Élections américaines: victoire républicaine. Oui, mais?

Un journaliste renommé se demandait, hier soir, pourquoi les français, dont lui-même, s'intéressaient tant aux élections d'un pays en déclin? J'ai envie de dire, férocement, qu'entre nations en déclin, on se sent embarqués sur la même galère, sans gouvernail et avec un capitaine qui n'en peut mais.

En réalité, dans un monde en plein bouleversement, en plein remaniement des positions économiques et politiques (les premières conditionnent les secondes*), les États-Unis constituent le plus fort bastion de résistance, y compris intérieure,.aux attaques contre nos valeurs démocratiques et de paix civile. Les menaces sont assez claires, assez explicites, pour alerter les opinions. Au moment du choix décisif, à tout prendre, nous gardons l'alliance avec l'Amérique!

Ce sont les Républicains, les conservateurs, les nostalgiques de G.W.Bush qui gagnent, m'objecterez vous.

Ce n'est pas aussi simple.

Il est tout naturel, aux E.U. comme en France, qu'après deux ans de pouvoir, l'opinion se retourne**. Malgré tous ses efforts, toute la salive évaporée, Barack Obama doit payer le prix d'avoir été élu en Novembre 2008. Si nous avions le même système***, nous serions en cohabitation depuis un certain nombre de mois, et jusqu'en Mai 2012. Quelques particularités de la constitution américaine permettent que la cohabitation avec l'opposition ne se traduise pas par une inversion de la politique. Le Président peut opposer son veto à certaines lois dictées par l'opposition au pouvoir. Dans la nôtre, il me semble aussi que lors des deux cohabitations des années Mitterand, le Président refusait parfois de promulguer des lois qu'il réprouvait. Quant à la dernière, Jacques Chirac associait Lionel Jospin à la politique étrangère, mais laissait faire le gouvernement socialiste pour tout le reste. Pas si mal joué que ça, si on pense au premier tour d'Avril 2002.

Ce sur quoi les analystes de ces élections américaines insistent, c'est la fracture interne du Parti Républicain entre une aile modérée et une aile d'extrême droite, réactionnaire, intolérante, et prosélyte. Les élus de cette aile seront inexpérimentés, et porteront des idées inapplicables. Ils seront sans doute vite neutralisés par la collusion des politiciens de métier, rivaux, mais collègues respectueux des bonnes manières. La conclusion largement partagée, c'est que l'existence du (ou des)Tea Party(s), va plutôt favoriser Barack Obama, pour la poursuite de son mandat.

Sceptique

*Sauf pour l'Union Européenne, qui ne dispose pas d'un poids politique correspondant à son poids économique. Son influence politique dépend à tout instant de la bonne entente des dirigeants des nations qui la composent.

** C'est la bonne raison pour laquelle les extrémistes de tous bords haïssent le système démocratique. Pour les autres, il n'est que désespérant.

***Nous ne l'avons pas, heureusement!