trahir au profit du camp adverse, alors dans l'opposition, des fonctionnaires bien placés faisaient parvenir aux rédactions des documents confidentiels, sur lesquels les lecteurs se jetaient. Toute la presse ne connaissait pas la crise. On peut être sûr que les "sources" ne s'enrichissaient pas à ce petit jeu. C'était vraiment pour la "gloire (intime) et pour des prunes"!

Les "fuites"(je passe à l'autre sens) étaient donc devenues une sorte de droit patriotique, réservé cependant aux fonctionnaires civils, et aucun responsable politique n'aurait osé faire faire une "recherche de fuite" par un "plombier" de la DST.

À ma connaissance, le journaliste du "Monde" qui s'abreuvait à la "fuite" devenue "source", n'a pas été arrêté, mis en garde à vue et "travaillé"par des policiers zélés et pressants. Non, c'est au moyen d'une enquête interne; effectuée par la DCRI, qui a fait en toute discrétion, à l'insu de Madame la Ministre, le travail de localisation. Sans violence, le fonctionnaire démasqué a été prié de quitter son bureau, par lequel transitaient les affaires sensibles.

Alors, y avait-il une violation du secret des "sources" d'un journaliste, protégé par la Loi, ou opération disciplinaire purement interne? La Loi en question prévoyait-elle l'interdiction faite à la victime de faire colmater la "fuite"? 

Le changement d'attitude, de la passivité résignée à la réactivité discrète mais efficace, est-il un vrai scandale? Le tragi-comique de l'affaire, c'est qu'elle a attiré l'attention sur ce qui était un second métier de la personne mise en cause: le trafic d'influence...bénévole, simplement "narcissique", c'est sûr.

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